POLITIQUERégionales: Pourquoi le référendum du PS risque de faire un flop

Régionales: Pourquoi le référendum du PS risque de faire un flop

POLITIQUEJean-Christophe Cambadélis veut faire voter les Français sur l'unité de la gauche, pourtant rejetée par les partis...
Thibaut Le Gal

T.L.G.

«Un coup de tocsin, pour l’unité. » Jean-Christophe Cambadélis souhaite organiser, du 16 au 18 octobre, un référendum sur le rassemblement de la gauche. Le parti socialiste arrête ce lundi soir les modalités du vote. Mais la cloche du rassemblement pourrait bien sonner vide et se transformer en coup de poker raté. 20 Minutes vous dit pourquoi.

  • Les partis de gauche rejettent cette idée

Le PS va interroger les Français sur une alliance… pourtant déjà refusée par plusieurs partis de gauche. L’initiative a été rejetée par le PCF, par la voix de Pierre Laurent, dénonçant « une petite opération politicienne ». Jean-Luc Mélenchon a lui fustigé « le pistolet sur la tempe Front national pour nous faire faire n’importe quoi, il y en a marre ! »

Même constat chez les écologistes. Emmanuelle Cosse s’est étonnée de ce qu’on veuille « gommer l’étape du premier tour », quand Cécile Duflot a jugé que le premier secrétaire du PS « regarde les choses un peu à l’ancienne ». Difficile d’imaginer les partis changer de stratégie après un tel référendum.

  • Même au sein du PS, il y a des sceptiques

Jean-Christophe Cambadélis a pris le soin d’envoyer une lettre aux militants, cadres et parlementaires du parti. Mais dans les rangs socialistes, peu d’enthousiasme. « On nous demande d’approuver les modalités d’un référendum, mais on n’a même pas voté son principe ! », peste à l’AFP une des figures de l’aile gauche.

« On souhaite l’unité de la gauche, mais il faut poser les bonnes questions, celles de la réorientation politique », expliquait Laurent Baumel la semaine passée lors de la rentrée des députés PS. « La politique gouvernementale déchire aujourd’hui la gauche. Notre électorat est fracturé, une partie de nos électeurs sont partis et ne reviendront pas sans inflexion économique. C’est pareil avec nos partenaires du Front de Gauche et d’EELV », précise le député frondeur.

«Nous nous interrogeons sur l’efficacité de cette initiative improvisée pour réunir la gauche. Son caractère artificiel est pointé du doigt par beaucoup», a réagi Christian Paul et son courant « À Gauche, pour gagner ! ». Surtout, rien n’indique qu’elle crée les conditions politiques du rassemblement».

  • L’organisation du scrutin est difficile

A peine sorti du chapeau de Cambadélis, le référendum surprise pousse le PS à s’activer. Le vote se fera à travers 2.000 bureaux de vote au minimum, qui pourront être implantés dans les marchés, gares, RER, sorties de métro ou encore fédérations. « Nous ouvrirons un site dédié pour le vote en ligne dès le 16 octobre. Tout sera clair et transparent. Chacun donnera son nom, son prénom, son adresse et son adresse mail, et cela permettra de contrôler le résultat », assure le patron du PS, sans donner plus de précisions.

Le référendum porterait sur cette question : « Oui ou non à l’unité dès maintenant pour les régionales ? ». Une « charte » serait également en préparation, comme pour la primaire de 2011. Les participants avaient signé un texte dans lequel ils assuraient partager des valeurs de gauche.

  • La participation est incertaine

Sans même s’intéresser aux résultats, la question de la participation est posée. A partir de quel pourcentage, le référendum pourrait-il être considéré comme un pari réussi ? En privé, certains avancent « au minimum le chiffre de 250.000 participants », soit environ le double du nombre d’adhérents enregistrés en juin au moment du congrès. « On n’a pas d’échelle de comparaison s’agissant du nombre de votants. On n’a pas d’éléments de contenus », déplore un parlementaire à l’AFP.

Un sondage Odoxo pour Le Parisien et BFMTV publié samedi montrait que 72 % des Français considéraient que le référendum ne permettra pas de « rassembler efficacement la gauche » dès le premier tour des régionales. Eux n’iront probablement pas voter.

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