Sept personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées mercredi dans le sud de la Chine, dans une quinzaine d'explosions provoquées par des colis piégés dans des lieux publics, selon la police, qui a annoncé avoir interpellé un résidant de la ville.

Des immeubles de six étages aux façades éventrées, des voitures renversées, des rues jonchées de gravats ou encore des personnes ensanglantées sur des civières, dans des nuages de poussière grise: sur les réseaux sociaux chinois, de multiples clichés témoignaient de la violence des déflagrations.

Les explosions, survenues dans l'après-midi, ont frappé au moins 13 lieux différents dans le chef-lieu du district du Liucheng, un comté rural de la région du Guangxi, frontalière du Vietnam.

Des matières explosives dissimulées dans des colis transportés par des sociétés de messagerie sont à l'origine des déflagrations, a indiqué un responsable policier local, cité par la télévision centrale CCTV, évoquant «un acte criminel».

Parmi les bâtiments visés figuraient un centre commercial, une gare, un hôpital, un marché aux légumes, mais aussi une prison et un bureau du gouvernement local, selon le journal local Nanguo Zao Bao.

Les enquêteurs «ont rapidement identifié un suspect», un homme de 33 ans portant le nom de famille Wei et habitant dans une localité du district de Liucheng, a précisé en cours de soirée l'agence officielle Chine nouvelle, sur son compte de microblogues.

La police de Liucheng a annoncé peu après, lors d'une conférence de presse suivie par les médias étatiques, avoir arrêté ce suspect, mais sans se prononcer sur ses motivations ni sur la manière dont les différentes explosions ont été coordonnées.

Fracas et façade effondrée

Le portail d'informations Sina retranscrivait pour sa part quelques saisissants témoignages de riverains, dont celui de Chen Xi. Venu chercher sa fille dans une école primaire du centre-ville, il a alors vu un triporteur à large plateau - typique des campagnes chinoises - exploser devant l'hôpital voisin.

Puis, en moins de 600 mètres, le père, tenant son enfant «éploré» dans ses bras, a encore assisté à deux autres déflagrations successives sur son chemin, «à côté d'un centre gynécologique» puis d'un «centre de contrôle des épidémies»: «Nous avons vu un passant blessé au bras, gémissant sur le pavé», soulignait-il.

«J'étais dans ma boutique quand un énorme fracas a retenti, certaines fenêtres du magasin ont volé en éclats. Quand je suis sorti, j'ai réalisé que la moitié de l'immeuble d'en face s'était effondrée», a relaté pour sa part Li Acheng, un vendeur de primeurs du quartier de Dapu, cité par le South China Morning Post.

«Nous étions sous le choc. Tous les magasins ont été fermés et la ville est désormais sous couvre-feu», a-t-il ajouté. «J'étais terrorisé de voir autant d'attentats commis en l'espace d'une heure».

Signe de l'affolement général, une soixantaine de «colis suspects» ont été ultérieurement signalés aux autorités et étaient en cours d'examen, selon la police de Liucheng.

Veille de fête nationale

Ces explosions ont eu lieu à la veille de la fête nationale du 1er octobre, qui marque le début d'une semaine de congés durant laquelle les administrations et la plupart des entreprises cessent leurs activités.

S'il était difficile dans l'immédiat d'en savoir davantage, les attentats de Liucheng rappelaient cependant plusieurs cas d'attaques commises ces dernières années contre des bâtiments officiels par des citoyens s'estimant lésés par les administrations ou le gouvernement, en représailles ou dans le but d'attirer l'attention sur leur cas.

En 2013, un homme avait fait exploser plusieurs engins artisanaux dans le Shanxi (nord), faisant un mort devant le siège du Parti communiste de la capitale provinciale et blessant huit autres personnes. Chine nouvelle avait rapporté qu'il «voulait ainsi prendre sa revanche sur la société».

La même année, un vendeur de rue avait mis le feu à un bus public dans le Fujian (sud-est), tuant une trentaine de passagers et se donnant lui même la mort, suite à un différend avec les autorités locales.

Pour les citoyens chinois en butte aux pouvoirs publics, les procédures légales pour obtenir justice restent limitées et sont rarement couronnées de succès, les tribunaux restant soumis aux autorités politiques et étant l'objet de multiples pressions, les pots-de-vin et chantages n'étant pas rares.