Fonctionnaires, code du travail : «Pas de tabous mais pas de brutalité», dit Valls

 

Fonctionnaires, code du travail : «Pas de tabous mais pas de brutalité», dit Valls

    VIDEOS. Le Premier ministre, Manuel Valls, était l'invité de l'émission de France 2, «Des paroles et des actes», ce jeudi soir. Devant un parterre de ministres -la grande majorité des poids lourds du gouvernement, dont Emmanuel Macron - il assure d'emblée qu'«il faut continuer de réformer, parce que le statu quo, c'est revenir en arrière». «Notre pays est à la croisée des chemins», juge le chef du gouvernement qui se dit «engagé, déterminé, avec la volonté de réussir pour la France».

    Tout en volontarisme affiché, il veut «incarner une gauche sans complexe». «Une gauche qui réforme, une gauche efficace, qui baisse les impôts, les déficits publics, qui fait de l'école la première grande priorité de la France», énumère Valls. Il insiste : «Et c'est une gauche qui se définit comme réformiste. C'est une gauche sociale-réformiste.»

    Son «ambition» personnelle, il ne la cache pas. Mais, comme à son habitude, le Premier ministre prend bien soin de se montrer loyal envers François Hollande. «Je me sens en adéquation avec le président de la République», affirme-t-il. Et en profite pour adresser un gros tacle à François Fillon, venu débattre avec lui : «Je n'écrirai jamais un livre, après cette période, pour marquer mes différences avec le président de la République.»

    Une émission de près de trois heures pour affirmer ses positions et balayer les dossiers les plus brûlants de l'actualité. Chômage, statut des fonctionnaires, réforme du Code du travail ou accueil des réfugiés.

    Les «mauvais chiffres» du chômage.

    Oui, assume Valls, «ce sont des mauvais chiffres». La mauvaise nouvelle était tombée quelques heures plus tôt : 20 000 demandeurs d'emploi de plus en août, soit une hausse de 0,6%. «Nous réformons parce que la croissance n'est pas suffisamment forte», en déduit le Premier ministre. Selon lui, «le climat des affaires s'améliore, les marges des entreprises se reconstituent, la confiance des ménages est au rendez-vous, nos exportations sont à la hausse» et «le CICE et le pacte de responsabilité marchent à plein régime». Mais, ajoute-t-il aussitôt, «ce n'est pas suffisant, il faut davantage se mobiliser, réformer». «Nous allons réussir, parce que nous avons posé le bon diagnostic : le manque de compétitivité dont notre pays et nos entreprises souffrent depuis dix ans», insiste-t-il.

    «Pas de tabou», sur les fonctionnaires ou le Code du travail.

    Alors que son ministre de l'Economie a mis le feu à gauche en estimant (en off) qu'il fallait faire évoluer le statut des fonctionnaires, Manuel Valls juge qu'«il faut avoir une approche pratique et non idéologique sur ces questions-là». «Il ne faut surtout pas de brutalité sur ces sujets», estime-t-il en revanche. «La Fonction publique de l'Etat peut évoluer, mais elle doit rester au cÅ?ur de notre pacte républicain et social», poursuit-il, ajoutant : «Il n'y a pas de tabou. Il ne faut pas généraliser, s'il faut moderniser tel ou tel secteur j'y suis favorable. » Quant au Code du travail, qui promet des débats houleux au sein de la majorité, il sera réformé. «Il faut faire une loi, adoptée avant l'été 2016, pour répondre au plus près aux attentes des entreprises et des salariés. Nous devons assouplir notre économie nous devons assouplir notre Code du travail en donnant des droits aux salariés», indique le Premier ministre.

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    Macron, «une chance» pour le gouvernement.

    Boulet ou poisson-pilote? demande-t-on un peu plus tard à Valls, à propos de ce ministre de l'Economie qui ulcère une partie de la gauche par ses déclarations sur les 35 heures ou le statut des fonctionnaires. «C'est une chance. Parce qu'il est membre de ce gouvernement, parce qu'il apporte son talent, son énergie...» rétorque le Premier ministre. «Je préfère des gens compétents, qui ont de fortes personnalités», dit-il encore, estimant que «les qualités d'Emmanuel Macron sont un atout pour le gouvernement et pour la France».

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    (AFP/STEPHANE DE SAKUTIN)

    Les entreprises rappelées à l'ordre.

    Manuel Valls rappelle aux entrepreneurs les gestes qui ont été faits à travers le pacte de responsabilité (et qui font débat au sein de la majorité). «Quand la Nation engage 40Mdsâ?¬ sur trois ans de baisse du coût du travail, des impôts, pour toutes les entreprises, les PME, très honnêtement, ce ne sont pas des mesurettes», lance-t-il, avant de demander : «Les marges étant retrouvées par les entreprises, ce que j'attends, c'est qu'on investisse, qu'on embauche et qu'on forme des salariés. C'est ça un pacte.» Il insiste : «C'est ce déclic de la confiance, qui manque.»

    L'accueil des réfugiés.

    «L'honneur de l'Europe et de la France, en l'organisant avec maîtrise, c'est d'accueillir les réfugiés», souligne le Premier ministre, qui affiche toutefois sa fermeté : «La France a proposé d'en accueillir 30 000. Ã?a ne sera pas plus». Il insiste : «Nous ne pourrons pas en Europe accueillir tous ceux qui fuient la dictature en Syrie. Peut-on aller au-delà ? Ã?a n'est pas possible.» Et d'assurer que «ceux qui sont déboutés du droit d'asile doivent être reconduits à la frontière.» En résumé, fait valoir le Premier ministre, «l'immigration a toujours été une chance pour notre pays (...) Mais tout cela doit être maîtrisé». «La seule voie possible : c'est la maîtrise, l'organisation et l'accueil dans de bonnes conditions», assure-t-il encore.

    Questionné par un spectateur, il rappelle en outre «il n'y a pas de concurrence des pauvretés» entre réfugiés et Français.