

Temps de lecture : 2 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
Ce mercredi se termine la mise aux enchères de meubles, tableaux, objets et bijoux vendus par les héritiers du comte et de la comtesse de Paris, parmi lesquels un fragment de manteau de Saint Louis ou la lanterne de l'espion royal et général vendéen Cadoudal. Mais les héritiers de la famille royale ne sont pas seuls à céder une partie de leur patrimoine pour financer des dépenses courantes. L'État français, qu'il soit gouverné par la droite ou par la gauche, fait la même chose depuis des années.
L'équation qui préside à ces ventes des bijoux de famille est des plus simples, et des plus attristantes : utiliser le produit des cessions de patrimoine comme recettes de poche. Un particulier qui agirait ainsi se retrouverait vite dans une impasse. Pas l'État, ou du moins pas tout de suite. Et le temps que son impéritie éclate au grand jour, le gouvernement a changé, si bien que les nouveaux responsables peuvent très facilement invoquer les erreurs commises par leurs prédécesseurs. Facile !
La dernière en date remonte à mars 2015, avec la vente de la participation de 4 % dans le groupe d'aéronautique et de défense Safran. Afin de colmater les trous dans le déficit public, ce qui est de nature à déplaire à Bruxelles, le gouvernement prive la collectivité des dividendes qui, chaque année, étaient versés par Safran. Le tout à un moment où les taux d'intérêt sont proches de zéro. Une opération qui non seulement ne rapporte pas, mais qui représente finalement un manque à gagner pour la collectivité. Les privatisations qui se sont déroulées depuis 1986 obéissent toutes à la même règle : jamais, ou si peu, l'argent qui en a été retiré n'a servi à financer des projets d'investissement.
L'exemple caricatural des autoroutes
À Découvrir
Le Kangourou du jour
Répondre
En 2005, François Bayrou avait dénoncé la cession de 9 000 des 12 000 kilomètres du réseau autoroutier à des opérateurs privés par Dominique de Villepin. D'une part, celle-ci s'est réalisée en catimini, sans aucun débat au Parlement comme la loi l'exigeait pour les privatisations. D'autre part, l'objectif consistait à s'octroyer deux années de facilités budgétaires – 15 milliards d'euros –, pour voguer confortablement jusqu'à la présidentielle de 2007. Depuis, l'État ne perçoit plus un centime des recettes de péage, qui représentent tout de même 8 milliards d'euros par an. Les sociétés concessionnaires, en revanche, réalisent des profits considérables, que l'Autorité de la concurrence a carrément qualifiés de rente dans un avis rendu en septembre 2014. On est loin de la saine gestion.
Mais un exemple plus ubuesque encore, relevé par la Cour des comptes dans son rapport public de 2008, concerne la vente des locaux de l'Imprimerie nationale, dans le 15e arrondissement de Paris. L'État a cédé ces immeubles au fonds d'investissement Carlyle pour 85 millions d'euros, avant de les racheter près de quatre fois plus cher quelques années plus tard. En comparaison, les héritiers de la couronne passent pour de petits joueurs !
"Les sommes générés par les convertis qui sont revenus de leurs paradis fiscaux pour acquitter leurs amendes et payer à ...nouveau leurs impôts en France ont rapporté 2 milliards d'euros" nous ont claironné sur tous les tons nos télévisions nationales... C'est très bien ! Sauf que, ce montant s'apparente approximativement aux pertes subies par notre gouvernement dans la sombre l'affaire des vedettes non livrées à la Russie de Poutine. Bénéfice égale zéro.
C'est le sens des affaires qui habite nos dirigeants épaulés par les hauts fonctionnaires, qui depuis une quarantaine d'années ruinent la France sans aucun souci ; il est donc nécessaire de continuer à brader allègrement notre patrimoine pour compenser l'impéritie de ce brave monde et maintenir le cap qui amènera nos descendants à vivre dans la république la plus démunie d'Europe.
le 26-10-2012
La description qu'un jeune énarque fait de son école rappelle les mots de l'historien Marc Bloch expliqu...ant la démission des élites en 1940. Glaçant.
Il vient de faire l’ENA. Et il a tiré de sa scolarité un livre titré « Promotion Ubu Roi », sous titré « Mes 27 mois sur les bancs de l’ENA ». D’entrée de jeu, on redoute un de ces témoignages amers dus à des diplômés qui se sont trompés d’orientation.
Merci Sophie, vous faites bien de souligner cette gestion scandaleuse. Il faudrait changer la comptabilité publique pour... que la Cour des comptes ait des éléments tangibles. Publier un bilan de l'Etat avec son patrimoine (ses fonds propres). L'endettement relatif serait intéressant à calculer grâce à cela aussi.