
« Il n’y a pas d’amélioration de la situation des jeunes diplômés en 2015 ! Ni pour ceux qui ont un emploi ni pour ceux qui n’en ont plus », a déclaré, mercredi 30 septembre, Jean-Marie Marx, le directeur général de l’APEC en présentant les conclusions de l’étude « Jeunes diplômés 2015 » de l’Association pour l’emploi des cadres, portant sur l’insertion professionnelle des Bac + 5 et plus de la promotion 2014, âgés de 20 à 30 ans.
Taux d’emploi au plus bas depuis cinq ans
L’association constate une fragile stabilité du taux d’emploi. Un an après l’acquisition de leur diplôme, 62 % des jeunes diplômés de niveau bac + 5 ont un emploi, contre 61 % pour la promotion précédente. C’est le taux le plus bas observé depuis cinq ans. Il était de 72 % en 2010.
Les jeunes diplômés rejoignent le marché de l’emploi relativement vite, car « le taux d’emploi s’améliore tout au long des mois qui suivent la période d’observation réalisée moins d’un an après l’obtention du diplôme ». Mais la proportion de diplômés recherchant un nouvel emploi augmente (de 8 % à 10 %), traduisant un recul de l’emploi stable.
« La situation est assez proche de celle de 2009 », commente Jean-Marie Marx. À la différence près que le marché des cadres s’est légèrement amélioré depuis cinq ans. Il y a eu quelque 15 000 recrutements de cadres de plus en 2015 qu’en 2014. Mais « les jeunes diplômés ne profitent pas de ce léger mieux, note-t-il.
Le directeur général de l’APEC avance trois raisons pour expliquer cette situation défavorable aux jeunes diplômés : « La première est qu’une entreprise sur trois seulement souhaite recruter des débutants car elles préfèrent minimiser les risques en se reportant sur des profils plus rapidement opérationnels ; la deuxième raison est que le nombre de diplômés sortants augmente chaque année, particulièrement en Master 2 ; et enfin la troisième explication est l’effet cumulatif : les non-recrutés de la promotion précédente leur sont prioritaires. »
Inégalités à l’embauche
Le deuxième enseignement de l’année 2015, est que les conditions d’emploi des jeunes diplômés se sont fortement dégradées, signale l’APEC, avec un accroissement des inégalités à l’embauche. Sur la rémunération, comme sur la durée de recherche d’emploi.
Celle-ci augmente un peu pour tous et beaucoup pour certains. Les jeunes diplômés mettent en moyenne 2,7 mois pour décrocher un contrat contre 2,3 mois pour leurs aînés, tandis que la durée médiane est de 2 mois.
Ils sont de moins en moins recrutés avec le statut cadre (57 % contre 62 % l’année précédente) et les salaires diminuent : un peu pour tous et beaucoup pour certains. Les jeunes diplômés sont rémunérés autour d’un smic et demi avec un salaire annuel brut moyen de 26 500 euros (contre 28 700 en 2014), mais un salaire médian de 25 700 (contre 29 400).

« Le salaire est en baisse nette d’une promotion à l’autre, mais les employeurs ne jouent plus à faire du yoyo sur les niveaux de salaire en fonction de la conjoncture, comme par le passé, les inégalités sont liées au fait que l’on n’est pas sur le même type de contrat », explique Pierre Lamblin, directeur du département études et recherches de l’APEC.

A l’image de l’ensemble du marché du travail, les jeunes diplômés sont en effet un peu moins embauchés en contrat à durée indéterminée (CDI) et davantage en contrat à durée déterminée (CDD). Le CDI reste toutefois majoritaire, mais tout juste : il représente 50 % des embauches, en chute de 9 points sur un an, tandis que dans le même temps les recrutements de jeunes diplômés en CDD augmentent de 9 points et passent de 34 % à 43 %.

Les diplômés universitaires moins bien lotis
L’inégalité sur la nature du contrat est liée à la formation initiale. Les ingénieurs diplômés et les titulaires d’un diplôme d’école de commerce sont embauchés en CDI à plus de 70 %, alors que les universitaires (master ou docteurs), sont majoritairement en poste sur des contrats non pérennes.
« Certains diplômés semblent bénéficier d’avantages cumulatifs (CDI, statut de cadre, rémunération plus élevée), alors qu’à l’inverse d’autres vivent une situation moins favorable. Se dessine alors une sorte de fracture entre les jeunes diplômés : l’opposition CDI-CDD se prolonge par des conséquences en termes de statut dans l’emploi, de salaire et, pour certains, une sous-qualification perçue des emplois », conclut l’APEC.
Enfin « 44 % des Bac + 5 et plus déclarent être prêts à reprendre des études », remarque Pierre Lamblin. Serait-ce une preuve de plus de leur lucidité sur l’état du marché du travail ?
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