Italie: un enfant de 11 ans fait trembler la mafia calabraise

Des gardes devant l'entrée du service de police antimafia, à Rome. - Andreas Solaro - AFP
Le fils de Gregorio Malvaso, membre du clan de la dangereuse 'Ndrangheta et placé en détention préventive, dévoile des secrets bien gardés. Âgé d'à peine onze ans, l'enfant est devenu le plus jeune collaborateur dans l'histoire judiciaire de la lutte contre la mafia, rapporte Libération.
"Mon papa faisait partie de ce clan. Le chef était Nando Cimato. On savait que c'était lui qui donnait les ordres", a commencé à raconter le garçon aux enquêteurs, avant de livrer des déclarations précises qui pourraient s'avérer "déterminantes" pour l'enquête, selon la justice.
"C'est un revendeur de drogue, il flingue"
L'affaire a commencé lorsque le père du garçon, Gregorio Malvaso, âgé de 37 ans, a été arrêté l'an dernier, lors d'une opération anti-mafia. La mère de famille, qui se trouvait dans l'appartement familial lors de l'arrestation, a tenté de cacher de la drogue dans ses sous-vêtements. Interpellée pour complicité, elle a fini par accepter de collaborer avec la police lorsqu'elle a découvert que son mari avait réquisitionné son fils de 11 ans pour préparer des doses de drogue, raconte encore Libération, citant le quotidien italien La Repubblica.
Interrogé à son tour par les enquêteurs, l'enfant les a stupéfaits en livrant de nombreux détails sur la 'Ndranghetha. "Bien sûr que je sais ce que fait un mafieux, il revend de la drogue, il flingue, c'est normal. (...) Papa faisait ce qu'il voulait dans le clan. C'était le bras droit du chef", peut-on lire dans un extrait de sa déposition publiée dans la presse italienne.
"J'ai vu de la poudre blanche"
"J'ai vu la drogue, les armes, surtout des armes de poing mais pas de fusil. La drogue, j'en voyais tout le temps dans le garage, mais jamais ailleurs. Parfois c'était de l'herbe, parfois c'était de la poudre blanche, je ne sais pas comment ça s'appelle", a encore expliqué l'enfant aux policiers, précisant que son père cachait des sachets de cette poudre "derrière l'autoradio".
Si ces révélations sont confirmées, l'enfant, surnommé "Nicola" par la justice et par la presse, un faux prénom pour protéger son identité, pourrait devenir le plus jeune repenti de la mafia. Lui et ses proches vivent désormais sous protection policière, et si un procès venait à se tenir dans les prochains mois, il pourrait avoir à affronter son père à la barre.