Nellie Oleson La petite maison dans la prairie

Alison Arngrim incarnait Nellie Oleson dans la célèbre série américaine "La petite maison dans la prairie".

Stéphane Godard

Le journal municipal de Béziers n'en finit plus de susciter la polémique. Après avoir détourné, à la une du dernier numéro, une photo de migrants appartenant à l'AFP, Robert Ménard choque une nouvelle fois. Dans cette même publication, le maire de la ville prône une vision passéiste de la France en s'appuyant sur une photo de la célèbre série américaine La petite maison dans la prairie. Jusque là passé inaperçu, le cliché a été repéré jeudi par des internautes qui l'ont ensuite relayé sur Twitter.

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Celui-ci est accompagné d'un article faisant l'éloge des valeurs traditionnelles et conservatrices de la famille Ingalls. "Chez les Ingalls, ça file droit! Quand Charles a fini de couper son bois, sa femme Caroline a déjà dressé la table et les bons petits plats mijotent avec amour. Du côté des filles, on fait sa prière avant le dodo, et on écoute les parents sans broncher", peut-on notamment lire.

Alison Arngrim connaît parfaitement la série et les valeurs qu'elle véhicule. Et pour cause, elle incarnait Nellie Oleson, la petite peste blonde. L'actrice américaine, aujourd'hui âgée de 53 ans, parcourt désormais la France avec ses spectacles* Confessions d'une garce de la prairie et La malle aux trésors de Nellie Oleson. Interrogée par L'Express, elle réagit aux propos de Robert Ménard et évoque sa vision des familles françaises qu'elle côtoie lors de ses tournées.

Comment réagissez-vous à la récupération de cette photo et des valeurs de La petite maison dans la prairie?

La femme soumise, les bons petits plats, les enfants parfaits... Cela m'a beaucoup fait rire! Mais je n'étais pas vraiment surprise. Comme Robert Ménard, beaucoup de politiciens aux Etats-Unis aimeraient revenir à l'époque de La petite maison dans la prairie et retrouver les valeurs prônées par la série, celles de la famille, de l'honnêteté, du travail, du respect envers les parents. Ils considèrent que cette époque était beaucoup plus simple.

Il faut bien garder à l'esprit que tout le monde aime La petite maison dans la prairie. Droite, gauche, extrême droite, extrême gauche, Républicains, Démocrates, libéraux... Chacun y trouve son compte, hommes politiques comme anonymes. Saddam Hussein et Ronald Reagan étaient de grands fans, alors qu'ils n'avaient rien à voir. En même temps, qui s'opposerait à ce genre de valeurs?

Etes-vous flattée ou vexée par cette récupération?

Aucun des deux. Il ne parle pas de moi directement alors ça ne me dérange pas outre mesure.

Les propos tenus dans l'article sont-ils fidèles à l'esprit de la série?

Oui en ce qui concerne les valeurs traditionnelles comme la famille ou le respect, mais il oublie de nombreuses choses. La petite maison dans la prairie prône également le vivre ensemble, l'égalité, la tolérance, l'acceptation de l'autre peu importe son origine ou sa religion. Dans un épisode de la saison 7 par exemple, il y a une manifestation pour le droit des femmes. Caroline [la femme de Charles Ingalls, NDLR] n'hésite pas à dire les choses à son mari, elle n'est pas du tout soumise, loin de là. A l'époque, ma mère, puis moi, tenions un hôtel, nous étions de véritables business women.

Tous ces éléments ne sont pas évoqués par Robert Ménard dans son article. Il ignore certainement que Michaël Landon [Charles Ingalls, NDLR] était juif. En fait, la série était très moderne.

Selon vous, Robert Ménard a-t-il raison lorsqu'il dit que ces valeurs sont en déclin aujourd'hui?

Sur ce point là, je dirais oui. Le monde aujourd'hui va très vite, trop vite. Avec Internet et les réseaux sociaux notamment, il y a beaucoup plus d'hostilité et de violence qu'avant. Les valeurs de La petite maison dans la prairie devraient être un modèle pour chacun. Elles sont tout à fait compatibles avec la société actuelle.

Comme lui, êtes-vous nostalgiques de ces valeurs?

J'essaie de les conserver, principalement celles du travail et de l'entraide. Je m'y emploie tous les jours. Dans mon spectacle, je parle tout le temps de La petite maison dans la prairie. Participer à cette série a été une véritable chance, une très bonne expérience pour commencer dans la vie. Dès mon plus jeune âge, j'ai acquis les valeurs essentielles. Pour conserver cet esprit, j'ai choisi de ne jouer mes spectacles que dans des petites communes de France, c'est dans ce genre d'endroit que je retrouve l'ambiance de la série.

Quelles sont, selon vous, les valeurs de la famille Ingalls dont nous devrions nous inspirer aujourd'hui?

Ils se parlent. Il y a une grande communication entre les membres de la famille. Ils ne sont pas assis devant la télévision. Personne ne garde des secrets. Quand il y a un problème, ils en discutent sans attendre.

Vous parcourez la France depuis plusieurs années, comment percevez-vous les familles françaises lors de vos spectacles?

C'est drôle parce que les Américains idéalisent les familles françaises. Ils pensent que les enfants sont plus respectueux envers leurs parents. J'ai une très bonne image des familles françaises. Après mes spectacles, je reste toujours discuter et échanger avec les spectateurs, ce sont toujours de bons moments. Les gens viennent en famille. Je les trouve très unies.

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