Accéder au contenu principal
Chronique des matières premières

Du coton de la guerre syrienne dans les vêtements vendus en France

Publié le :

Conclusion d'une étude publiée ce mercredi, le coton syrien trouve encore des débouchés en France, et il finance les deux camps qui s'affrontent en Syrie.

Récolte de coton dans un champ de Taftanaz, en Syrie.
Récolte de coton dans un champ de Taftanaz, en Syrie. Getty Images/Ursula Gahwiler/Robert Harding
Publicité

Une partie du coton de la guerre en Syrie est écoulé en France. Et il a de grandes chances de financer autant l'organisation État islamique que le régime de Bachar el-Assad. C'est la conclusion d'une étude d'Anne-Laure Linget, experte dans l'approvisionnement de l'industrie textile.

La Syrie réalisait 10 % de ses exportations grâce au textile avant la guerre. Elle s'était même spécialisée dans le coton bio, dont elle était le troisième fournisseur mondial, et dont l'Allemagne était très friande. Mais autant Berlin a complètement stoppé ses importations de textiles syriens, autant la France continue d'acheter des vêtements confectionnés dans les usines du centre et du sud du pays, aux mains de Bachar el-Assad, comme l'attestent les chiffres des douanes françaises. Un demi-million d'euros au total en 2014, et les quantités ont progressé en 2015. Il s'agit d'une part de t-shirts syriens, la France en est le troisième acheteur derrière l'Italie et la Grèce. Mais aussi et surtout de vêtements féminins, jupes et robes probablement à caractère confessionnel, la France en est le deuxième acheteur en Syrie derrière le Royaume-Uni et devant l'Égypte.

Mais la plus grande partie des fils de coton syrien se perd clandestinement dans la filière turque, au profit de l'organisation État islamique, qui a mis la main sur plus de 80 % des champs de coton. On ne peut expliquer autrement que la Syrie ait officiellement exporté aussi peu de coton en 2015 (pour 40 000 dollars au premier trimestre, contre 24,6 millions de dollars attendus), ni que la Turquie ait pu réaliser une telle hausse des exportations textiles avec officiellement aussi peu d'importations de matière première.

Le coton absent des statistiques est du coton syrien qui entre clandestinement en Turquie pour rejoindre le centre textile turc de Gaziantep, spécialisé dans la maille. Jusqu'à 20 %, des T-shirts fabriqués en Turquie pourraient contenir du coton syrien finançant l'EI, conclut l'étude. Or la Turquie fournit 7 % des importations françaises de textiles et habillement. En extrapolant, on aurait 1,2 % de « coton Daech » dans les t-shirts français, mais toute l'Europe est concernée : la Turquie est le troisième fournisseur européen de textile et d'habillement.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.