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Police-Justice

Puteaux: les 102 lingots d'or de la maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud

La maire de Puteaux Joëlle Ceccaldi-Raynaud, le 10 juin 2015.

La maire de Puteaux Joëlle Ceccaldi-Raynaud, le 10 juin 2015. - Stéphane de Sakutin - AFP

En 2011, Le Canard Enchaîné révélait que Joëlle Ceccaldi-Raynaud, la maire Les Républicains de Puteaux, disposait d’un compte non déclaré au Luxembourg. Selon Mediapart, l’édile l’aurait fait vider en 2008-2009 via plusieurs retraits de cash et de 102 lingots d’or.

102 lingots d’or et 865.300 euros de cash, pour une valeur totale de 2,86 millions d’euros à l’époque (plus de 3,2 millions aujourd'hui). Selon des documents dévoilés par Mediapart jeudi, c’est le butin qu’a fait retirer entre 2008 et 2009 la maire Les Républicains de Puteaux Joëlle Ceccaldi-Raynaud d’un compte non déclaré dont elle disposait au Luxembourg.

L’enquête de Mediapart s’appuie sur les relevés du compte, domicilié chez la banque Rotschild, transmis à la justice par le Grand-Duché. Le compte, passé au nom de sa fille, a ainsi progressivement été vidé à partir de novembre 2008, jusqu’à sa clôture en avril 2009. Quelque dix allers-retours auraient été nécessaires. "Un ou plusieurs individus non identifiés se sont rendus dix fois au Luxembourg accomplir la besogne. (...) Le solde, soit 2 millions d’euros, a été retiré sous forme de 102 lingots d'or, le plus souvent par paquets de vingt ou trente", explique le pure player.

Or, souligne Mediapart, "ces opérations ne collent pas avec les explications de la maire de Puteaux". Entendue comme témoin assisté dans une enquête sur des soupçons de malversations financières, Joëlle Ceccaldi-Raynaud a affirmé devant le juge que les fonds qui se trouvaient sur son ancien compte ont été transférés par sa fille Emilie Franchi sur un compte dans une autre banque luxembourgeoise, avant d’être rapatriés par virement dans un établissement français.

L’existence de ce compte avait été révélée par Le Canard Enchaîné en octobre 2011 - l’édile aurait d’ailleurs demandé à ses équipes de racheter tous les exemplaires du journal satirique dans sa ville à sa parution. Le palmipède expliquait que Joëlle Ceccaldi-Raynaud avait ouvert un compte au Luxembourg en 1996 sur lequel elle a déposé "20 millions de francs".

"Un héritage de grand-mère"

La justice a été alertée sur l’existence de ce compte par Charles Ceccaldi-Raynaud, son père, avec qui Joëlle est en conflit ouvert. Mis en examen pour corruption en 2007 dans le cadre d’une instruction judiciaire ouverte à Nanterre pour corruption et abus de biens sociaux liée à l'attribution d'un marché par le syndicat intercommunal de chauffage urbain de la Défense (Sicudef) à la société Enerpart, l’ancien député-maire de Puteaux a en effet écrit plusieurs fois au juge d’instruction de l’époque pour mettre sa fille en cause. "Je vous communique des informations que j’ai recueillies de ma fille elle-même, dans des moments de panique. (…) Se doutant que je vais vous informer, Joëlle Ceccaldi est en train de faire vider son compte au Luxembourg", avait-il dénoncé, assurant que c’est elle qui a "touché" pour le marché de La Défense en 2001.

Laurent Gimel, l’un des associés de la société Enerpart, évoque selon Mediapart 759.202 euros de pots-de-vins versés pour obtenir ce marché de chauffage.

Comment Joëlle Ceccaldi-Raynaud explique-t-elle l’origine des fonds se trouvant sur le compte qu’elle a ouvert au Luxembourg, sur lequel les enquêteurs ont repéré quatre versements suspects en 2000 et 2001? "Un héritage de grand-mère", avait affirmé dans le bureau du juge la maire de Puteaux en août. L’élue, qui pointe les accusations "mensongères" de son père, nie par ailleurs formellement avoir été impliquée dans ce marché et avoir reçu de l’argent. Pourtant, d'après Mediapart, les enquêteurs n’ont pas trouvé de trace dudit l’héritage.

Au total, depuis l’ouverture de l’enquête en 2002, cinq juges d’instruction se sont succédé dans l'affaire du chauffage de la Défense. Il n’a pas prouvé que des dessous de table aient alimenté le compte de Joëlle Ceccaldi-Raynaud au Luxembourg. Le dossier a déjà été clôturé à deux reprises et à chaque fois la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a ordonné sa réouverture. A ce jour Charles Ceccaldi-Raynaud reste mis en examen, tandis que Joëlle est simplement témoin assisté.

V.R.