Défi budgétaire pour les universités avec l'afflux d'étudiants

Des étudiants en sciences s'installent dans l'amphithéâtre le jour de la rentrée, à l'université de Caen dans le Nord-Ouest de la France, le 14 septembre 2015
Des étudiants en sciences s'installent dans l'amphithéâtre le jour de la rentrée, à l'université de Caen dans le Nord-Ouest de la France, le 14 septembre 2015 © AFP - CHARLY TRIBALLEAU

Temps de lecture : 3 min

Avec 65.000 étudiants supplémentaires inscrits à l'université, la rentrée est délicate pour les établissements du supérieur, qui restent dans l'incertitude concernant leur budget.

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Cette "explosion démographique dont il faut se réjouir" pose "des défis considérables", a reconnu mercredi sur iTÉLÉ le secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur, Thierry Mandon.

"C'est pour ça qu'on s'est battu et qu'on a déjà obtenu que le budget 2016 soit épargné" contrairement à "la plupart des budgets", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse avec la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem. Il a dit espérer "même un peu plus" que l'an passé.

Les arbitrages de budget étant en cours, le gouvernement ne devrait annoncer les budgets aux universités qu'à la fin du mois.

Les universités sont d'ores et déjà inquiètes: après un premier prélèvement l'an passé de 100 millions d'euros sur leurs fonds de roulement, elles redoutent de nouvelles baisses de dotations qui ne leur permettront pas de faire face à l'afflux d'étudiants.

Cette année, le nombre d'étudiants ayant rejoint les bancs de l'université a augmenté de 65.000 (+2,8%), portant à plus de 2,5 millions le nombre total d'étudiants inscrits dans le supérieur.

"Les universités sont au bout du rouleau parce que chaque année le nombre d'étudiants augmente de plusieurs dizaines de milliers", a expliqué à l'AFP le président de la Conférence des présidents d'université (CPU) Jean-Loup Salzmann.

"C'est comme si on devait créer deux universités par an, de la taille de celles de Tours ou Dijon", a-t-il ajouté, relevant qu'"il manque déjà 300 millions d'euros" si le budget 2016 est équivalent à celui annoncé en 2015.

- 'Choix douloureux' -

La situation oblige des universités à fermer certaines filières faute de moyens, selon des organisations étudiantes, ou à baisser "le volume horaire des formations", d'après le syndicat Sgen-CFDT (personnel).

Des étudiants en sciences s'installent dans l'amphithéâtre le jour de la rentrée, à l'université de Caen dans le Nord-Ouest de la France, le 14 septembre 2015 © CHARLY TRIBALLEAU AFP
Des étudiants en sciences s'installent dans l'amphithéâtre le jour de la rentrée, à l'université de Caen dans le Nord-Ouest de la France, le 14 septembre 2015 © CHARLY TRIBALLEAU AFP

"Les universités ont une autonomie... et donc l'autonomie cela veut dire que ce sont elles qui sont responsables de l'allocation des moyens" et donc "de leur choix en matière d'offre de formation et de modalités pédagogiques qui les accompagnent: est-ce qu'on ouvre un TD (travaux dirigés) ou est-ce qu'on les ferme", a répondu Najat Vallaud-Belkacem.

"Si on nous dit qu'il n'y a pas d'argent, il nous faudra alors faire des choix qui seront douloureux", prévient Jean-Loup Salzmann.

"Le gouvernement a du mal à prendre la mesure de ce qu'implique une telle évolution démographique", déplore William Martinet, président de l'Unef (premier syndicat étudiant).

"On ne peut pas répondre à cette affluence en se contentant d'améliorer la procédure APB" (le portail d'inscription pour la plupart des formations du supérieur), ironise le leader syndical.

Cet été, les organisations étudiantes, soulagées de la stabilité des droits d'inscription, avaient dénoncé une hausse du coût de la vie (+1,1% par rapport à 2014, selon l'Unef) et un risque accrû de "précarisation" des étudiants.

La Fage (deuxième organisation étudiante) et des syndicats du supérieur (Sgen-CFDT et SNPTES) se retrouvent jeudi pour faire un point.

Après trois années marquées par des réformes, cette rentrée est celle des bilans: sur la caution locative étudiante (CLé, dispositif d'aide au logement pour les étudiants mis en place l'an dernier), les fusions et associations d'universités (les "Comue", instaurées par la loi dite Fioraso de juillet 2013, qui entrent en vigueur cette année), le statut d'étudiant-entrepreneur, et l'augmentation du nombre d'étudiants étrangers.

Les réformes importantes ont été menées pendant les trois premières années, l'heure est maintenant à la "consolidation", explique-t-on du côté du ministère.

Mais, dans un rapport rendu public mercredi, la Cour des comptes propose d'ouvrir un nouveau chantier polémique: elle préconise de réformer le régime d'aide au logement des étudiants, en leur demandant de choisir entre le versement des aides personnalisées au logement (APL) et le rattachement au foyer fiscal parental.

16/09/2015 18:32:32 - Paris (AFP) - Par Ambre TOSUNOGLU - © 2015 AFP