Régionales : le PS enterre le front républicain

Cette fois, la campagne des régionales a vraiment commencé. Et la possibilité de voir le FN emporter une ou deux régions échauffe les esprits. Interrogé lundi matin par « Libération », Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a écarté toute idée de désistement ou de fusion d’une liste PS arrivée troisième aux élections régionales avec la liste Les Républicains (LR) arrivée devant elle pour battre le FN.

Pour Jean-Christophe Cambadélis, ce cas de figure n’est pas possible compte tenu des « déclarations extrémistes » de plusieurs candidats LR. Il cite notamment Xavier Bertrand (Nord-Pas de Calais Picardie) et Christian Estrosi (Paca), tous deux candidats dans deux régions où le FN peut l’emporter. Marine Le Pen est candidate dans le Nord et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen en Paca.

« Les déclarations extrémistes de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand sur les réfugiés empêchent désormais le Front républicain », a déclaré Jean-Christophe Cambadélis.

« Le même discours »

Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, est sur la même ligne. « Il n’est pas question de compter sur cette attitude sur la gauche aux élections régionales. [...] Nous voyons un certain nombre de candidats face au Front national qui tiennent le même discours que le Front National, je pense notamment à Monsieur Estrosi », a -t-il déclaré sur LCP.

Selon France Info, l’hypothèse de fusionner les listes du PS et de LR en vue de battre le FN au second tour a été évoquée par « un ministre influent ». « Le ministre anonyme qui propose la fusion suicide au 2e tour des régionales avec Estrosi ou Bertrand, soit il se nomme, soit il se la ferme », a réagi Jean-Christophe Cambadélis sur Twitter.

« Un ministre c’est là pour travailler publiquement, pas pour affirmer des inepties anonymement », a estimé par le même biais Claude Bartolone, candidat PS en Ile-de-France.

Cette hypothèse n’est pas exclue par tous les cadres socialistes. « Si au soir du premier tour, on constate qu’il y a dans un certain nombre de régions un risque sérieux que le Front national l’emporte, il faut envisager cette hypothèse », a réagi le député socialiste de Paris Christophe Caresche sur France Info

Marine Le Pen, qui n’a de cesse de dénoncer « l’UMPS », en a évidemment profiter. « Les Republicains et le Parti Socialiste pensent à fusionner entre les deux tours. Rien que d’y penser, c’est déjà un terrible aveu ! », a-t-elle déclaré sur Twitter.

Le désistement au second tour d’une élection pour battre le FN avait déjà été contesté par plusieurs cadres socialistes, notamment après l’échec du PS lors de la cantonale partielle de Brignoles dans le Var (remportée par le FN en 2013), mais jamais aussi directement par un premier secrétaire.

« Treize régions, donc treize campagnes »

« Le PS n’a pas décidé d’abandonner en toute hypothèse le vote républicain », a néanmoins estimé Christophe Borgel, responsable des élections au PS, interrogé par l’AFP. « Mais dans les deux régions où la question peut éventuellement se poser - si tant est qu’elle se pose - les positions des têtes de listes LR sapent toute possibilité d’un vote républicain », précise-t-il.

« On a treize régions, donc treize campagnes. On ne peut pas forcément appliquer le même principe (du Front républicain), automatiquement, mécaniquement, partout », nuance aussi le député PS Alexis Bachelay, qui concède que « le PS avait auparavant une position plus systématique, plus automatique ».

« Ce n’est pas parce que vous arrivez troisième que vous êtes obligés de vous retirer. Si vous arrivez troisième au soir du 1er tour et qu’avec l’apport des deux autres listes PC et Verts vous avez une dynamique qui vous permet d’être devant, c’est autre chose », affirmait, cet été Manuel Valls, sur ce sujet.