France TV : la perte pourrait quintupler en 2016
Le groupe public s'attend à un déficit de 50 millions d'euros en 2016. Un plan d'économies est en préparation.
Par Marina Alcaraz
La rentrée de Delphine Ernotte n'est décidément pas de tout repos. L'un de ses premiers chantiers sera sans doute d'endiguer le creusement du déficit de France Télévisions. Dans une lettre adressée aux administrateurs, révélée par « Le Figaro », la nouvelle présidente explique que le déficit prévisionnel pour 2016 serait de l'ordre de 50 millions d'euros, « malgré la prise en compte d'hypothèses d'économies ». La perte serait donc quintuplée par rapport aux estimations pour 2015 (10 millions d'euros). 2016 va donc marquer la quatrième année d'affilée dans le rouge. En 2014, dernier exercice publié, la perte s'élevait à 38,4 millions d'euros.
Selon nos informations, ce chiffrage a été réalisé il y a quelques mois et il était connu de Delphine Ernotte avant son arrivée à la tête du groupe audiovisuel. Le rapport Schwartz, publié en mars, évoquait déjà un « effet de ciseau » entre ressources et charges, qui « amènerait l'entreprise, toutes choses égales par ailleurs, dans une situation non soutenable financièrement, avec un résultat négatif atteignant rapidement plusieurs dizaines de millions d'euros ».
Comment expliquer un tel creusement ? Dans ce courrier, Delphine Ernotte précise que « compte tenu des hypothèses budgétaires communiquées par l'actionnaire [l'Etat, NDLR], les ressources publiques pour France Télévisions seraient au mieux stables en 2016 par rapport à 2015. Au regard par ailleurs de l'évolution du marché publicitaire, on peut considérer, si ce schéma était confirmé, que les ressources globales de l'entreprise diminueraient en 2016 ». La prévision d'une perte de 50 millions d'euros repose donc sur l'hypothèse de concours publics stables, autour de 2,5 milliards d'euros. Ces ressources publiques représentent l'essentiel du chiffre d'affaires du groupe. En 2014, elles s'élevaient à 2,486 milliards d'euros, contre 358 millions pour la publicité et parrainage.
Cette lettre intervient juste après l'arbitrage du gouvernement sur la redevance. Toutefois, les ressources précises affectées à l'audiovisuel public et donc à France Télévisions ne seront connues qu'au moment de la publication du projet de loi de finances dans deux semaines. L'heure est actuellement aux discussions entre l'Etat et France Télévisions, pour élaborer le contrat d'objectifs et de moyens, avec des données chiffrées plus précises pour les prochaines années.
Une stratégie à repenser
Pour Delphine Ernotte, il faut « repenser la stratégie globale » et reposer « la question de la capacité du groupe à remplir l'ensemble de ses missions », dans le cadre de la discussion qui va s'engager avec l'Etat actionnaire. « Sans attendre, j'ai demandé à l'ensemble des équipes de préparer un plan d'économies, à l'exclusion de tout nouveau plan de départ », précise la présidente de France Télévisions. Dans un autre message adressé aux salariés cette fois, elle confirme cet engagement de ne pas « mettre à mal l'équilibre social ». Seul le plan de départs volontaires déjà en cours avant son arrivée, portant sur 340 postes, se poursuivra jusqu'à fin 2015.
Delphine Ernotte a sans doute en tête le précédent Mathieu Gallet, qui avait dû subir au printemps la plus longue grève de l'histoire de Radio France, pour cause de crispations sociales sur fond de restructuration.
Marina Alcaraz