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L’épidémie d’héroïne, nouvel enjeu des élections américaines

À 10 dollars la dose, l’héroïne a envahi les États-Unis, soulevant de sérieux enjeux sanitaires auxquels cherchent à répondre les candidats à la présidentielle.

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Publié le 30 septembre 2015 à 20h35, modifié le 03 octobre 2015 à 05h51

Temps de Lecture 3 min.

Des seringues utilisées pour s'injecter de l'héroïne par des personnes dépendantes, suivies dans une clinique du Vermont.

C’est l’un des sujets de la pré-campagne pour l’élection présidentielle de 2016. Mais ce n’est pas forcément celui sur lequel, à un an du scrutin, les différents candidats aux primaires, chez les démocrates et chez les républicains, s’attendaient à être interrogés et à devoir répondre : l’héroïne s’est imposée au cœur des débats.

L’explosion de son usage – au point que l’on parle d’épidémie aux Etats-Unis – a fait que ce sujet est devenu un enjeu de santé publique et se trouve largement commentée par la presse américaine. La candidate démocrate Hillary Clinton s’en étonne elle-même : elle ne pensait pas être interrogée si tôt sur sa politique pour lutter contre l’addiction aux drogues, comme le souligne USA Today.

Hillary Clinton a donc annoncé, courant septembre, un plan de 10 milliards de dollars pour endiguer la montée de l’utilisation de l’héroïne dans les campagnes américaines. Rand Paul, Donald Trump, Chris Christie... plusieurs candidats à la Maison Blanche se sont également exprimés sur le sujet, comme le détaille la chaîne d’information CBS.

Quand il a annoncé officiellement son entrée en campagne, avant l’été, le républicain Donald Trump avait dénoncé le Mexique comme grand fautif de l’expansion des drogues sur le territoire américain, dans des propos particulièrement durs :

« Lorsque le Mexique envoie son peuple [aux Etats-Unis], il n’envoie pas le meilleur. Il envoie des gens qui ont beaucoup de problèmes, et ils apportent ces problèmes chez nous. Ils apportent de la drogue. Ils apportent la criminalité. Ils sont des violeurs. »

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De fait, rapporte le Washington Post dans un reportage multimédia très complet, les cartels mexicains ont inondé le marché américain, « imposant presque une discipline d’entreprise ». Le quotidien retrace l’itinéraire d’une mule, avalant 1 kg de poudre emballée dans du film transparent et la faisant passer en 37 heures seulement du centre du Mexique à l’est des Etats-Unis, dans des villes de taille moyenne comme celle de Dayton, environ 150 000 habitants, dans l’Ohio.

Le nombre de consommateurs en hausse de + 150 % en six ans

A 10 dollars (environ 9 euros) la dose aux Etats-Unis, la consommation de cet opioïde explose. Les Américains l’utilisent comme antidouleur, explique le Time. L’héroïne est alors préférée aux analgésiques classiques car elle ne requiert pas de prescription médicale, est moins chère et tout aussi apaisante.

En 2013, plus de 500 000 Américains ont déclaré avoir utilisé de l’héroïne dans les dernières années, soit une augmentation de 150 % en six ans, rapporte The Verge, faisant référence à une étude publiée en juillet par le Centre américain de prévention et de contrôle des maladies (CDC).

Une telle consommation soulève de sérieux enjeux de santé publique. Selon des chiffres de la Maison Blanche, en 2011 plus de 250 000 visites à des centres d’urgences hospitaliers étaient liées à un abus d’héroïne. Dans le comté de Montgomery, où se situe Dayton, 127 overdoses ont été recensées pour la seule année 2014, et les décès liés à une consommation d’héroïne ont augmenté de 225 % depuis 2011.

Le traitement médicalement assisté, voie de sortie ?

Face à l’ampleur du phénomène, comment sortir de cette crise ? Outre le contrôle des frontières et la lutte contre les cartels mexicains, le traitement médicalement assisté pour aider les toxicomanes à sortir de leur dépendance est régulièrement cité comme une option dans la presse.

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Ainsi pour Politico, qui se demandait en 2014 comment l’Etat du Vermont avait pu devenir la capitale de la drogue aux Etats-Unis, l’absence de cet accompagnement médical dans les prisons américaines est une des causes du problème. Avec 2,2 millions de détenus adultes dans les prisons locales et les prisons d’Etat et fédérales, dont environ 300 000 qui ont des antécédents de dépendance à l’héroïne, les approches actuelles « sont un échec » et les détenus « retournent à la société aussi dépendants qu’ils l’étaient en arrivant en prison », condamne le magazine.

Pour autant, l’annonce, le 17 septembre par l’administration Obama, d’un assouplissement de la réglementation sur la prescription par les médecins d’un traitement médicamenteux à base de buprénorphine – ils pourront le faire plus largement – « marque un tournant », estime le Huffington Post.

La préoccupation grandissant aux Etats-Unis, le monde du show-business américain s’est lui-même emparé de la question. Le médiatique docteur Mehmet Öz, ancien chroniqueur santé dans l’émission d’Oprah Winfrey, animera un plateau sur le sujet à l’occasion d’une journée consacrée à l’addiction, organisée par une coalition d’associations américaines et qui rassemblera 600 organisations à Washington dimanche 4 octobre.

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