Un temps de président : un seul coupable, l'Élysée !

Pendant plus de deux heures, Yves Jeuland nous a ouvert les arrière-cours du pouvoir. Une plongée accablante, mélange de vanité et de vacuité.

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Gaspard Gantzer et François Hollande, lors d'un déplacement du président de la République.
Gaspard Gantzer et François Hollande, lors d'un déplacement du président de la République. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Évidemment, ce que l'on retient après avoir vu Un temps de président, c'est qu'en six mois François Hollande n'a pas pris une décision ! Trop occupé à manipuler la presse avec l'aide très efficace de son homme de main Gaspard Gantzer ; trop accaparé par les réunions avec ses conseillers ; trop pris par la réécriture interminable du discours qu'il va prononcer pour la remise des insignes de grand-croix de la Légion d'honneur à Jean d'Ormesson ; trop obnubilé par l'image et les mots qu'il va laisser en accueillant les otages, en parlant aux journalistes du Monde, en répondant aux interviews de France Inter.

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Ce que l'on retient aussi, c'est qu'à part deux secrétaires, aucune femme ne gravite dans l'orbite immédiate du président. La parité est réservée à la photo du gouvernement, pas aux collaborateurs du chef de l'État ! Ce que l'on retient également, c'est cet aréopage de députés socialistes venus discuter le bout de gras avec les conseillers du Palais et le chef de l'État. Celui-ci s'est-il souvenu de sa promesse de mai 2012 : « Moi président, je ne recevrai pas les parlementaires à l'Élysée » ?

Lieu anormal pour président anormal !

Tout cela est vrai et frappant. Mais moins que le piège et le mouroir que représente l'Élysée ! Les dorures Napoléon III, les lambris lourdement restaurés, les peintures chargées, les miroirs royaux, les enfilades de pièces et de boudoirs disent tout. Comment voulez-vous prendre une décision sereinement ? Comment voulez-vous rester au contact du terrain ? Pas étonnant que de jeunes énarques ne se sentent plus passer sous les portes pourtant hautes et larges du palais... Cette configuration du pouvoir mélange foire aux vanités et foire aux vacuités : une spécialité française...

Un président normal doit avoir un bureau, des locaux et un centre de décision normal. Avec des salles de réunion, des open space pour faciliter la circulation de l'information, un bureau où trônent les téléphones, les écrans de télévision, les armoires pour ranger les dossiers confidentiels, et pas une cheminée en marbre, des bronzes tarabiscotés et des huissiers à chaînes qui vous annoncent ! Vue du Faubourg-Saint-Honoré, la France semble irréformable et d'ailleurs son locataire – quel qu'il soit – ­ le veut-il vraiment, tant il lui est agréable de jouir des avantages de la fonction, tant il est hors sol, tant il est un roi qui toise ses sujets ? Le déjeuner au cours duquel la garde rapprochée de François Hollande prépare ses vœux du 31 décembre est emblématique. Dans une porcelaine fine entourée de couverts en vermeil posés sur une table ornée de bouquets de fleurs très « Ancien Régime », on se baffre. Entre deux « schlurps » et gargouillis d'estomac, l'un des convives songe aux mots qu'il faudra prononcer à destination des SDF. C'est à pleurer ! La parabole du pain et de la brioche ne se joue plus à Versailles mais à l'Élysée...

S'il veut marquer les dix-huit mois qui lui restent, François Hollande doit lancer le déménagement du centre névralgique du pouvoir. Un pays se gère comme une multinationale dans des locaux fonctionnels débarrassés de la pompe et de la tentation de flagornerie, tournés vers ses clients ou ses consommateurs, ici donc les citoyens. Cet Élysée est l'ultime souvenir de la monarchie. Nos présidents semblent s'y complaire, car il leur donne l'illusion du pouvoir, à défaut de vérifier quotidiennement l'efficacité de leurs décisions. Il faut déménager l'Élysée et en profiter pour amoindrir les relations incestueuses entre le pouvoir et la presse. Des journalistes qui prennent sous la dictée les phrases de com de l'exécutif, c'est accablant pour la profession. Michel Droit se serait bien amusé devant un tel spectacle...

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Commentaires (74)

  • rallod

    N'ayant as la télévision je ne peux exprimer mon point de vue que par ouïe dire
    Une vraie pantalonnade aux frais du contribuable.
    Ces frais viendront-ils en déduction des frais de campagnes quel qu'ils soient ?
    Toujours dans le paraître plus que dans le sérieux.
    Ce n'est pas que les Français ne le connaissent pas, ils le connaissent de trop
    Plus très loin d'un comportement de jardin d'enfants

  • Wxyz91

    Qui change son contenu et ses pensées le bel emballage de l'Elysee n'est pas responsable des pensées anormalement nulles d'un occupant normal comme sa propre parole et ceci est valable pour tout ses occupants conseillers, secrétaires et autres pour faire des réformes ou vouloir faire un changement de société il faut du courage et de la volonté et une idée rien de tout cela dans notre occupant du coffret qui lui est le reflet du travail et du savoir faire de nombreux artisans et maîtres d'œuvre de qualité chacun dans son art, notre occupant actuel nous lui demandons simplement de bien réfléchir et de prendre de bonne décision pour la France, ce n'est les murs, où les plafonds, où les tapis qui gouverne non !

  • kandar06

    Comme pour toute demande d'emploi afin de pourvoir à un poste, pourquoi un futur président ne ne devrait il pas présenter un C. V. , subir un entretien d'embauche ainsi qu'une période d'essai ?
    Dans ma carrière on me demandait avant tout de réussir le boulot !
    Suivez mon regard...