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Concours de professeur des écoles : les académies qui sélectionnent le plus

En 2014, le taux de réussite au concours a varié de 15 % à 63 % selon les académies. Des résultats qui dessinent la carte de France des territoires les plus attractifs et les plus répulsifs pour les candidats.

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Publié le 17 septembre 2015 à 17h42, modifié le 21 septembre 2015 à 17h18

Temps de Lecture 3 min.

Des écoliers effectuent un exercice de lecture au sein de  l'école élémentaire Plan de la Cour, à Vitrolles, le 27 août 2012.

Le taux de réussite au concours de professeurs des écoles dépend-il de l’ensoleillement de l’académie visée ? Alors que les inscriptions pour la session 2016 ont débuté, les statistiques de l’édition 2015, publiées par le ministère de l’éducation nationale, permettent de mesurer combien le sésame pour enseigner s’avère difficile à obtenir dans certaines académies, et bien plus facile dans d’autres.

Lors de la session 2015, en moyenne, 38 % des candidats au concours externe effectivement présents aux épreuves ont été reçus. Mais le taux de sélectivité est très variable selon les académies. Est-ce leur statut d’insulaire ? En Corse ou à la Réunion, sur 100 candidats, seulement une quinzaine ont obtenu de retourner à l’école pour y enseigner. Les portes étaient grandes ouvertes dans les académies de Créteil et Versailles : ces rectorats ont accepté plus de 63 % des candidats.

Notre carte de France du taux de réussite par académie, ci-dessous, est coupée par une diagonale qui va de Rennes à Menton. Au Sud, celles où au moins quatre candidats se présentent pour chaque poste ; au Nord, celles qui suscitent un moindre engouement. Les banlieues parisiennes constituent un cas particulier : elles recrutent énormément, en raison de leur forte démographie, sans susciter un intérêt proportionnel des candidats.

La carte du ratio entre candidat présents au concours externes et candidats admis , en 2015, dans chaque académie

Pour recruter suffisamment de professeurs des écoles en prévision de la rentrée 2015, le concours habituel, organisé par l’ensemble des académies de France, n’a d’ailleurs pas suffi à attirer suffisamment de candidats pour pourvoir les 1 540 postes ouverts à Créteil. Un concours « supplémentaire », ouvert aux candidats des autres académies, a dû être mis en place pour assurer qu’il n’y aurait pas de classes sans professeurs à la rentrée de septembre. A noter que ce concours exceptionnel n’a pas été pris en compte dans notre carte.

L’académie de Créteil peine à recruter

« La Seine-Saint-Denis n’est pas un territoire attractif, résume Isabelle Guigon, secrétaire départementale du syndicat UNSA éducation. La vie est chère, les transports sont peu pratiques, les conditions d’enseignement peu enviables. Confrontés à une misère sociale et intellectuelle, les enseignants doivent jouer les rôles d’infirmier, de psychologue…. Bref, l’académie de Créteil a peu d’argument à faire valoir pour attirer des vocations au sein de l’éducation nationale, malgré une démographie galopante. Il reste au rectorat à jouer sur la sélectivité du concours d’enseignant. »

« Il est clair que le concours est plus accessible dans les académies qui ont de la peine à recruter, comme par exemple celle de Créteil. C’est mécanique », confirme Sébastien Sihr, secrétaire général du Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et PEGC (SNUipp).

Quelle note faut-il obtenir au concours pour enseigner dans une école élémentaire ? Au sein de l’académie de Montpellier, qui fait partie des académies les plus sélectives, « un candidat qui a en dessous de 14 de moyenne n’est pas reçu, affirme Isabelle Guigon. En comparaison, à Créteil, en 2014, des enseignants ont été recrutés avec une moyenne de 5. » En 2015, la moyenne du dernier candidat admis serait montée à 10, selon la syndicaliste. Mais aucun des 470 candidats retenus en liste complémentaire, et dont certains ont été appelés dès la rentrée pour assurer des remplacements dans les classes, n’aurait obtenu la moyenne.

« Tourisme de titularisation »

Quelle est la note à partir de laquelle un jury accepte qu’un candidat enseigne ? Le ministère de l’éducation nationale se garde de répondre. « L’objectif d’un concours n’est pas d’attribuer une note, mais de sélectionner les meilleurs candidats. Dans ce cadre, la note a peu de signification », élude un conseiller ministériel, tout en se gardant d’avancer un chiffre.

Néanmoins, la plus grande facilité d’obtenir un poste dans certaines académies n’est pas sans conséquence. Elle engendre une forme de « tourisme de titularisation » : « Après avoir échoué dans leur académie en province, de nombreux candidats viennent passer le concours à Versailles ou à Créteil. L’admission en Ile-de-France en poche, ils espèrent qu’elle leur servira de visa pour retourner chez eux », expose Isabelle Guigon.

La stratégie consistant à passer le concours dans une académie alors qu’on veut rapidement la quitter s’avère risquée. En faisant valoir un « rapprochement de conjoints », il faut compter « quatre ou cinq ans à dans l’académie de Créteil », estime isabelle Guigon. « Plus de 500 enseignants de l’académie sont séparés de leur famille et ne parviennent pas à obtenir leur mutation », met en garde Sébastien Sihr.

Si l’on considère la situation du côté des élèves et des familles des académies les moins sélectives, au moindre niveau des professeurs débutants s’ajoute un turn-over plus important qu’ailleurs.

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