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Cessez de diviser le monde entre le « bien et le mal », lance le pape au Congrès

Le pape François devant le Congrès

Le pape François devant le Congrès

Photo : Jonathan Ernst / Reuters

Radio-Canada

Dans un long discours prononcé jeudi devant le Congrès - une première dans l'histoire - le pape François a invité les Américains à coopérer avec le reste du monde pour résoudre les conflits et la crise des réfugiés qui secoue l'Europe, à abolir la peine de mort et à lutter contre les changements climatiques et les inégalités sociales engendrées par le capitalisme.

Évoquant un monde où les « conflits violents, la haine et les atrocités brutales » sont en hausse, le pape François a mis les Américains en garde contre « toutes les formes de fondamentalisme » et contre l'approche « simpliste » tentant de diviser le monde entre « le bien et le mal » ou entre « les justes et les pécheurs ». Avec ses « plaies ouvertes », a-t-il dit, le monde a besoin « que l'on confronte toute forme de polarisation qui le diviserait en deux camps ».

Nous savons qu'en nous efforçant de nous libérer de l'ennemi extérieur, nous pouvons être tentés de nourrir l'ennemi intérieur. Imiter la haine et la violence des tyrans et des meurtriers est la meilleure façon de prendre leur place. C'est quelque chose qu'en tant que peuple vous rejetez

Une citation de le pape François

Le pape a aussi évoqué le cinquantième anniversaire de la marche pour les droits des Noirs qui a mené Martin Luther King de Selma à Montgomery pour inviter la population américaine et leurs élus à poursuivre le « rêve » d'égalité entre les hommes qu'il a défendu. Il les a invités à faire preuve d'ouverture envers les immigrants, les Autochtones, mais aussi envers les réfugiés qui fuient la guerre et qui affluent en Europe.

« Nous ne devons pas reculer devant leur nombre, mais plutôt les voir comme des personnes, en les regardant en face et en écoutant leurs histoires, en essayant de répondre le mieux possible à leur situation, de répondre d'une manière toujours humaine, juste et fraternelle. Nous avons besoin d'éviter une tentation fréquente de nos jours : écarter tout ce qui s'avère difficile. »

Traitons les autres avec la même passion et compassion avec lesquelles nous voulons être traités. [...] En un mot, si nous voulons la sécurité, donnons la sécurité; si nous voulons la vie, donnons la vie; si nous voulons des opportunités, offrons des opportunités.

Une citation de le pape François

Enchaînant sur cette nécessité de protéger la vie humaine, le Saint-Père a ensuite plaidé pour l'abolition de la peine de mort, toujours en vigueur dans une trentaine d'États américains, mais aussi ailleurs dans le monde. « Je suis convaincu que ce chemin est le meilleur, puisque chaque vie est sacrée, chaque personne humaine est dotée d'une dignité inaliénable, et la société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui sont reconnus coupables de crimes », a-t-il dit.

Le pape a aussi invité les Américains et leurs élus à en faire davantage pour ceux et celles qui sont « enlisés dans le cycle de la pauvreté ». La lutte contre la pauvreté et la faim, a-t-il dit, doit être menée « constamment et sur plusieurs fronts, spécialement en prenant en considération leurs causes ». Dans la même veine, il a défendu l'importance de mieux répartir la richesse dans la société afin de parvenir au bien commun.

Le bien commun inclut également la Terre, a-t-il ajouté, en lisant quelques extraits de l'encyclique qu'il a récemment publiée à ce sujet. « Nous avons besoin d'une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous », a fait valoir le pape, en se disant convaincu que les États-Unis feront une « contribution vitale » dans ce débat.

Le pape a aussi livré un plaidoyer en faveur de la diplomatie. « Lorsque des pays qui avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue – un dialogue qui aurait pu avoir été interrompu pour les raisons les plus légitimes – de nouvelles opportunités s'offrent pour tous », dans ce qui semblait une référence au rapprochement entre les États-Unis avec Cuba, mais aussi à la détente avec l'Iran.

Cela a demandé, et demande, courage et hardiesse, qui ne sont pas synonymes d'irresponsabilité. Un bon dirigeant politique est quelqu'un qui, ayant à l'esprit les intérêts de tous, saisit le moment dans un esprit d'ouverture et de pragmatisme.

Une citation de le pape François

Le Saint-Père a également invité le Congrès à agir dans le but de mettre fin aux conflits dans le monde, du moins à long terme. Il s'est prononcé contre le commerce des armes. « Pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui planifient d'infliger des souffrances inqualifiables à des individus et à des sociétés? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple : pour de l'argent; l'argent qui est trempé dans du sang, souvent du sang innocent. Face à ce silence honteux et coupable, il est de notre devoir d'affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes. »

François a conclu son discours en faisant l'apologie de la famille, une institution « qui est menacée, peut-être comme jamais auparavant, de l'intérieur et de l'extérieur », selon lui. « Les relations fondamentales sont en train d'être remises en cause, comme l'est la base même du mariage et de la famille », a-t-il ajouté, dans ce qui avait toutes les apparences d'une critique envers les mariages gais.

Pour suivre en direct la visite du pape aux États-Unis sur votre appareil mobile, cliquez ici. (Nouvelle fenêtre)

Des milliers de personnes sont déjà massées devant le Congrès dans l'espoir d'entrevoir le souverain pontife, qui a entrepris mardi sa visite de six jours aux États-Unis. Le pape François s'est effectivement brièvement adressé à eux après son discours au Congrès. Il s'est exprimé en espagnol, son message étant relayé à la foule par un interprète. 

Le discours du pape au Congrès n'a pas fait que des heureux. Un groupe d'opposants a acheté une pleine page de publicité dans les grands quotidiens Washington Post et New York Times pour rappeler que le président Kennedy a déclaré en 1960 que les politiciens ne devraient jamais prendre d'ordres de religieux.

Mercredi, le pape s'est notamment adressé à 450 évêques américains. Il leur a demandé de renoncer à un « langage dur et polarisant », tout en louant leur courage devant les scandales d'abus sexuels au sein de l'Église. Cela a d'ailleurs choqué des victimes, qu'il pourrait bien rencontrer au cours de son séjour.

Il s'est aussi rendu à la Maison-Blanche, où il a été accueilli par le président Barack Obama et son épouse Michelle. Après un bref discours du pape, François et M. Obama ont eu un entretien privé au bureau ovale. 

Le pape a aussi célébré une messe pendant laquelle il a canonisé Junipero Serra, un religieux espagnol qui a introduit la foi catholique en Californie. Il s'agissait de la première messe de canonisation à être célébrée en sol américain.

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