Pour son avant-gardisme.L’excentricité visuelle de la showgirl a fait des émules : Lady Gaga, Miley Cyrus et Brigitte Fontaine, qui la surnomme la « reine du dance-floor ». Mais dans son livre*, la diva balance sur ses followeuses. « Les modes et les tendances reviennent sans cesse et [on] t’ordonne de les suivre […] : “Sois comme Sasha Fierce […], deviens comme Rihanna, Lady Gaga, Rita Ora ou Sia. Ou comme Madonna !” […]. Mais elles se comportent déjà comme moi je le faisais. J’ai tellement été copiée par ces filles qui ont engrangé des fortunes que les gens pensent que je suis riche. » Grace, elle, n’hésitait pas à casser les codes, passant du disco à des expérimentations reggae, dub et house qui sonnent encore résolument (post) moderne aujourd’hui.

 

Pour la nostalgie d’une époque. Grace incarne l’exubérance flamboyante de la fin des 70’s et des 80’s. Des performances ultra-sexuelles et charismatiques dans des clubs gays (le Sept de Fabrice Emaer, à Paris) et au Studio 54, à New York, ainsi qu’une carrière de mannequin débutée à 18 ans en font une icône de l’anticonformisme… Elle a joué les muses pour Issey Miyake, Kenzo, Keith Haring, Warhol, Alaïa, Goude, a été coloc de Jerry Hall et Jessica Lange. Témoignage du glamour décadent de la période : en 1978, elle assure le show d’inauguration du Palace dans une salle comble qui lui arrache ses costumes. Yves Saint Laurent et Loulou de la Falaise lui prêtent de quoi se couvrir. Classe.

 

Pour sa vie privée tumultueuse. Du haut de son mètre soixante-dix-neuf, l’ex-James Bond girl aura fait tourner bien des têtes. Jean-Paul Goude, rencontré en 1979, l’a façonnée, lui a donné un fils et l’a fait poser en cage : « Une atteinte à la dignité des femmes », selon la ministre Yvette Roudy. En 1982, Grace craque pour un jeune playboy suédois bodybuildé, champion de karaté, Dolph Lundgren. Quatre années turbulentes suivront avec l’acteur, dont restera une mythique photo nue signée Helmut Newton. Rien n’est jamais perdu.

 

* « I’ll Never Write My Memoirs », de Grace Jones et Paul Morley (Gallery Books). En librairie le 29 septembre (traduction française prévue en mars 2016).