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Rugby : bientôt l’essai à 6 points ?

Les championnats du pays de Galles et d’Australie expérimentent actuellement un nouveau barème de points censé favoriser les équipes « joueuses ».

Par  (Cardiff, pays de Galles)

Publié le 30 septembre 2015 à 19h04, modifié le 30 septembre 2015 à 19h25

Temps de Lecture 5 min.

Ceci pourrait bientôt valoir 6 points.

La révolution est actuellement en phase de test au Pays de Galles et en Australie. Depuis la fin de l’été, le championnat gallois de rugby – auquel ne participent pas les meilleures équipes du pays, qui jouent en Ligue celtique – et le championnat australien – idem, avec le Super Rugby – expérimentent un nouveau système de comptage des points : un essai en rapporte six ; une transformation, une pénalité ou un drop, deux. Si vous suivez la Coupe du monde qui se déroule en ce moment, vous avez dû vous apercevoir que le barème y était légèrement différent : chaque équipe empoche cinq points pour un essai, deux pour une transformation, et trois pour une pénalité ou un drop.

L’expérience, menée sous l’égide de la Fédération internationale de rugby (World Rugby), est évidemment censée inciter les équipes à pratiquer un jeu offensif, et à faire le maximum pour marquer des essais plutôt que d’engranger des points grâce à des pénalités qui hachent les matchs, reproche souvent adressé à ce sport. Avec ce nouveau système, tandis que trois pénalités (ou drops) permettaient jusqu’alors d’engranger plus de points (9) qu’un essai transformé (7), il en faut désormais quatre pour en marquer autant (8).

Voici un exemple d’essai à six points, le premier marqué au Pays de Galles, par l’ailier de Pontypridd Alex Webber lors d’une victoire 68-32 à Llanelli, le 5 septembre. C’est un essai normal. Mais il vaut six points.

Pas avant 2017 en France ou en test-match

Joueurs, entraîneurs, supporters, arbitres et médias seront consultés dans le courant de l’année prochaine par un groupe d’étude chargé de recueillir leurs impressions, et dans lequel figure notamment Didier Retière, ancien entraîneur-adjoint de l’équipe de France aux côtés de Marc Lièvremont (2007-2011). C’est en novembre 2016 que ce groupe d’étude conseillera aux dirigeants de World Rugby de faire expérimenter les nouvelles règles à l’ensemble du rugby mondial, ou de les laisser de côté. Toute expérimentation à l’échelle planétaire débuterait en janvier 2017 dans l’hémisphère sud, et en août de la même année dans l’hémisphère nord. Et c’est en novembre 2018, si elles donnent satisfaction, que les nouvelles mesures pourraient être définitivement entérinées.

S’il devait finir par être validé, ce changement ne serait que le dernier d’une longue liste d’évolutions du comptage des points en rugby, qui sont toujours allées dans le même sens : plus pour l’essai, moins pour les coups de pied. Aux origines du jeu, au XIXe siècle, inscrire un essai rapportait… zéro point : écraser le ballon au sol derrière la ligne d’en-but adverse donnait simplement à l’équipe qui y était parvenue un « essai », c’est-à-dire le droit de tenter d’envoyer, au pied, le ballon entre les poteaux, ce qui rapportait un point.

Ce n’est qu’en 1886 que le fait d’aplatir commença à être récompensé : un point, et trois de plus en cas de transformation réussie. Deux ans plus tard, l’essai rapportait deux points, la transformation trois. En 1894, on inversa les valeurs : trois points pour un essai, deux pour la transformation, puis quatre et deux à partir de 1971, et enfin cinq et deux, le système actuel, en 1992. Par ailleurs, un drop valait quatre points à son apparition en 1906 avant de passer à 3 points en 1948 ; la pénalité, apparue en 1888, a toujours valu trois points.

Le Japon n’aurait pas battu l’Afrique du Sud

Les sceptiques jugent inutile une éventuelle évolution, arguant que, lors du passage à l’essai à cinq points, on expliquait déjà qu’il s’agissait de rendre le rugby du futur plus fluide et moins sujet aux arrêts de jeu. Certains redoutent également que les défenses soient tentées de hacher encore plus le jeu en commettant des fautes, quitte à offrir à l’adversaire des pénalités faciles, plutôt que de prendre le risque d’encaisser un essai – mais il pourrait alors pleuvoir des cartons jaunes, synonymes d’exclusion temporaire. Enfin, on peut s’interroger sur la volonté de dévaluer le drop, dont on peut estimer qu’en plus d’être une prouesse technique, il récompense en général une attaque patiemment construite, et ne se contente pas de sanctionner une faute de l’adversaire.

Quoi qu’il en soit, le Japon peut se réjouir que le nouveau barème ne soit pas déjà en vigueur pour la Coupe du monde : sa victoire historique contre l’Afrique du Sud, en ouverture du tournoi (34-32), se serait transformée en une courte défaite sur le score de 32-34, à savoir trois essais (18 points), deux transformations (4) et cinq pénalités (10), contre quatre essais (24), trois transformations (6) et deux pénalités (4) pour les Springboks. La France, elle, peut regretter que les nouvelles lois expérimentées n’aient pas existé lors de la dernière Coupe du monde, il y a quatre ans : au lieu de s’incliner 8-7 en finale face à la Nouvelle-Zélande (un essai non transformé et une pénalité pour les Blacks, un essai transformé pour les Bleus), elle aurait obtenu un match nul (8-8), et des prolongations.

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