Salmane ben Abdel Aziz
Le rire est le propre de l'homme, tout le monde le sait depuis Rabelais. Mais de la femme ? Il était donc normal que l'on soit surpris lorsque, dans un « geste exceptionnel d'ouverture vers la communauté internationale », dixit lui-même, le nouveau roi d'Arabie saoudite, soixante-dix-neuf ans, 13 enfants, annonça l'autorisation prochaine pour les Saoudiennes de rire en public. Eh oui ! En réalité, si l'on parle humour, c'est plutôt devant l'ONU qu'il faut s'incliner. Nommer à la tête d'un panel du Conseil des droits de l'homme l'ambassadeur d'Arabie saoudite, il fallait le faire. Il est vrai que, question têtes, ils s'y connaissent, plus de 60 personnes décapitées depuis le début de l'année, 134 exécutées. D'une manière plus générale, le roi peut être fier des scores de son pays en matière de droits de l'homme. L'excellente newsletter TimetoSignOff (TTSO) rappelle qu'il dirige le 7e pays le plus autoritaire du monde, et le 131e sur 135 pour l'égalité des sexes. Mais ce classement a sans doute été réalisé avant que les femmes aient le droit, non de conduire - faut pas charia -, mais de rire à gorge déployée. Il est plutôt question de gorge égorgée dans l'actualité. La communauté internationale « s'émeut », selon le terme consacré, de l'exécution imminente du jeune Ali Al Nimir, vingt et un ans, coupable d'avoir pris part à des manifestations liées au printemps arabe. Il sera décapité et crucifié, exposé en public « jusqu'à ce que les chairs commencent à se décomposer ». Le royaume est moins rigoureux pour assurer la sécurité de ses pèlerins. Plus de 720 morts dans la « bousculade » à La Mecque, le drame le plus meurtrier depuis vingt-cinq ans.