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Politique

Pour Emmanuel Macron le statut de la fonction publique n'est "plus adéquat"

Après avoir mis le feu à son camp en remettant en cause les 35 heures, le ministre de l'Economie s’en prend désormais au sacro-saint statut de la fonction publique. Une nouvelle bombe que Hollande a voulu désamorcer immédiatement. 
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Emmanuel Macron assure qu'il n'a pas critiqué les 35 heures au Medef.
Emmanuel Macron assure qu'il n'a pas critiqué les 35 heures au Medef.
(c) AFP

Cela saute aux yeux: ce qui anime le bouillonnant ministre de l’Economie, c’est le débat d’idées. Le long terme. Il se moque avec une certaine espièglerie du petit jeu prudent des équilibres politiciens. Son moteur? La volonté de trouver un chemin de gauche pour produire plus d’égalité, et plus d’efficacité, sans se contenter de la facilité qui consiste à toujours dépenser plus. Le désir de faire émerger une nouvelle gauche, à la façon de Tony Blair en son temps. L’ambition de sortir le pays de la spirale infernale: plus de dépenses, plus de déficits, plus de dettes.

Vendredi 18 septembre au matin, Emmanuel Macron était invité par le think tank de gauche, En temps réel, à développer sa réflexion sur le sens d’une politique de gauche. Au cours de cet échange, il a livré certaines clés. Sa solution, ou plutôt son levier? Ouvrir l’économie aux outsiders, et faire sauter les verrous qui protègent les insiders, grâce à des rentes, à des monopoles, à des statuts… C’était le sens de la loi Macron 1. Cela nécessite de faire sauter nombre de tabous et de bousculer certains acquis. De droite mais aussi de gauche. Pour s’attaquer aux rentes, moderniser, ouvrir aux exclus…. Et au passage, il s’en est pris au sacro-saint statut de la fonction publique, dont il a déclaré qu’à ses yeux, il n’était plus "adéquat".

Répondant à une question de Challenges sur la timidité de la réforme de l’Etat, il a commencé par rappeler l’effort entrepris par l’exécutif pour contenir la dépense publique, soulignant au passage que Nicolas Sarkozy, lui, avait laissé un déficit record. "Il n’a pas fait du thatchérisme, il l’a mimé, a-t-il ironisé. Il n’a pas touché aux droits sociaux, et il a augmenté la dépense publique !" Et le ministre a conclu en affirmant que pour aller au-delà de cette maîtrise des déficits publics, il faudrait réformer le statut de la fonction publique pour un certain nombre de missions qui ne le justifient pas. Un sujet que même la droite aborde avec une extrême prudence, provoquant, à chaque fois des haut-le-cœur à gauche ! D'ailleurs, François Hollande n'a pas tardé à réagir. Profitant d'une remise de décoration à un fonctionnaire territorial à Tulle, dans son fief corrézien, le Président a affirmé haut et fort son attachement au statut de la fonction publique

Le concept "insiders-outsiders"

Remettre en cause le statut des fonctionnaires est un tabou largement aussi puissant que celui des 35 heures. Emmanuel Macron a, là encore, brandi son concept "insiders-outsiders", et défendu la nécessité d’une "mise en flux". "Il faut réfléchir. Ce n’est pas une idée de droite". Précisant : "Je ne vois pas ce qui justifie que certains cadres de mon ministère bénéficient d’un emploi garanti à vie, et pas le responsable de la cyber sécurité d’une entreprise..." En octobre 2013, alors qu’il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, il avait déjà évoqué cette question, dans une interview à Mediapart, mais de manière plus elliptique: "La gauche ne peut plus raisonner en termes de statuts. La société statutaire où tout sera prévu va inexorablement disparaître." Et plus concrètement, dans la loi Macron 1, figurait un article qui visait à supprimer le statut pour certains postes de la haute fonction publique, mais cette mesure a été sans doute jugée trop audacieuse par le gouvernement!

Emmanuel Macron estime qu’il y existe deux gauches en France, "celle qui veut gouverner et celle qui ne veut pas gouverner". Et pour lui, jusqu’à présent, l’exécutif  a réussi à éviter la confrontation grâce à ce qu’il a appelé "l’ambiguïté créatrice".  Faire sans vraiment dire. Mettre en œuvre des réformes grâce à une certaine agilité technocratique, au détriment d’une vraie approche pédagogique. Mais cette posture est arrivée à un point de rupture. "Ne pas dire, ne pas expliquer le monde est un handicap." Et de toute façon, désormais, "les ambiguïtés ne couvrent plus les différences!"

Certes ce levier "insiders-outsiders" n’est pas facile à manier politiquement, car, comme l’a fait remarquer Emmanuel Macron, les insiders protestent avec force, alors que les outsiders, eux, ne se font pas entendre car leurs nouveaux droits ne sont pas constitués ! Mais à ses yeux, il n’y a pas d’autre choix, car "on est à la limite de la réforme paramétrique."

Et le ministre fait ce constat lucide: "Attention il y a un vrai risque, que la politique soit le porte-voix des insiders et n’innove plus." Ce qui ferait, bien entendu, le jeu des extrêmes. 

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