L’ancien chef de gouvernement italien Silvio Berlusconi a retrouvé vendredi 11 septembre le président russe Vladimir Poutine en Crimée, pour boire du vin et rendre hommage aux soldats italiens morts sur place à la fin du XIXe siècle.

Il s’agit de la première visite d’un ancien chef de gouvernement européen sur ce territoire ukrainien, annexé en 2014 par la Russie. En juillet dernier, dix parlementaires français avaient déjà fait ce voyage, s’attirant les foudres de l’Ukraine qui a placé ces élus sur la liste des personnes interdites d’entrée sur son territoire.

Le vin de Massandra

Cette annexion de la Crimée, en mars 2014, avait déclenché une série de sanctions de l’Union européenne contre la Russie. Bruxelles a notamment décrété l’interdiction pour des sociétés présentes en Europe d’investir dans les activités touristiques en Crimée et placé plus d’une centaine de personnalités russes sur une liste noire.

L’ancien premier ministre italien, semblant faire peu de cas de la position des Européens, s’est malgré tout rendu dans les caves de Massandra, légendaire producteur de vin de Crimée et passé l’an dernier aux mains d’entreprises publiques russes.

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Accompagné de Vladimir Poutine, Silvio Berlusconi a également déposé une gerbe de roses rouges au pied d’un monument dédié à la mémoire des soldats italiens tués pendant la guerre de Crimée, de 1853 à 1856.

Vladimir Poutine et Silvio Berlusconi entretiennent une relation ancienne. En juin, le chef de l’État russe avait rendu visite au « Cavaliere » dans sa résidence romaine, profitant dune visite en Italie durant laquelle il avait rencontré le pape.

Silvio Berlusconi a toujours soutenu la position russe dans la crise ukrainienne, dénonçant les sanctions prises par l’UE contre Moscou, et y voyant « un retour à la guerre froide ».

La « pire violation du droit international » depuis 1945

De leur côté les Européens continuent de dire qu’ils souhaitent voir la Russie quitter la Crimée. « L’annexion de la Crimée fut la plus importante violation du droit international depuis la fin de la seconde guerre mondiale », a ainsi commenté José Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne qui se trouvait samedi 12 septembre à Kiev, dans le cadre du YES Forum (Yalta European Strategy), un sommet annuel qui se tenait régulièrement en Crimée, et qui a depuis deux ans été transporté dans la capitale ukrainienne.

Lors de ce même forum, le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a lancé un appel aux chefs d’état occidentaux pour les mettre en garde contre toute tentation de lever les sanctions contre la Russie. « Si vous envoyez des signaux variables à Vladimir Poutine, c’est de la faiblesse, c’est le moyen de le soutenir dans son agression contre l’Ukraine », a-t-il lancé.

« Ce n’est pas le langage qu’il comprend. Les sanctions ne peuvent être levées que dans un seul cas : si les accords de Minsk sont entièrement mis en œuvre, et si Donetsk, Lougansk et la Crimée nous sont rendus », a-t-il ajouté.

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Cet appel intervient alors que les ministres allemand, russe, ukrainien et français des Affaires étrangères devaient se retrouver, ce samedi soir, à Berlin afin de faire le point sur l’application des accords de Minsk, et alors qu’une certaine accalmie semble s’être installée sur la ligne de front, à l’est de l’Ukraine.