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Le vin bio sans le soufre

[Bouche-à-oreille] Chaque semaine, JP Géné déjeune avec des personnalités de l’univers de la gastronomie. Quatre défenseurs du vin propre opposés aux nouvelles directives européennes se mettent à table au Di Vino, un restaurant italien du 16e arrondissement de Paris.

Publié le 08 septembre 2015 à 13h51, modifié le 15 septembre 2015 à 11h18 Temps de Lecture 3 min.

Ils sont quatre. Jérôme Van der Put, journaliste belge, auteur de Vin bio, mode d’emploi, (Jean-Paul Rocher, 2006) ; Martin Schultes, Italo-Allemand, ancien assistant parlementaire européen travaillant pour différentes ONG ; Philippe Mesnier, Français, spécialiste de la réglementation viticole européenne, vigneron en Touraine et Olivier Paul-Morandini, Italo-Belge, lobbyiste citoyen et « apprenti-vigneron » sur la côte toscane.

Quatre défenseurs du vin propre, qui ne se satisfont pas des nouvelles directives européennes pour la vinification bio, entrées en vigueur en août 2012. Elles permettent en effet une quarantaine d’additifs et de manipulations diverses (usage de levures, de copeaux de chêne, osmose inverse, préparations enzymatiques…) et autorisent le soufre (SO2) à hauteur de 100 mg/litre pour les rouges et de 150 mg/litre pour les blancs.

Olivier Paul-Morandini et Philippe Mesnier m’attendaient au déjeuner dans l’un des rares restaurants ouverts dans le désert dominical du 16e arrondissement, Di Vino, où la pizzetta maison à la truffe noire, le vitello tonnato et les lasagnes au ragoût de veau cuit sept heures sont d’excellente facture. Ces amoureux du vin qui se sont rencontrés au hasard des salons ou des conférences ne sont pas de dangereux révolutionnaires partant à l’assaut de la forteresse bruxelloise.

Une démarche pour aider le consommateur

« Notre objectif n’est pas de stigmatiser l’institution européenne, mais avant tout d’offrir une meilleure transparence au consommateur pour qu’il puisse faire son choix en disposant de toutes les informations. » Familiers des rouages de l’administration communautaire, ils ont pris prétexte de la décision de la Commission européenne, en juin, de réviser la réglementation bio dans son ensemble, pour proposer deux amendements concernant le vin à propos des sulfites et des levures.

Les vendanges à Lancié dans le Beaujolais.

« Pour les sulfites, la contre-étiquette devra préciser la quantité de 50 mg/l en 50 mg/l, jusqu’à la limite maximale autorisée pour le vin biologique, donc de 0 à 50, de 50 à 100 et de 100 à 150 et celle-ci devra, en outre, indiquer Ajout de levures lorsqu’un vin aura subi cette intervention au cours de la vinification. » Ces deux modifications de la directive européenne relative aux vins biologiques seront soumises avant la fin de 2015, par l’intermédiaire du député socialiste belge Marc Tarabella, à la commission agriculture au Parlement européen, à Strasbourg. Si celle-ci les accepte, elles seront, ensuite, présentées devant la Commission, à Bruxelles.

“Notre démarche est positive et doit porter vers le haut la qualité du travail fourni par les vignerons”

« Si la proposition n’est pas retenue, elle viendra devant l’Assemblée à Strasbourg, et alors qu’il suffit de 40 députés pour qu’elle passe en commission, nul doute qu’elle en rassemblera plusieurs centaines sur les 751 réunis en séance plénière. Qui va refuser et avec quels arguments que le consommateur puisse lui-même mesurer le niveau de sécurité de ce qu’il va mettre sur sa table ? Qui va oser aller contre ça ? », s’interroge Olivier Paul-Morandini.

« Nous ne sommes pas dans une situation où l’on veut empêcher les industriels de produire comme ils en ont envie. En revanche, il convient de les empêcher d’utiliser un signe qualitatif distinctif – le bio. Si vous êtes entre 20 et 30 mg ou entre 130 et 150 mg de sulfites pour un blanc, ce n’est pas la même chose. En termes de dégustation, d’émotion et de tenue du vin certainement. Alors, laissons à chaque dégustateur le droit de choisir quel type de vin il désire boire. »

Nos quatre mousquetaires ne sont pas des dogmatiques et se fixent avant tout un but pédagogique et démocratique, préférant s’adresser au citoyen plutôt qu’au consommateur. « Notre démarche est positive et doit porter vers le haut la qualité du travail fourni par les vignerons qui n’utilisent pas tous les produits autorisés et qui, d’ailleurs, ne mettent pas le logo bio européen la feuille verte avec les étoiles sur leurs bouteilles. » Et pourquoi pas, à terme, une nouvelle catégorie mentionnant simplement : vin sans intrants.

jpgene.cook@gmail.com

Pour en savoir plus sur cette initiative, Transparencyorganicwine.org

Di Vino, 1, place de Mexico, à Paris 16e. Tél. : 01-45-53-89-79.

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