Recyclage : le «upcycling» transforme les déchets en objets design

 

Luminaire bucolique, issu de coupes de gazon synthétique, fabriqué par Reversible.
Luminaire bucolique, issu de coupes de gazon synthétique, fabriqué par Reversible.
(Crédit photo : Reversible)

    Face à l’amoncellement de leurs déchets, certaines entreprises offrent aujourd’hui à des designers le soin d’imaginer une seconde vie à leurs rebus. Les créateurs redoublent alors d’idées pour créer des objets uniques, réalisés à partir de tout ce qui était autrefois destiné à la poubelle.

    « Les déchets sont devenus nobles, on les transforme dorénavant pour en faire des objets d’art », explique Inès Peyret, auteure du

    , paru aux éditions du Dauphin.

    Le spécialiste des sols Gerflor, par exemple, qui en avait assez de jeter ses chutes de lino, a contacté la société Reversible, cofondée à Lyon par la designer Marie Imberton. Celle-ci a créé une gamme de produits issus de 7 matériaux de base que sont les sols vinyle, les sacs de café en jute, les ballons de basket, les bâches publicitaires en PVC, le gazon synthétique, le textile ou la maille. Poufs, luminaires, corbeilles à linge ou à papier, coussins, sets de table sortent tout droit de son incroyable imagination et viennent donner une touche d’originalité à nos intérieurs.

    Des bâches publicitaires en PVC pour des objets du quotidien qui reprennent de la couleur.

    Plus audacieux encore, Xavier Degueldre, designer branché « seconde vie » à la tête de la société Kart by Degueldre, qui recycle en fauteuils les chariots de supermarché voués à la casse. En plus de travailler sur la symbolique d’un déchet généré par notre société de consommation, il offre à ces vieilles carcasses des nouveaux looks très tendance que les grands hôtels comme le Pullman de Singapour ou le Sofitel des Maldives commencent à s’arracher… mais qui peuvent aussi trouver place dans les salons ou les jardins des particuliers, adeptes de la couleur et de l’originalité.

    Une nouvelle vie de luxe pour nos chariots de supermarché imaginée par Kart by Degueldre.

    Enfin, last but not least, la prestigieuse maison Hermès qui, sous l’impulsion de Pascale Mussard, ancienne codirectrice artistique de la marque et nièce de l’un de ses présidents, Jean-Louis Dumas, est entrée dans la danse du upcycling. Pour celle qui n’a cessé depuis qu’elle musarde dans les ateliers de mettre de côté « tout ce qui pouvait servir » au lieu de jeter, la création de « Petit h » en 2010 sonne comme une victoire. « La créativité et l’innovation sont nos leitmotive, assure-t-elle, car ce n’est pas l’objet en lui-même qui est important, c’est le chemin parcouru… »

    Depuis, grâce au talent et à l’imagination de « designers invités », les carafes en cristal présentant un défaut se transforment en luminaires, les chutes de cuir s’entrelacent pour devenir des ronds de serviette ou des colliers, les morceaux d’assiettes décorées deviennent des pendentifs… autant d’objets ressuscités que la créativité a embellis.

    Aucun souci de conscience à unir le nom d’Hermès à l’idée de recyclage, bien au contraire… Avec « Petit h », jamais la marque n’a autant été fidèle à ses principes : « Le luxe, c’est ce qui se répare » a-t-on toujours clamé dans les couloirs de la maison.