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Crise migratoireBardés de diplôme et sur les routes de l'exil

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Simonetta Sommaruga, présidente de la Confédération, demande que des mesures soient prises pour éviter que des masses de réfugiés périssent en mer. Elle plaide notamment pour que des centres d'accueil de réfugiés doivent être installés en Afrique du Nord. (Lundi 20 avril 2015)
Une embarcation bascule dans la mer au large des côtes libyennes. Le cliché a été pris par les gardes-côtes italiens. (Dimanche 29 mai 2016)
Un homme enroulé dans une couverture sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 15 avril 2015. Le pape François et le patriarche de Constantinople Bartholomée se sont rendus sur l'île le 16. (Vendredi 15 avril 2016).

Loin de la pauvreté extrême, nombre des dizaines de milliers de migrants et de réfugiés frappant aux portes du vieux continent étudiaient à l'université ou disposaient d'un bon travail avant d'être jetés sur les routes de l'exil.

C'est particulièrement le cas pour les Syriens, dont le pays disposait d'un des meilleurs systèmes éducatifs du Proche-Orient avant le chaos de la guerre civile, soulignent les autorités et spécialistes européens de l'immigration, des réfugiés eux-mêmes ou les associations qui les aident.

«Les Syriens sont en quête d'un endroit où ils puissent retrouver la qualité de vie dont ils bénéficiaient avant le conflit», explique Arezo Malakooti, experte du cabinet Altai Consulting, qui collabore avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations unies.

Niveau de vie relativement élevé

«La Syrie ressemblait beaucoup à un pays d'Europe avant la guerre, avec un niveau de vie relativement élevé et une population plutôt éduquée. Bien sûr, il y avait des pauvres, mais en général, le pays détonnait dans la région», affirme-t-elle.

Avant de débarquer cette semaine sur l'île grecque de Lesbos, Mohammed al-Taweel était ingénieur informatique à Damas. «Il n'y avait plus rien que je puisse faire dans mon pays pour moi et mon avenir». A 24 ans, il rêve de retrouver en Europe un travail d'ingénieur, mais s'attend à avoir besoin de nouveaux diplômes.

En Allemagne, 78% des Syriens arrivés dans le pays entre janvier 2013 et septembre 2014 étaient issus «des classes moyennes voire supérieures», avec un solide bagage éducatif, selon l'office fédéral de l'immigration et des réfugiés.

Ces chiffres, «supérieurs à ceux des autres pays», constituent «une bonne précondition pour (leur) intégration», même s'il reste à franchir la double barrière de la langue et de la reconnaissance des diplômes, estime-t-il.

Forces motrices de la société

«Le médecin syrien est une exception», a tempéré cette semaine la ministre allemande du travail, Andrea Nahles, rappelant aussi qu'une large part des arrivants en Europe est démunie et sans diplômes.

Mais une autre enquête récente de l'administration allemande, auprès de réfugiés engagés dans la recherche d'un travail, fait état de candidats «motivés et appliqués». «Dans leur pays d'origine, ces gens faisaient partie des forces motrices de la société et en Allemagne, ils n'ont aucune envie de vivre des aides sociales ", souligne le document.

«Je suis surpris lorsque je parle avec des Syriens qui sont là depuis six mois et que nous pouvons bien nous comprendre en allemand», a commenté Joachim Walter, un élu local du parti chrétien-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel.

De nombreux Afghans tentent aussi de gagner l'Europe. Ceux qui quittent leur pays, affecté par la pauvreté et l'illettrisme, n'y étaient pas toujours les plus mal lotis, relève Arezo Malakooti.

Métiers sous-qualifiés

A Lesbos, Fayiq Abubakar, 18 ans, parti de Mazar-e-Sharif, la quatrième ville d'Afghanistan (nord), dit y avoir été dans «l'un des trois meilleurs lycées». Il espère étudier la finance et le commerce international en Allemagne.

Mais après avoir bravé les dangers de la Méditerranée ou de la mer Egée, surmonté l'hostilité des populations ou des policiers, Fayiq, Mohammed et d'autres courent aussi le risque d'amères désillusions dans leurs futures terres d'accueil.

«Ce n'est pas parce que vous avez le statut de réfugié que le parcours du combattant s'arrête. Au contraire», avertit Fatiha Mlati, responsable de France terre d'asile, une association d'aide aux demandeurs d'asile et réfugiés.

«C'est très complexe d'accéder à la santé, aux droits sociaux, à la reconnaissance de diplômes (...) Les gens hyperdiplômés vont penser que cela va être simple, or ils vont pour la plupart devoir passer par des métiers sous-qualifiés. Et pour ceux qui sont en bas de l'échelle des qualifications, s'ils cumulent avec cela des problèmes linguistiques, cela va être très long».

ats