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Riss et Plantu, deux dessinateurs pas sur la même ligne

Lors d’un colloque de Cartooning for Peace, les caricaturistes ont exposé leurs visions opposées du dessin de presse.

Par  et

Publié le 21 septembre 2015 à 19h09, modifié le 02 février 2016 à 11h12

Temps de Lecture 2 min.

Un dessin du Danois Carsten Graabaek projeté pendant le colloque organisé par l'association Cartooning for Peace. Sur la dernière image :

Neuf mois après l’attentat contre Charlie Hebdo et dix ans quasiment jour pour jour après le début de l’affaire des caricatures danoises, l’association Cartooning for Peace, qui milite pour la liberté d’expression à travers un réseau de dessinateurs de presse dans le monde, organisait, lundi 21 septembre, un colloque à Paris intitulé « Le dessin de presse dans tous ses états ». La journée a été marquée par l’échange – tendu – entre le dessinateur du Monde, Plantu (également président de Cartooning for Peace), et Riss, le directeur de la publication de Charlie Hebdo. Notoire dans le milieu des caricaturistes, la différence de ligne défendue par l’un et par l’autre ne pouvait pas apparaître plus clairement que cet après-midi là au Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui accueillait l’événement.

Tout est parti de la projection, pendant le débat, d’un dessin du Danois Carsten Graabaek représentant Dieu, Yahvé et Mahomet regardant la Terre depuis un nuage : seul le visage du dernier a été « flouté », à la manière d’un reportage photographique. « On peut être plus malin que les intolérants. Il suffit de contourner l’interdit », a salué Plantu avant de se faire reprendre par Riss : « Non, l’interdit n’est pas contourné ici, il est respecté. » La discussion s’est alors envenimée, poliment, sur les questions de perception et de compréhension des dessins de presse dans le monde d’aujourd’hui.

Un extrait du dessin du Danois Carsten Graabaek projeté pendant le colloque organisé par Cartooning for Peace.

Prendre en compte le « ressenti »

Pour Plantu, un caricaturiste doit prendre en compte le « ressenti » de ceux qui peuvent se sentir visés par un dessin. Du tac au tac, Riss lui a répondu qu’un « ressenti est totalement arbitraire » : « Moi aussi, j’ai un ressenti. Ce n’est pas pour cela que je vais l’imposer aux autres, c’est inacceptable. Il ne peut pas y avoir de critères émotifs. »

Plantu : « Il y a des gens qui n’ont pas la même culture que nous et qui peuvent ne pas comprendre ce qu’on fait. Certains peuvent se sentir humiliés. L’exercice est casse-gueule. » Riss : « C’est une erreur. Un dessin, ce n’est pas fait que pour rigoler. Cela a aussi une dimension politique, cela permet d’appréhender la spécificité d’une époque. Le fait est qu’il y a aujourd’hui des types qui vivent dans la peur de Dieu et qui veulent la communiquer aux autres dans le but d’instaurer une société théocratique. Il ne faut pas se laisser impressionner par eux. »

Parce qu’il a l’habitude d’intervenir en milieu scolaire, Plantu a alors insisté sur l’importance qu’il y a à expliquer son métier, notamment auprès des jeunes. « Il y a beaucoup d’enfants qui sont Charlie et il y en a beaucoup qui ne le sont pas », avait-il indiqué au début du débat, avant de rapporter une réflexion entendue dans une classe de 4e de la région parisienne : « S’ils sont morts, c’est bien faits pour eux » – à propos des dessinateurs de Charlie tombés sous les balles.

Il t’arrive d’aller dans les écoles ?, a demandé Plantu à son collègue.

- Assez peu, a répondu Riss, l’un des survivants de la fusillade du 7 janvier (il vit depuis sous protection policière rapprochée).

- Tu devrais venir aussi avec moi parler de ton métier dans le monde musulman, l’a relancé un peu plus tard le dessinateur du Monde.

- Oui, oui… Et si je ne reviens pas ?, a soupiré son invité, provoquant des rires dans l’assistance.

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