Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La Centrafrique connaît un nouvel accès de violences interreligieuses

Lundi 28 septembre, la capitale Bangui venait de vivre ses journées les plus sanglantes depuis plus d’un an. Le bilan des émeutes s’élèverait à une cinquantaine de morts.

Par 

Publié le 29 septembre 2015 à 02h45, modifié le 29 septembre 2015 à 10h55

Temps de Lecture 3 min.

Le corps d'un jeune chauffeur de moto-taxi musulman à la mosquée Ali Babolo, dans le quartier PK5 de Bangui en Centrafrique, le 26 septembre 2015.

Explosion de violences sans lendemain ou première étape vers un nouvel embrasement de la République centrafricaine (RCA) ? Les pronostics divergent alors que la capitale, Bangui, vit ses journées les plus sanglantes depuis plus d’un an. Selon une source au sein de la Croix-Rouge centrafricaine contactée à Bangui, le bilan pourrait s’élever à « une cinquantaine de morts et des dizaines de blessés victimes de tirs par balle ou de coups de machettes ».

Les violences ont éclaté dans la nuit de vendredi, après que la dépouille d’un jeune chauffeur de moto-taxi a été retrouvée à proximité de la mosquée Ali Babolo dans le quartier du PK5, dernier fief musulman de Bangui depuis les affrontements intercommunautaires meurtriers de 2013 et 2014. « Cet assassinat le jour de la Tabaski [nom wolof de l’Aïd el-Kebir] était une provocation, on ne pouvait pas ne pas réagir », témoigne un jeune du quartier joint au téléphone. Des groupes armés se sont alors lancés dans des opérations de représailles dans les zones chrétiennes de la ville. Ces attaques ont, à leur tour, entraîné la réaction de groupes proches des anti-balaka, les milices chrétiennes qui avaient chassé la Séléka du pouvoir début 2014.

« Chaos ambiant »

Depuis dimanche, la ville est le théâtre d’attaques et de scènes de pillages qui n’ont pas épargné les nombreuses ONG. Des véhicules de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) ont été caillassés. La gendarmerie, le ministère de la défense et la radio d’Etat ont également été ciblés malgré le couvre-feu décrété dimanche par le gouvernement.

Lundi matin, une manifestation a été dispersée par les casques bleus alors qu’elle se dirigeait vers le siège de la présidence. Trois manifestants auraient été tués. « Les responsables des casques bleus de la Minusca nient qu’ils aient ouvert le feu sur les populations », indique toutefois un bref communiqué de la mission des Nations unies dont le mandat, placé sous le chapitre VII, autorise les casques bleus à user de la force.

« La vie reprenait, ces derniers mois. Tout cela vient de s’effondrer. C’est haine contre haine et les paroisses sont de nouveau remplies de gens apeurés », constate Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui

Des employés de la Minusca à Bangui, cantonnés à leur domicile pour des raisons de sécurité, craignent d’être les prochaines cibles des groupes armés alors que des éléments de l’opposition demandent le départ de tous les soldats étrangers présents en RCA ainsi que de la mission de l’ONU.

« L’apparente coordination de certaines attaques et le moment choisi laissent penser que tout cela était préparé et répond à un agenda politique, avance un diplomate étranger. Mais dans le chaos ambiant, difficile d’identifier des interlocuteurs représentatifs. » Certains observateurs croient voir derrière ces violences l’esprit revanchard de personnalités liées à l’ancien président François Bozizé, qui vit en exil depuis qu’il a été déposé par les rebelles de la Séléka début 2013. D’autres pensent que certains milieux politiques engagés dans la transition politique cherchent à faire traîner ce processus pour conserver leur pouvoir. La présidente de la transition, Catherine Samba-Panza, est rentrée précipitamment de New York, où elle assistait à la 70e Assemblée générale des Nations unies.

« Ce cycle de vengeances »

« Il y a forcément des gens derrière ces groupuscules, remarque Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui. Il n’empêche que ce cycle de vengeances nous a surpris. La vie reprenait, ces derniers mois. Des musulmans en boubou revenaient dans le centre-ville. Tout cela vient de s’effondrer. C’est haine contre haine et les paroisses sont de nouveau remplies de gens apeurés. »

Beaucoup craignent désormais que ces violences se propagent au reste du pays. « Des signaux inquiétants nous arrivent de province », s’alarme ainsi Mgr Nzapalainga. L’Union européenne (UE), principal bailleur de fonds pour la reconstruction de ce pays ravagé par des décennies de guerre et autant d’incurie, a condamné les violences. « A l’approche des élections qui doivent se dérouler d’ici à la fin de l’année, l’UE rejette toute tentative de décourager les efforts en cours vers la stabilité », ajoute le communiqué.

Rien ne dit que cet appel sera entendu. Au contraire, la tenue du référendum constitutionnel prévu pour le 4 octobre, puis celle du scrutin présidentiel programmé deux semaines plus tard, sont aujourd’hui impossibles. D’autant qu’à la question de l’insécurité s’ajoute celle du recensement électoral, à peine amorcé.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.