Chine : et si la croissance était à peine supérieure à 2 % ?

Selon Natixis, les indicateurs disponibles pointent tous vers un atterrissage brutal, même si une énième politique de relance devrait limiter les dégâts.

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Tubes d'acier destinés à l'exportation dans le port de Lianyungang. Les exportations chinoises continuent de baisser.
Tubes d'acier destinés à l'exportation dans le port de Lianyungang. Les exportations chinoises continuent de baisser. © Wang Chun

Temps de lecture : 3 min

La Chine peut-elle faire dérailler la croissance mondiale ? L'inquiétude grandit à chaque nouvel indicateur. Mercredi, l'indice flash PMI de septembre, un indice avancé permettant d'évaluer l'évolution de la production manufacturière chinoise, est tombé à son plus bas niveau depuis l'éclatement de la crise financière…

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Officiellement, l'objectif de croissance reste aux alentours de 7 %. Mais de plus en plus d'économistes en doutent. La recherche économiste de Natixis l'estimait déjà à… 2,3 % au deuxième trimestre 2015, un rythme de pays développé !

Des indicateurs en chute libre

Pour parvenir à un tel pessimisme, les économistes de la banque française s'appuient sur des indices de production industrielle comme celle de l'acier, du ciment, de l'électricité ou bien encore le fret de marchandises (ferroviaire comme routier) ou sur les importations, tous en chute libre.

Une telle méthode peut-elle conduire à une sous-estimation de l'activité désormais davantage tirée par les services, beaucoup plus difficiles à mesurer ? « Personne, parmi nos clients chinois, ne nous dit que nous sommes trop pessimistes. Certains nous disent même que nous sommes trop optimistes et que le pays est entré en récession », se défend Patrick Artus, le directeur de la recherche économique de la banque. Beaucoup d'autres économistes ne sont pas d'accord, mais le ralentissement de l'économie chinoise, longtemps moteur de l'économie mondiale, est incontestable.

Une économie aux coûts salariaux trop élevés

De quoi la Chine souffre-t-elle ? Après avoir exporté à tout va grâce à des produits bas de gamme à des prix défiant toute concurrence, l'empire du Milieu doit faire face à la dégradation de sa compétitivité-coût liée aux augmentations de salaires réclamées par la population sans que cela s'accompagne d'une réelle montée en gamme. Les économistes mesurent cette perte de compétitivité-coût par la sensibilité des ventes aux prix des biens. Pour la Chine, elle est forte.

Résultat, les exportations baissent et chaque euro investi en Chine devient moins rentable. De quoi expliquer, selon Natixis, les sorties de capitaux enregistrées par le pays depuis l'été 2014. Les investisseurs internationaux ainsi que les Chinois eux-mêmes investissent désormais plus à l'étranger.

La Chine brûle ses réserves de change

Pour les autorités chinoises, la tentation existe donc de laisser se déprécier le renminbi (le yuan) face au dollar afin de relancer les exportations. D'autant que, pour défendre le cours du yuan tiré à la baisse par les sorties de capitaux, la Banque centrale de Chine se retrouve à devoir brûler ses immenses réserves de change accumulées pendant les années fastes (plus de 3 500 milliards de dollars). Sur le seul mois d'août, l'institution a ainsi dépensé près de 100 milliards de réserves après avoir laissé le yuan se déprécier le 11, ce qui avait avivé les craintes sur la capacité du régime à éviter un atterrissage brutal de l'économie et précipité un effondrement des Bourses, y compris occidentales.

Si la tentation de la dépréciation existe, cette voie de la facilité pour donner un coup de fouet à l'économie serait négative à long terme, estime pourtant Natixis. Elle empêcherait le rééquilibrage d'un modèle centré sur l'investissement et les exportations vers la consommation puisqu'elle renchérirait les importations. Elle soutiendrait, au contraire, les produits bas de gamme au détriment du développement de produits à plus forte valeur ajoutée.

Des mesures de relance incertaines

Alors, les autorités n'ont pas d'autre choix que de prendre des mesures de relance plus ou moins efficaces mais qui devraient booster l'activité au cours des prochains mois (infrastructures, infrastructures énergétiques). La Banque centrale a déjà multiplié les mesures d'assouplissement : elle a de nombreuses fois réduit ses taux d'intérêt et les ratios de réserves obligatoires des banques pour les inciter à prêter davantage. Mais, pour Natixis, ce genre de mesures atteint désormais ses limites, comme en témoigne la laborieuse relance du crédit malgré la baisse des taux. Les ménages et les entreprises sont de plus en plus endettés et les banques accumulent les prêts qui ne seront jamais remboursés…

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Commentaires (8)

  • jason555

    Certains économistes ont réévalués la croissance de l'économie Chinoise à 2% et même moins au vu des photos satellitaires des zones industrielles Chinoises qui sont nettement moins lumineuses qu'avant.

    Les autorités Chinoises mentent effrontément en annonçant une croissance de 7%.

  • danmariepoint

    Et si la réorientation des Capitaux Chinois et internationaux se dirigeait vers des investissements dans les pays d'Afrique en crise économique et permettaient de stopper les émigrations pour cause économique vers l'Europe en créant des emplois sur place ?
    peut-être est-ce une opportunité...
    de même que réduire en chine la production de produits de bas de gamme défectueux...

  • Jepirad

    Continuer à souffler sur les braises.
    On voit bien que certains se sont dégagés et cherchent à faire baisser les cours. C'est de l'arnaque aux PP qui galèrent avec leur compte PEA ou PEAPME. Mais la Chine est un grand pays qui a d'immenses projets. Gageons que la croissance y est encore installée pour de nombreuses années encore.