Sur le Nisshin-Maru, trois cadavres de baleines de Minke gisent sur le pont. Plus loin, le sol est recouvert de sang et des restes d'un quatrième animal, probablement de la même espèce, qui vient juste d'être dépecé. Quelques marins sont en train de nettoyer la scène. Pour les baleiniers japonais, partis du port de Shimonoseki (sud-ouest du pays) début décembre 2013, la chasse est de nouveau ouverte.
Ces images ont été filmées dimanche 5 janvier depuis un hélicoptère de l'ONG Sea Shepherd, qui lutte depuis une dizaine d'années contre les baleiniers japonais. Ses militants affirment avoir surpris la flotte japonaise près des îles Balleny, sur le cercle polaire antarctique, au cœur du sanctuaire baleinier de l'océan Austral, une aire marine de 50 millions de km² dans laquelle toute pêche commerciale à la baleine est bannie.
« EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES »
Depuis, les trois navires de Sea Shepherd ont donné la chasse à la flotte japonaise sur près de 600 km, la repoussant au nord du 60e parallèle, en dehors du sanctuaire. « Il n'y a pas eu de contact direct », assure Bob Brown, président de la branche australienne de Sea Shepherd, qui coordonne l'opération. Confrontés aux militants écologistes, les baleiniers choisissent le plus souvent la fuite : « Ils veulent éviter qu'on prenne des images honteuses d'eux », explique l'ancien sénateur des Verts.
Cet épisode n'est que le début d'un jeu de cache-cache entre les deux flottes qui devrait durer jusqu'en mars, quand la fin de l'été austral rendra impossible la pêche dans ces mers. Le Nisshin-Maru et les autres vaisseaux japonais repiqueront sans doute vers le sud dans les prochains jours, espérant échapper à la vigilance des militants de Sea Shepherd et se donner ainsi le temps de pêcher d'autres baleines.
Les confrontations entre l'ONG et les chasseurs ont parfois tourné à l'affrontement violent ces dernières années, sans faire de victime, mais avec l'utilisation de canons à eau, le jet de fumigènes ou d'acide butanoïque (substance non toxique, mais très malodorante) ou encore la dégradation des propulseurs des bateaux.
Pour justifier l'envoi de ces baleiniers, le Japon affirme qu'il s'agit d'expéditions scientifiques, non concernées par le moratoire sur la pêche à la baleine. Selon Tokyo, les recherches ainsi menées permettraient de mieux connaître les baleines et d'améliorer leur protection. Mais l'ampleur de cette pêche – l'objectif est de capturer jusqu'à 935 baleines de Minke et jusqu'à 50 rorquals d'ici au mois de mars –, la mise à mort systématique des individus et la commercialisation de leur viande mettent en doute cet objectif. « La prétendue pêche scientifique à la baleine du Japon n'est pas du tout scientifique », a jugé lundi Murray McCully, ministre néo-zélandais des affaires étrangères.
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