A Cergy, "on a été accueillis en diplomates, pas en réfugiés"

Temps de lecture : 3 min

Ils sont partis d'Irak sans rien, en tenant leurs deux enfants par la main. Ali et Tahrir sont arrivés en France après un mois d'errance. A l'aube de leur "nouvelle vie", ils racontent la "joie" de vivre dans un pays où ils se sentent accueillis "en diplomates".

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Ali Merkath, 33 ans, a toujours un peu mal au bras, souvenir de son passage mouvementé en Hongrie. Et quand il évoque le long périple d'un mois et demi entre son village irakien et la France, ce père de famille a les yeux remplis de larmes.

Seule l'évocation du présent lui redonne le sourire: "On est très très bien ici, on se sent en sécurité. On ne pensait pas être accueillis de cette façon", confie à l'AFP, en arabe, cet ancien fonctionnaire d'une chaîne de télévision irakienne hébergé depuis le 9 septembre à la base de loisirs de Cergy (Val-d'Oise).

Ali, sa femme Tahrir Alfathli et leurs enfants Nabaa et Abdullah, 13 et 6 ans, sont parmi les premiers à avoir été accueillis en France après une étape à Munich. La France s'est en effet engagée à ramener d'Allemagne en urgence un millier de réfugiés pour soulager ce pays.

Dans la chambre 33, au premier étage du centre d'hébergement de cet immense lieu de loisirs d'Ile-de-France qui accueille depuis une semaine une centaine de réfugiés, ils ont créé leur cocon: une petite table pour boire le thé, une armoire, deux lits superposés et des piles de jouets.

Sur le lit de Nabaa, jolie brune aux cheveux longs, un nounours avec "I love you" écrit dessus. Sous celui de son petit frère Abdullah, des rollers tout neufs, des figurines et des voiturettes.

"On a été accueillis en diplomates, pas en réfugiés", poursuit Ali, décrivant la "surprise totale" ressentie à sa descente du bus. "On a eu un accueil incroyable, une visite médicale, des informations pour scolariser les enfants. On nous a rhabillés de la tête aux pieds puis on a eu une clé, celle de notre chambre".

- Selfie avec le président -

Une semaine après son arrivée, cette famille apprécie d'avoir retrouvé son intimité et dit ressentir "une joie qui n'a pas de limites".

Irak, Turquie, Grèce, Macédoine, Serbie, Hongrie, Autriche, Allemagne... La liste des pays qu'elle a traversés dans des conditions d'accueil très inégales est longue. Mais, malgré de pénibles trajets en bateau, train ou bus, des nuits passées à la belle étoile en mangeant peu et d'interminables heures de marche avec les enfants, elle dit ne rien regretter.

En Irak, "on se sentait condamnés, alors on s'est dit: +on va tenter+. Je préférais voir mon enfant marcher 10 ou 12 heures, que d'être égorgé dans notre pays", explique Tahrir, 34 ans, la tête couverte d'un chapeau.

Pour mieux "ouvrir une nouvelle page", elle dit n'avoir emporté aucun souvenir de sa vie passée mais prier pour "la paix" et ses proches restés en Irak.

"Au fur et à mesure des jours, on voit leurs visages se détendre, sourire", constate Abdallah Rguigue, bénévole du Secours catholique et interprète qui côtoie la famille depuis son arrivée.

Samedi, Ali et Tahrir ont pu s'entretenir avec le chef de l'État, venu rendre visite aux réfugiés de la base de loisirs. "On n'aurait jamais pensé rencontrer un jour le président de la France", dit fièrement Ali, en faisant défiler sur son smartphone ses selfies avec François Hollande.

Il raconte lui avoir demandé si tous les réfugiés avaient les mêmes droits. Le président lui aurait répondu qu'il aurait les mêmes droits que lui, une fois son droit de séjour en France accordé.

Le couple, qui a entamé les démarches pour obtenir le droit d'asile, espère pouvoir être bientôt inséré et apprendre le français. "Je veux que mes enfants puissent aller à l'école et revenir en paix. Que je puisse aller au travail et rentrer chez moi le soir, comme tous les pères".

17/09/2015 07:54:47 - Cergy (AFP) - Par Jessica LOPEZ ESCURE - © 2015 AFP