L'armée afghane a repris Kunduz aux talibans

Les forces afghanes ont repris jeudi la grande ville de Kunduz aux rebelles talibans après une occupation longue de trois jours qui a mis en lumière les graves défaillances de cette armée désormais seule face aux insurgés islamistes.

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L'armée afghane a repris Kunduz aux talibans
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Les forces afghanes ont repris jeudi la grande ville de Kunduz aux rebelles talibans après une occupation longue de trois jours qui a mis en lumière les graves défaillances de cette armée désormais seule face aux insurgés islamistes.

Cette étape, pour significative qu'elle soit, est cependant loin de marquer une victoire sur le long terme de Kaboul contre les talibans, à l'origine d'une sanglante guérilla qui dure depuis la chute de leur régime il y a près de 14 ans.

La prise de Kunduz, un important verrou sur la route du Tadjikistan, lundi en seulement quelques heures, puis son occupation par les insurgés sont un très grave revers pour le président Ashraf Ghani, en place depuis tout juste un an, et les forces armées, seules en première ligne depuis la fin de la mission de combat de l'Otan en décembre dernier.

L'Alliance ne compte plus que 13.000 soldats en Afghanistan, cantonnés à un rôle de conseil et de formation. Mais, face à la débâcle des troupes afghanes, des soldats allemands, américains et britanniques des forces spéciales ont été envoyés à Kunduz. L'armée américaine a également procédé à plusieurs frappes aériennes, un appui crucial.

Jeudi matin, les forces spéciales afghanes contrôlaient Kunduz, selon Sediq Sediqqi, porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, sur Twitter. Le vice-ministre de l'Intérieur, Ayoub Salangi a lui affirmé que Kunduz a été reprise à la faveur d'une "opération spéciale" au cours de laquelle d'intenses combats ont fait rage.

D'après un habitant, des combats sporadiques se déroulaient toujours jeudi matin dans certains quartiers, et les corps sans vie de combattants talibans jonchaient les rues de la ville.

Sur un terrain plus symbolique, Abdul Rahman, un habitant, a affirmé que le drapeau tricolore de l'Afghanistan avait remplacé la bannière blanche frappée de la chahada, la profession de foi musulmane, des talibans, hissée sous les vivats des insurgés lundi sur la place principale de Kunduz. "Les talibans ont encaissé de lourdes pertes pendant la nuit", a-t-il ajouté.

Au cours des trois jours d'occupation, qui a poussé des milliers d'habitants à fuir, la perspective d'un retour au régime fondamentaliste mis en place par les talibans à l'époque où ils dirigeaient l'Afghanistan (1996-2001) en a effrayé plus d'un, notamment les femmes. Les magasins sont restés fermés, la nourriture a commencé à manquer et dans de nombreux quartiers l'eau et l'électricité étaient coupées.

La prise de Kunduz, avec ses 300.000 habitants, a eu un impact symbolique d'autant plus grand qu'elle est intervenue tout juste un an après l'avènement du gouvernement d'union nationale d'Ashraf Ghani, élu sur la promesse de ramener la paix dans son pays déchiré par plus de 30 ans de conflit.

Elle constitue le premier grand succès du nouveau chef des talibans, le mollah Akhtar Mansour, nommé cet été après l'annonce tardive de la mort (apparemment début 2013) du mollah Omar, et dont l'autorité avait depuis été mise à mal par des divisions internes.

Mais les insurgés semblent galvanisés par cette "grande victoire", comme ils l'ont appelée. Le responsable taliban installé au Pakistan a affirmé qu'ils projetaient d'"étendre la guerre à d'autres régions. Kaboul n'est qu'à 340 km (de Kunduz). Si nous avons réussi à prendre Kunduz, Kaboul ne sera pas plus difficile à prendre".

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