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ÉDITORIAL

Syrie : pourquoi Moscou a gagné la partie

Le Kremlin a remporté son bras de fer contre les Occidentaux. Son allié Bachar al-Assad est désormais considéré par tous, au minimum comme un mal nécessaire face au seul véritable ennemi : l’organisation de l'État islamique.

Le président russe Vladimir Poutine, allié du dictateur syrien Bachar al-Assad.
Le président russe Vladimir Poutine, allié du dictateur syrien Bachar al-Assad. Mikhaïl Klimentyev, AFP
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Le ministre français de la Défense a été parfaitement clair : "Notre seul ennemi c’est Daech [autre nom pour l'organisation de l'État islamique, en arabe], Bachar al-Assad est l’ennemi de son peuple". Comprenez : ne comptez pas, ou plus sur nous pour œuvrer à renverser le sanguinaire dictateur. Bien sûr, il continue de souhaiter son départ, "le plus tôt sera le mieux", mais cela relève d’un vœu pieux un tantinet hypocrite. Du reste, François Hollande ne parle plus que de le "neutraliser". On se perd en conjectures quant à ce que cela peut bien vouloir dire concrètement.

Car la réalité du terrain est impitoyable : la rébellion "démocratique", c’est à dire non islamiste, est quasiment anéantie. Les quelques escouades entrainées par la CIA sont introuvables. Face à Assad, seul s’illustre le Front al-Nosra, affillié à Al-Qaïda. Et surtout le régime continue sa politique de bombardements aveugles sur la population civile.

On l’a dit, c'est il y a 4 ans qu’il fallait aider les rebelles. Mais à l’époque on avait peur que les armes qui leur seraient livrées ne passent côté islamiste et qu’elles se retournent contre l’Occident. On a vu la suite. Des armes, il est toujours possible d’en trouver quand on a des alliés. Et les islamistes en ont. Même si parfois certains font mine d’être de notre côté.

Puis il y eu l’EI qui a profité du désastre irakien, particulièrement dans les zones sunnites. Aujourd’hui l’aviation des États-Unis les bombarde. Demain ce sera celle de la France. Mais il n’est pas question d’intervenir au sol, ce qui serait la seule manière de les vaincre complètement. Mais pour mettre quoi ou qui à leur place ? C’est toujours le même dilemme. Seuls les Arabes sunnites ont la possibilité (et le devoir sans doute) de se dresser devant les jihadistes. Et le moins qu’on puisse dire est qu’ils manquent singulièrement de résolution pour ne pas dire de courage.

À défaut de pouvoir détruire l’EI, au moins doit-on le contenir. Cela a réussi à Kobané grâce à l’appui aérien et aux combattants kurdes. Rien n’a pu être fait pour sauver le patrimoine de Palmyre, faute sans doute de combattants. On parle depuis des mois d’une éventuelle offensive pour reprendre Mossul, en Irak.

Aujourd’hui, l’armée régulière syrienne paraît affaiblie. Assad lui-même a commencé à le reconnaître. La Russie a donc envoyé des renforts pour consolider sa base de Tartous sur les bords de la Méditerranée et sans doute préparer un repli du régime dans le pays alaouite, au cas ou Damas serait menacé.

Cette fois les pays de l’Otan ne bronchent pas. S’il faut choisir entre un coup de main à Assad, au besoin donné par les Russes, et voir l’EI s’installer dans la capitale syrienne, le choix est vite fait. Il va donc falloir se réconcilier avec Moscou. Et, oui, laisser Bachar al-Assad tranquille. Les Russes nous l’avaient dit, lorsque nous faisions pression pour qu’ils lâchent leur allié : face au terrorisme vous n’avez pas d’autre choix que d’être avec nous. Il y a 4 ans Moscou parlait de tous les rebelles comme de terroristes. Nous n’avons rien fait pour aider ceux qui se battaient pour une alternative démocratique et ce que disait Poutine il y a 4 ans est devenu une triste réalité.

C’est cette réalité que fuient d’ailleurs des millions de Syriens qui n’ont plus aucun espoir chez eux. Nous les avons trompé une première fois en leur laissant croire que nous étions à leurs côtés. À présent nous les décevons une deuxième fois en leur montrant, malgré les discours de circonstance, qu’ils ne sont pas bienvenus chez nous.

En face, la Russie n’est guère bien placée pour nous donner des leçons de morale. Mais en matière de cohérence politique nous avons sans doute beaucoup à apprendre d’elle.
 

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