Les réactions internationales à l'expansion de l'"Etat islamique"

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Les réactions internationales à l'expansion de l'"Etat islamique"

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Carte. 4 ans et demi de guerre, 250.000 morts, 5 millions de réfugiés, et l’Etat islamique ne cesse de gagner du terrain. Un an jour pour jour après les premières frappes de la coalition internationale en Syrie, où en est la résistance à l'expansion de l’Etat islamique ?

Le nombre exceptionnel de réfugiés syriens et irakiens arrivés en Europe modifie depuis quelques semaines l'engagement de certains Etats en Syrie (France, Australie, Belgique, Royaume-Uni en premier lieu), ainsi que l'équilibre diplomatique en faveur d'une solution prônée par la Russie (priorité à la lutte contre le terrorisme aux côtés de Bachar al-Assad). Ces revirements et engagements récents ne parviennent pas à masquer le bilan plus que mitigé de la coalition internationale, un an après les premières frappes aériennes.

Carte mise à jour le 02/12/15 suite à l'intensification de la mobilisation militaire en Syrie et en Irak (Royaume-Uni, Allemagne, Russie, Etats-Unis)

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_*_Survolez ou cliquez sur les Etats dans la carte pour obtenir des informations sur l'engagement de chacun d'entre eux. Zoomez avec le bouton "+/-" pour parcourir des zones en particulier :* **

Sources : ONU, AFP, ministère des Affaires étrangères

Loin de neutraliser l’EI, un relatif endiguement

La coalition n'est pas parvenue à neutraliser l’organisation islamiste , qui a conquis de nouvelles zones en Irak et en Syrie depuis un an : Ramadi, Palmyre , ou dans la _* *_province d’Alep, Marea , considérée comme le plus important réservoir de combattants et d'armes des rebelles, encerclée par l'EI depuis la mi-août. En Irak, la grande majorité de la vaste province d'Al-Anbar, frontalière de la Syrie, échappe toujours au contrôle du gouvernement.

La politique de la coalition a néanmoins réussi à freiner les opérations de l’EI , en soutenant les milices locales au sol grâce à des frappes aériennes : victoires des peshmergas kurdes ou des milices chiites à Kobane (janvier), Tikrit (avril), Tal Abbyad et Aïn Issa (juin), Hassake (juillet) et récemment neuf villages du Nord de l'Irak. La coalition a également frappé des centres d’approvisionnement et de dépôt d’armes, depuis les premières actions aériennes sur une vingtaine de sites le 23 septembre 2014, jusqu’aux dépôts de la province de Ramadi ce 9 septembre.

Une stratégie de terrain bancale
La coalition demeure sur sa position du “no boots on the ground ” prônée par Obama depuis son retrait d’Irak. La formation de troupes locales au sol est donc cruciale ; mais le bilan en est piteux. Ce 20 septembre, 75 rebelles syriens entraînés en Turquie par les Etats-Unis sont enfin entrés en Syrie. Un maigre chiffre, qui peine à faire oublier l’échec cuisant du plan de formation américain d’un coût de 500 millions de dollars. Ce plan n’avait formé jusqu’ici que "4 ou 5 rebelles syriens" selon l’aveu du général Lloyd J. Austin, commandant des forces américaines au Moyen-Orient, alors que 5.000 par an avaient été espérés.

Quelles solutions ? L’"assemblage hétéroclite d'Etats" qu’est la coalition selon la politologue Myriam Benraad ne résiste pas à la pression des intérêts individuels de chacun, focalisé sur son partenaire privilégié : gouvernement irakien pour les USA, milices chiites pour l'Iran, front Al-Nosra pour la Turquie ou l'Arabie saoudite, Kurdes, tribus sunnites... Ces ambitions stratégiques frontalement opposées compromettent tout projet politique alternatif en Syrie et en Irak, qui, seul, permettrait d’affaiblir durablement l’Etat Islamique.

La Russie, _réaffirmant son soutien indéfectible à Bachar al-Assad,renforce depuis mi-septembre sa présence armée en Syrie (aviation, bases, chars…) Depuis leur veto en 2013, les Russes, qui refusaient tout engagement via l’ONU, revoient leur position. Poutine y est attendu le 28 septembre pour prôner une nouvelle grande alliance contre le “terrorisme” (soit toute opposition à Assad), aux côtés du régime syrien. *_Pour la coalition, une solution politique , et donc le départ du régime en place, doit précéder la lutte contre le terrorisme. Mais les afflux de réfugiés syriens en Europe, mais aussi en Australie ou au Canada, commencent à entamer ce principe prôné comme étendard unanime il y a un an.

Dans cette situation bloquée, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie , Staffan de Mistura, discute actuellement à Damas d'un document de 60 pages présenté comme un "recueil d'idées" récoltées par l'émissaire auprès d'interlocuteurs rencontrés dans les rangs de l'opposition, du régime et de la société civile.

*> A écouter - une sélection des émissions de la chaîne consacrées aux réactions internationales contre l'"Etat islamique" : * - CulturesMonde : Irak, Syrie, Libye : la stratégie de la coalition en échec ?, émission du 22 mai 2015 :

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