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Coupe du monde de rugby : le XV de France définitivement orphelin de son « french flair »

Avec le forfait de Yoann Huget, les Bleus, qui affrontent mercredi la Roumanie, devront apprendre à rester compétitifs sans leur meilleur joueur.

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Publié le 21 septembre 2015 à 08h20, modifié le 22 septembre 2015 à 15h43

Temps de Lecture 4 min.

Yoann Huget après sa blessure contre l'Italie, samedi 19 septembre.

Au moins le XV de France aura une bonne excuse pour la suite. Ou plutôt, question de point de vue, un réel motif d’inquiétude : les Bleus ont gagné (en maillot rouge) leur premier match de la Coupe du monde 2015, mais ont perdu sur blessure l’un de leurs joueurs les plus décisifs, si ce n’est leur meilleur atout. A l’issue d’une large victoire sur l’Italie (32-10) en match d’ouverture, samedi 19 septembre, les voilà désormais contraints de disputer toute la compétition en Angleterre et au pays de Galles sans Yoann Huget.

Cette absence ne devrait pas avoir d’incidence face à la Roumanie, mercredi 23 septembre, au stade olympique de Londres, pas davantage face au Canada, le 1er octobre. Mais elle risque de peser lourd contre l’Irlande, sommet du groupe D, le 11 octobre. Sans parler d’éventuels quarts de finale contre la Nouvelle-Zélande ou l’Argentine…

Pour l’ailier du Stade toulousain, cette première participation à la Coupe du monde aura donc duré en tout et pour tout cinquante-six minutes. Juste le temps de s’abîmer tout seul les ligaments du genou droit, sur un appui malheureux, contre l’Italie. A Londres, le blessé quittait en pleurs la pelouse de Twickenham, cahin-caha. « C’est la vie », philosophait-il dans le vestiaire, au micro de TF1. Fin de citation.

« On perd un vrai “match-winner” »

Le lendemain après-midi, le trois-quarts aile (28 ans, 41 sélections) prenait congé de ses coéquipiers, aidé de béquilles. Certains d’entre eux profitaient de cette journée de temps libre pour recevoir des visites familiales. D’autres auront peut-être travaillé leur swing sur le golf de l’hôtel Selsdon Park de Croydon, en banlieue de Londres, où les Bleus ont établi leur camp de base ?

Yoann Huget, lui, est maintenant bien loin de tout cela. Loin des immeubles de cette ville de banlieue postindustrielle. Loin de la Trinity School, école privée où bachotent les rugbymen français et où étudient des élèves en uniforme. Et surtout, loin de leurs prochaines échéances sportives. Dans un français mâtiné d’anglais, Philippe Saint-André évoque « un crève-cœur » : « On perd un vrai “match-winner”, un vrai finisseur », déplore le sélectionneur national, les traits fermés, en conférence de presse. « Cette Coupe du monde devait être sa Coupe du monde, il était à un niveau assez exceptionnel, il était parmi les meilleurs ailiers de cette compétition », regrette à son tour le trois-quarts centre Mathieu Bastareaud.

Au Stade de France, Huget avait encore fait la démonstration de sa valeur lors des deux derniers matchs de préparation estivale. Le 22 août, il inscrivait le seul essai français de la victoire contre l’Angleterre (25-20). Et le 5 septembre, preuve que le n° 14 sait aussi défendre, il rattrapait de justesse un Ecossais au galop vers la ligne d’en-but et préservait ainsi la maigre avance de la France (19-16).

Avec Yoann Huget, absent pour une durée indéterminée, c’est aussi une certaine idée du rugby qui s’en va. Le Toulousain restait l’un des rares Bleus à encore oser des cadrages-débordements, des feintes, des crochets. En somme, l’un des rares Bleus encore dépositaires de ce fameux « French Flair » censé désigner l’art du jeu en mouvement à la française.

« Sois fort, gamin ! »

Ce forfait confortera sans doute les certitudes de Philippe Saint-André : privilégier une approche plus physique que créative, plus pragmatique que spectaculaire. En l’absence d’Huget, l’entraîneur aurait pu rappeler en sélection l’inventif Maxime Médard (Stade toulousain). Au lieu de quoi, il s’apprête à solliciter le Castrais Rémy Grosso : encore aucune sélection à l’âge de 26 ans, mais un gabarit de 1,89 m pour 103 kg et, d’après la description initiale, un profil de « puncheur », de « pur finisseur », de « marqueur d’essais ».

Ce renfort se contentera a priori d’une présence discrète sur le banc de touche. « Sois fort, gamin ! », lui a conseillé sur Twitter un certain Raphaël Saint-André – frère de – qui l’avait entraîné à Lyon.

Sur le terrain, contre la Roumanie, le poste d’ailier droit titulaire échoira plutôt au polyvalent Sofiane Guitoune. Capable de jouer trois-quarts aile ou arrière, le joueur de l’Union Bordeaux-Bègles a déjà occupé le flanc droit en équipe de France le même soir que Brice Dulin, l’arrière du Racing, titularisé côté gauche. Et ce ne fut pas une franche réussite. Le 15 août, lors du test-match perdu en Angleterre (19-14), déjà à Twickenham, l’un comme l’autre avaient paru éteints en attaque et amorphes en défense : au total, trois essais anglais, trois essais à l’aile…

L’équipe de France peut d’autant plus regretter Huget qu’elle perd là, croit savoir Saint-André, un « joueur adoré » parmi ce groupe de 31 joueurs. « On compatit parce qu’on sait ce que cette Coupe du monde représentait pour lui, déclare le troisième-ligne de Clermont, Damien Chouly. Forcément on est très heureux de la victoire contre l’Italie, mais on a une pensée pour lui. »

En 2011, Yoann Huget avait dû renoncer encore plus prématurément à la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande. L’Agence française de lutte contre le dopage l’avait suspendu au préalable pour avoir manqué trois fois, en l’espace de dix-huit mois, aux exigences de localisation.

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