Inna Shevchenko, chef de file des Femen en France, parlant à la presse au palais de justice de Paris, le 9 juillet 2014

Des Femen ont été rouées de coups par le service d'ordre, a twitté Inna Shevchenko ce dimanche. (Photo d'illustration)

afp.com/Thomas Samson

Expulsion sans ménagement de Femen au salon de la femme musulmane à Pontoise. Les militantes féministes, qui ont interrompu samedi soir une manifestation dans le Val-d'Oise, ont été violemment arrêtées par la sécurité.

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Peu avant la fermeture du salon, vers 20h30, "deux Femen sont montées sur la scène, habillées de djellabas qu'elles ont enlevées avant d'être prises en charge par le service de sécurité du salon et remises à la police", a expliqué une source policière. Les deux femmes ont été "entendues samedi soir" et "nous allons poursuivre l'enquête et les auditions pour savoir ce qui s'est passé", a indiqué le parquet de Pontoise, précisant que leur garde à vue avait été "levée dans la nuit" et que les organisateurs du salon avaient annoncé leur intention de déposer plainte.

La page Facebook du salon musulman du Val-d'Oise a posté dimanche un message déplorant cette intrusion.

Le "Salon au féminin", "édition inédite du Salon musulman du Val-d'Oise", précise le site de la manifestation, fait l'objet d'une pétition mise en ligne sur change.org, réclamant son interdiction et dénonçant la présence parmi les invités de "prédicateurs fondamentalistes (...) connus pour avoir légitimé le viol conjugal".

"Rouées de coups de pieds"

Inna Shevchenko, porte-parole des Femen à Paris a mis en ligne une vidéo (à visionner ici) dans laquelle on peut voir des hommes arriver sur scène et expulser les deux militantes. Une d'elle, à terre, est rouée de coups de pieds.

Un journaliste de Buzzfeed a aussi filmé la scène sous un autre angle:

Les "deux imams étaient en train de parler de la question de savoir s'il faut battre ou non sa femme", quand les deux militantes âgées de 25 et 31 ans, sont montées sur la scène, a raconté Inna. Elles ont crié, en arabe et en français, des slogans qui étaient peints sur leurs seins et leur dos: "personne ne soumet, personne ne me possède, je suis mon propre prophète", a-t-elle ajouté, précisant que les deux jeunes femmes étaient d'origine algérienne et tunisienne.

Or selon BuzzFeed ce lundi, le prédicateur Medhi Kabir était en fait en train "de demander aux musulmans d'avoir un comportement exemplaire avec les femmes", "de suivre le modèle du prophète", qui ne "tapait jamais sa femme" et qui ne "se faisait pas servir", en concluant: "Nous voulons des musulmans et des musulmanes qui se comportent comme s'est comporté le prophète..."

Aussitôt, des "sales putes, il faut les tuer" ont fusé dans la salle et une "quinzaine d'hommes ont sauté sur la scène et leur sont tombées dessus", selon la version d'Inna Shevchenko, reconnaissante à l'égard de la police qui est intervenue très vite pour les protéger.

Un salon très controversé

Dans une tribune publiée le 10 septembre sur le Huffington Post, la journaliste indépendante Isabelle de Kersimon et coauteure de Islamophobie, la contre-enquête, avait fait la liste des propos polémiques de plusieurs intervenants au salon, tenus à d'autres occasions. Liens des conférences en vidéo à l'appui, elle rappelle notamment les déclarations de l'imam de la mosquée de Brest, Rachid Abou Houdeyfa sur le voile islamique. Ce dernier remarque: "Si la femme sort sans honneur, qu'elle ne s'étonne pas que les hommes abusent de cette femme-là."

Des propos tenus par le passé par un autre intervenant, légitimant le viol conjugal cette fois-ci, ont été soulignés par l'initiateur de la pétition qui avait reçu près de 6000 signatures ce dimanche à la mi-journée. Nader Abou Ana, imam de la mosquée Al Imane du Bourget et président de l'association D'Clic déclare dans des vidéos visibles sur YouTube: "Le soir, il a un besoin, il a une envie, elle lui dit non, et elle ment en lui disant je suis fatiguée, je peux pas, je suis ci, je suis cela, et l'homme il craque [...] et bien qu'elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable". Ou encore: "Voilà la femme vertueuse, c'est celle qui obéit à son mari"; "Restez dans vos demeures, ça c'est la base".

"Mais samedi, pas trace de ce discours", souligne le journaliste de Buzzfeed, qui a passé la journée sur place.

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