Les émissions réelles de CO2 de voitures immatriculées en 2014 en Europe ont été en moyenne de 40 % supérieures aux chiffres des constructeurs, affirme un rapport de l'ONG Transport & Environment.
En plein scandale Volkswagen, l'étude tombe au plus mal pour les constructeurs automobiles. Les voitures européennes consommeraient plus et donc pollueraient davantage que ce qu'annoncent les étiquettes. Pire, cet écart entre la réalité et la plaquette ne cesse de s'accentuer d'année en année, affirme l'ONG belge Transport & Environment (T&E) !
En moyenne, la consommation réelle de carburant et donc les émissions de CO2 seraient supérieures de 40 % aux chiffres des constructeurs, en 2014 en Europe. Contre 31 % en 2012 et à peine 8 % en 2001, selon le rapport annuel de cette ONG.
« Ce n'est plus un fossé, c'est un gouffre », affirme l'association, qui se fonde notamment sur les déclarations de consommation de 12.500 automobilistes. « Le système de test des voitures destiné à évaluer l'économie de carburant et les émissions de CO2 (dommageables pour le climat) est discrédité », ajoute-t-elle.
Des données qui ne surprennent pas l'Agence française de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Pour Johan Ransquin, de l'Agence, sur le CO2, « il y a nécessairement un écart entre ce qu'on va mesurer » dans les tests en laboratoire et la réalité. « Mais ce qui nous gêne c'est que cet écart grandit avec le temps », ajoute-t-il. « En général, on s'accorde à dire qu'il y a entre 20 à 30 % d'écart », précise le chef de service Transports et mobilités de l'Agence. S'il n'est pas surpris par le chiffre de 40 %, il met toutefois en garde sur les difficultés d'une évaluation. L'Ademe a d'ailleurs lancé un appel à projets baptisé « Dust » pour tenter de mesurer la consommation des véhicules via des boîtiers installés à bord.
En attendant, l'ONG T&E en appelle aux gouvernements européens et plaide pour une extension des « enquêtes aux tests de CO2 et aux véhicules à essence ».
Du côté des constructeurs, PSA Peugeot Citroën n'a pas souhaité commenter cette étude, faute d'information sur sa méthodologie. Un porte-parole a assuré que le groupe était « engagé dans la réduction de la consommation » de ses modèles qui « se traduit au quotidien par des niveaux de consommation en très nette baisse d'une génération de véhicules à l'autre ».
Le constructeur allemand Daimler a lui mis en doute le « sérieux » de l'étude. « Les auteurs de l'étude n'ont pas indiqué combien de voitures Mercedes ont été testées, et d'ailleurs n'importe qui peut aller ajouter des données sur le site Spritmonitor », a déclaré Matthias Brock, responsable de la communication du service de recherche et développement du constructeur.