Faut-il vermifuger l'humanité en masse ?

L'Ascaris lumbricoides, un ver intestinal, est l'une des infections humaines les plus courantes dans le monde entier

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L'université de Stanford, aux Etats-Unis, demande à l'Organisation Mondiale de la Santé de faire plus pour le déparasitage intestinal. Mais l'OMS affirme qu'une telle mesure de sa part pourrait alimenter la résistance aux traitement de ces vers, responsables d'infections.

Pour l'instant, la stratégie de l'OMS est de se concentrer sur les enfants en âge d'aller à l'école dans les zones de haute prévalence.

Pour les chercheurs, il faudrait élargir ces traitements aux communautés entières.

Des vers dans le ventre

Les vers parasites affectent un quart de la population mondiale.

Ils sont transmis par des oeufs, contenus dans les selles de personnes infectées et qui contaminent la nourriture ou les réserves d'eau.

Les personnes atteintes d'infections légères ont peu ou pas de symptômes. Mais lorsque les vers commencent à se multiplier dans les intestins, ils provoquent de la malnutrition, des diahrrées et des douleurs abdominales.

Un ver plat, que l'on trouve communément en eau douce, comme dans les lacs ou les rivières, provoque une maladie appelée schistosomiase ou bilharziose qui peut entraîner une détérioration graduelle de la vessie, des reins, du foie et de la rate.

Le sympathique Ankylostome s'accroche à l'intestin en utilisant ses dents

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Déparasiter, rentable d'après les chercheurs

Les chercheurs de Stanford ont cherché à calculer le coût du déparasitage avec un exemple: la Côte d'Ivoire.

Le pays est fortement touché par ce genre d'infection parasitaire.

Les scientifiques ont calculé le prix du traitement mis en relation avec ses bénéfices, en utilisant un instrument appelé "années de vie ajustées sur l'incapacité", qui permet de mesurer les années de vie perdues à cause des maladies.

D'après leurs calculs, publiées dans la revue The Lancet, protéger toutes les communautés par déparasitage coûterait environ 150 euros (environ 100 000 FCFA) par personne et par an.

Une opération rentable, affirment-ils.

Mieux vaut "guérir que prévenir"

Mais l'OMS a répondu à l'exhortation, en affirmant qu'elle n'avait pas l'intention de changer de stratégie.

Son argument: cibler plus de gens risque d'entraîner le développement d'une résistance aux traitements.

"Cela pourrait promouvoir la sélection des vers résistants, comme cela s'est produit dans la parasitologie vétérinaire. La répétition de la même erreur sur l'humain devrait être évitée", a indiqué un porte-parole de l'organisation.

42% des enfants à risque

Sur l'année 2013, ce sont 368 millions d'enfants qui ont été traités avec des médicaments vermifuges dans les pays endémiques.

Cela correspond à 42% des enfants à risque.

L'objectif global est de traiter régulièrement au moins 75% de tous les enfants dans les zones endémiques.