ETA (Euskadi ta Askatasuna, pour Pays basque et liberté) est « décapitée, démantelée », a affirmé mardi 22 septembre le ministre de l’intérieur espagnol. La police espagnole avait, en effet, annoncé plus tôt avoir arrêté, en collaboration avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française, deux chefs politiques de l’organisation séparatiste basque, David Pla et Iratxe Sorzabal.
L’opération, baptisée « Pardines », du nom du premier garde civil assassiné en 1968 par ETA, José Antonio Pardines Arcay, s’est déroulée dans un gîte rural de Saint-Etienne-de-Baïgorry, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle a permis l’arrestation de deux autres etarras — membres d’ETA — également présents sur les lieux. L’un est le propriétaire du gîte, Pantxo Florès, et l’autre un militant nationaliste basque, fils de réfugié espagnol, Ramuntxo Sagarzazu. Tous deux résident en France, mais leur nationalité exacte reste à établir.
La perquisition du gîte était toujours en cours mardi en début de soirée. Des faux papiers et des armes, « l’équipement habituel des etarras », ont été découverts sur place. Les quatre personnes arrêtées vont être placées en garde à vue, qui peut durer jusqu’à 96 heures en matière de terrorisme, avant un probable transfert vers le parquet de Paris. Le ministre de l’intérieur français, Bernard Cazeneuve, a salué « une coopération extrêmement étroite entre les services de police de nos deux pays ».
Recherchés en France et en Espagne depuis plusieurs années
David Pla et Iratxe Sorzabal, tous deux membres du « comité exécutif » d’ETA, ont été présentés par le ministre de l’intérieur espagnol comme « les dirigeants politiques les plus importants d’ETA et les plus recherchés ». Leur arrestation s’ajoute à de nombreuses autres au sein de l’organisation depuis l’accord franco-espagnol de coopération antiterroriste signé en 1987, qui donnent régulièrement l’occasion au gouvernement espagnol de se vanter d’avoir « décapité » l’organisation.
Iratxe Sorzabal Diaz n’est pas inconnue de la justice. A 43 ans, l’ancienne porte-parole de 1997 à 1999 de Gestoras, un mouvement de soutien aux prisonniers basques, a déjà été condamnée à plusieurs reprises à de la prison en France ces dernières années pour son appartenance à ETA. Membre du commando Ibarla dans les années 1990, elle est soupçonnée d’avoir participé à de nombreux attentats et plusieurs assassinats. Elle était « recherchée depuis au moins dix ans » par les justices française et espagnole, d’après les sources policières citées par l’AFP.
David Pla, 40 ans, vivait, quant à lui, « dans la clandestinité depuis 2011 », selon les mêmes sources.
Une enquête pour « crimes contre l’humanité » ouverte en juillet
Selon le quotidien El Pais, ce sont eux qui avaient annoncé, le 20 octobre 2011, « l’arrêt définitif des actions armées » d’ETA. Le 20 octobre 2011, l’organisation classée « terroriste » par l’Union européenne et les Etats-Unis, avait, en effet, annoncé qu’elle renonçait à la violence, après plus de quarante ans de lutte armée, période durant laquelle elle aurait fait huit cent vingt-neuf morts.
En mai, ETA avait toutefois rejeté un nouveau plan de désarmement présenté par le gouvernement régional basque espagnol. Quelques jours plus tard, des dizaines d’armes et des kilos d’explosif appartenant à l’organisation avaient été découverts dans une villa de Biarritz. En juillet, une enquête visant ETA pour « crimes contre l’humanité » a été ouverte en Espagne, après la plainte de plusieurs associations de victimes d’assassinats et d’enlèvements.
De sources policières des deux côtés des Pyrénées, on estime que l’organisation clandestine compte aujourd’hui moins d’une trentaine de membres, tous les autres (environ 455) étant détenus en Espagne et en France. Le seul dirigeant connu d’ETA encore dans la clandestinité est Josu Ternera, âgé de 64 ans.
ETA réclame depuis 2011 une négociation sur ses prisonniers en échange de sa dissolution. Mais, comme l’a rappelé mardi le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, sur Twitter, Madrid refuse toute concession : « Il n’y a qu’une voie pour ETA : sa dissolution inconditionnelle. »
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