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Série

Avis de gros temps sur la diplomatie climatique

La COP21 est considérée par beaucoup comme la conférence de la dernière chance. « Les Echos » vous donnent rendez-vous tous les vendredis pour en décrypter les enjeux. Premier volet : à quoi sert cette grande machinerie onusienne qui va réunir 50.000 personnes à partir du 30 novembre, à Paris ?

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Par Joël Cossardeaux

Publié le 25 sept. 2015 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Un « machin » avait raillé à propos de l'ONU le général de Gaulle, pour le moins sceptique sur la capacité de cette institution à éteindre les conflits dans le monde. Qu'aurait-il dit des conférences internationales sur le climat - les COP - qu'elle organise chaque automne dans une capitale différente, mobilisant à longueur d'année une armée de négociateurs sur un front du réchauffement... qui ne recule pas ? Le 30 novembre, 50.000 personnes, dont près de la moitié issues des délégations des 195 pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), entameront le siège du Parc des expositions de Paris-Le Bourget pour une victoire annoncée comme historique il y a encore un an. A savoir la conclusion d'un accord de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), dont on sera enfin sûr qu'il garantit le non-dépassement des deux degrés de réchauffement de la Terre en 2100.

Le « minimum syndical »

Un projet assez utopique pour qui sait comment fonctionne le système de délibération de ces COP. Toutes les décisions se prennent par consensus. Qu'un seul pays s'oppose et c'est tout le processus qui capote. Miraculeusement, l'échec absolu n'a eu lieu qu'une fois, à la COP de La Haye, en 2000, d'où aucun accord n'est sorti. Toutes les autres se sont conclues sur l'adoption d'un texte final. Mais au prix de négociations- marathons et, très souvent, pour s'entendre au petit matin sur le plus petit dénominateur commun. Des résultats qui laissent rêveur au vu des moyens déployés pour faire bouger les lignes. « A l'échelle planétaire, on peut considérer que la question climatique mobilise en permanence environ 10.000 négociateurs », estime Ronan Dantec, sénateur Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Des moyens qu'il juge « totalement dérisoires » au regard du coût du réchauffement.

« D'une COP à l'autre, les choses avancent très peu. Le plus souvent, on fait le minimum syndical et les sujets sont renvoyés à la conférence suivante », déplore Corinne Lepage, qui a suivi plusieurs conférences comme représentante du Parlement européen, de 2009 à 2014. La promesse des 100 milliards de dollars faite en 2009 à Copenhague aux pays pauvres pour s'adapter au changement climatique est à cet égard éclairant. Le sujet revient à chaque COP et avec lui la question lancinante de savoir qui va payer...

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Des enjeux de souveraineté

L'orientation du pays hôte par rapport aux enjeux climatiques pèse lourd. Très dépendante du charbon, la Pologne, qui a accueilli la COP en 2013, n'a pas poussé à la roue pour parvenir à un accord ambitieux. A Paris, certaines ONG redoutent de voir la France promouvoir le nucléaire. En 2012, la COP de Doha avait surtout servi le rayonnement de la pétromonarchie du Qatar... « L'environnement international pèse toujours sur les négociations », note un observateur assidu de ces conférences. A Durban, en 2011, le cyclone Haiyan, qui avait ravagé les Philippines, avait secoué les délégations, tandis qu'à Varsovie, l'ombre du conflit ukrainien commençait à planer, braquant les Européens contre les Russes.

Entre les négociateurs des pays, qui déplorent le peu de marge laissé par les décideurs politiques, et ces derniers qui les soupçonnent de compliquer à l'envi les discussions, les rouages de la délicate mécanique onusienne se sont mis à grincer ces derniers mois à Bonn, lors des sessions préliminaires à la COP21. Ce n'est pas le seul type de blocage qui se pose aux pays d'accueil qui ont le choix de la méthode pour conduire les négociations. Avec un bonheur très inégal. A Copenhague, en 2009, on a longtemps fait plancher les négociateurs avant que les leaders politiques n'arrivent en toute fin de conférence pour consacrer un retentissant fiasco. Pour la COP21, la France a fait le choix diamétralement inverse.

« Ce qui va se passer à Paris sera déterminant sur l'avenir du dispositif onusien », estime Corinne Lepage. Lassées par l'inertie des Etats, ONG, entreprises et collectivités locales apprennent à faire sans eux et se dotent d'instances mondiales pour porter leurs engagements en faveur du climat. Cette évolution, selon l'ancienne ministre de l'Environnement, pourrait poser un « problème de souveraineté » aux Etats s'ils persistent dans leur immobilisme.

Joël Cossardeaux

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