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Des femmes immigrées de 27 pays marchent vers Washington: "Que le pape nous voie et ne se taise pas" (photos)

Jeune religieuse, Juana Flores avait rencontré le pape Jean-Paul II au Mexique. Ayant quitté les ordres depuis, elle vient de marcher une semaine avec cent immigrées vers Washington pour demander au pape François de plaider la cause des sans-papiers auprès des politiques. "C'est un pèlerinage de foi et d'espoir pour que nous tous, compagnons immigrés, puissions continuer à vivre dans ce pays mais avec dignité, en paix et en sécurité, et nous sentir libres", confie Juana Flores, 54 ans, aujourd'hui mariée et mère de deux enfants.

Parties d'un centre de rétention pour migrants en Pennsylvanie (est) le 15 septembre, une centaine de femmes a marché 160 kilomètres pour arriver à la capitale américaine mardi, en même temps que le pape François qui a entamé une visite de six jours aux Etats-Unis.


Une colonne de femmes de 27 pays

Au rythme de chansons religieuses et chaussures de sport aux pieds, la colonne de femmes originaires de 27 pays différents - la plupart d'Amérique latine - s'est rendue dès son arrivée à Washington dans la basilique du Sanctuaire national de l'Immaculée conception, pour assister à une messe. Le pape doit s'y rendre mercredi. Rejointes pas d'autres, elles étaient quelque 300 à assister ensuite à une veillée religieuse sur une place toute proche de la Maison Blanche.

"Dignité pour les migrants"

Leurs T-shirts demandent de la "dignité pour les migrants" et leurs pancartes reprennent le message de François, premier pape originaire d'Amérique latine, qui plaide pour une "mondialisation de la charité" face au phénomène global des migrants.

Elles espèrent que le pape argentin écoutera leurs histoires mais, surtout, qu'il transmettra leur message lors de ses réunions à Washington avec le président Barack Obama mercredi et devant les parlementaires américains jeudi.


Plaider en faveur des immigrés au Congrès

"Je marche 100 miles (160 kilomètres, ndlr) pour demander au pape qu'il plaide en faveur des immigrés au Congrès", explique Elvira Diaz, une catholique de 54 ans.

Pendant leur marche d'une semaine, les femmes ont échangé leurs histoires et souvenirs d'autres traversées, bien plus dangereuses, qui les ont menées jusqu'au Etats-Unis. Et leurs témoignages des mauvais traitements subis une fois entrées sur le territoire américain où, sans papiers, elles ne décrochaient souvent que des emplois précaires.

Histoires d'abus et de souffrances

Les femmes veulent conter à François leurs "histoires d'abus, de souffrances, vécues tous les jours dans leur travail car (...) elles ne sont pas respectées, elle n'ont pas de dignité", explique Maria Lira, une femme de ménage mexicaine qui vit à Houston au Texas (sud), où elle a émigré légalement il y a plusieurs années.

Sujet politiquement sensible aux Etats-Unis, l'immigration agite déjà la campagne des primaires républicaines, marquée notamment par des déclarations controversées du milliardaire et candidat en tête des sondages Donald Trump envers les immigrés mexicains.


11 millions de personnes vivent clandestinement aux Etats-Unis

Environ 11 millions de personnes vivent clandestinement aux Etats-Unis, en majorité originaires d'Amérique latine. Juana Flores a traversé clandestinement la frontière avec le Mexique quand ses enfants étaient petits et elle a passé plusieurs années dans l'ombre avant de régulariser son statut. Mais les problèmes des immigrés ne s'arrêtent pas aux papiers, témoigne-t-elle. "On est souvent encore harcelés même si on a des papiers. On nous fait toujours retomber la faute dessus, aux immigrants (...), pour dire qu'on est à la charge de ce pays mais ce n'est pas vrai", témoigne-t-elle.

"Que le pape nous voie et ne se taise pas", lance-t-elle, avant d'appeler le chef de l'Eglise catholique à demander aux fidèles américains qu'ils ne soient pas "complices de l'injustice des lois migratoires".

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