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Climat : de COP en COP

Climat : la Chine met 3 milliards de dollars sur la table des négociations

L’Assemblée générale des Nations-unies a donné lieu ce week-end à des annonces importantes sur le climat : une contribution de 3,1 milliards de dollars au « Fonds vert » de la part de la Chine, des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Brésil et l’annonce par François Hollande d’augmenter de deux milliards d’euros les financements climat d’ici à 2020.

La session plénière de l’Assemblée générale des Nations-unies s’est déroulée à New York, du 25 au 27 septembre. Elle a paru consacrée à la situation syrienne. Mais le climat a aussi été un sujet de discussion. Vous n’avez rien suivi ? Reporterre revient pour vous sur les temps forts des trois derniers jours, importants pour la réussite de la COP 21 et la lutte contre le changement climatique.

3,1 milliards de dollars pour le « Fonds vert » annoncés par la Chine

Vendredi, le président chinois, Xi Jinping, a annoncé que la Chine abonderait le Fonds vert à hauteur de 3,1 milliards de dollars. Il s’est également engagé à mettre en place un marché national de quotas de CO2 dès 2017 et à diminuer ses soutiens aux énergies fossiles.

Xi Jinping, le président chinois.

Le président Barack Obama a pour sa part rappelé que son « Clean Power Plan » était finalisé, et devrait permettre au secteur états-unien de l’énergie de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % d’ici à 2030.

Fin novembre 2014, à Pékin, les deux plus gros pollueurs de la planète s’étaient accordés sur leurs objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre : une réduction de 26 à 28 % des émissions d’ici à 2025 par rapport à 2005 pour les Etats-Unis, et un pic d’émissions vers 2030 pour la Chine. Barack Obama s’était par ailleurs engagé en 2014 à verser 3 milliards de dollars au Fonds vert.

« Cette annonce renforce les perspectives d’un accord significatif et universel à Paris cette année, a salué Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations-unies. Il montre en outre la vision commune et l’inquiétude partagée par les deux plus grandes économies du monde, alors qu’elles évoluent vers un avenir faible en carbone. »

Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations-unies.

Ces déclarations ont également été applaudies par les observateurs. « Avec cet accord, il est clair que la Chine est prête à un être leader pour le climat, a estimé Li Shuo, analyste senior des politiques climatiques est-asiatiques de Greenpeace. Les vieilles excuses politiques pour l’inaction à Washington ne sont plus pertinentes. Sur la vague d’inspiration morale après la visite du Pape, les politiciens américains devraient relever le niveau de leur ambition. »

« En annonçant 3,1 milliards de financement climat, la Chine met les pays riches face à leur responsabilité, a pour sa part jugé Romain Benicchio, responsable de plaidoyer sur les négociations climatiques à Oxfam France. Seuls les pays développés, qui s’étaient engagés en 2009 à mobiliser cent milliards de dollars par an d’ici à 2020 afin d’aider les populations les plus vulnérables, sont normalement attendus sur la question. A l’heure d’aujourd’hui, les contributions de ces derniers sont pourtant encore très loin du compte. »

Le pape François, nouvelle star écolo

Vidéo du discours du pape François

Le pape François, en visite aux Etats-Unis, s’est exprimé vendredi 25 septembre à la tribune de l’ONU.

Le pape François et Barack Obama en mars 2014, au Vatican.

Il faut « que la conférence de Paris sur le changement climatique aboutisse à des accords fondamentaux et efficaces », a-t-il plaidé, soulignant que « chaque dommage à l’environnement est un dommage à l’humanité » et « la crise écologique peut mettre en péril l’existence même de l’humanité ».

Le déjeuner des chefs d’Etat sur le climat

Organisé dimanche par Ban Ki-moon, François Hollande et le président du Pérou, Ollanta Humala, il a rassemblé une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Objectif : discuter des contours de l’accord de Paris et des efforts que les Etats développés sont prêts à fournir en matière de financement, d’accès aux énergies renouvelables et de transfert de technologie vers les pays du Sud.

Ban Ki-moon, François Hollande et Ollanta Humala, le président péruvien.

Pays développés, émergents et pays en développement se sont partagé la table : Xi Jinping (Chine), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Dilma Roussef (Brésil), Evo Morales (Bolivie), Abdel Fatah Al-Sissi (Egypte), Angela Merkel (Allemagne), David Cameron (Grande-Bretagne) ou encore Anote Tong (République des Kiribati). Les chaises vides de quelques gros pollueurs, Vladimir Poutine (représenté par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov), Barack Obama et le premier ministre indien, Narendra Modi, ont toutefois laissé un goût amer aux convives.

La contribution du Brésil : 37 % d’émissions en moins en 2025

37 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2025 et 43 % en 2030 par rapport 2005 : tel est l’objectif du Brésil en matière d’atténuation, annoncé dimanche par Dilma Roussef.

Dilma Rousseff, la présidente brésilienne, à la tribune de l’ONU, en 2011.

Le pays compte par ailleurs s’approvisionner à 45 % en énergies renouvelables et mettre fin à la déforestation illégale. Ces quarante dernières années, 763 000 km² de forêt, soit deux fois la superficie de l’Allemagne, ont été détruits au Brésil.

Deux milliards de financement climat supplémentaires en 2020 promis par François Hollande

Lundi après-midi, François Hollande a déclaré que l’aide annuelle de la France aux pays pauvres pour la lutte contre le changement climatique augmenterait de 2 milliards de dollars d’ici à 2020.

« J’annonce ici que nos financements annuels de la France pour le climat qui sont de trois milliards d’euros aujourd’hui seront de cinq milliards en 2020 ». L’augmentation de l’aide sera constituée de prêts « mais aussi de dons ».

François Hollande, le président de la République.

Une promesse accueillie avec scepticisme par les associations. « La déclaration de François Hollande demeure incertaine : sa présidence se termine pour l’instant en 2017, et jusqu’à présent la tendance est inverse, a rappelé Nicolas Vercken, directeur études et plaidoyer d’Oxfam France. Depuis 2012, les budget d’aide publique au développement française ont été régulièrement sabrés, jusqu’à dix fois plus impactés par les coupes budgétaires que le budget général, pour atteindre un minimum de 0,36 % du revenu national, bien loin de l’engagement de 0,7 % pris par la France. »

L’adoption des dix-sept « Objectifs de développement durable »

Vendredi, 200 Etats membres de l’ONU ont adopté dix-sept nouveaux Objectifs de développement durable (ODD), avec, en premier lieu, l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim et l’accès à la santé. Ces ODD viennent remplacer les huit « Objectifs du millénaire pour le développement » (OMD), adoptés en 2000 et qui expirent cette année. En discussion depuis 2012, ils entreront en vigueur le 1er janvier 2016.

Ces nouveaux objectifs font la part belle à la lutte contre le changement climatique et à la protection de l’environnement. Ils comptent en effet le « recours aux énergies renouvelables », la « lutte contre le changement climatique », et la « protection de la faune et de la flore aquatiques » et « terrestres », alors que les OMD prévoyaient seulement de « préserver l’environnement », en septième position.

Reste le problème du financement de ces objectifs : le coût de leur mise en œuvre est évalué à plusieurs milliers de milliards de dollars, alors que le financement public du développement s’élevait à 239 milliards de dollars en 2014.

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