On a désespérément tenté de trouver «les auteurs de ce plan de table» comme l’a chanté Vincent Delerm. Mais ce «Carré» (ou la «Corbeille» pour les plus anciens) qui réunit la crème de la crème au Parc des Princes, autour de Nasser Al-Khelaïfi, s’entoure d’un halo de mystère dès qu’il s’agit de révéler sa cuisine. Peut-être aussi parce que rien n’est figé, surtout un jour de PSG-OM, même si Nicolas Sarkozy bénéficierait, de manière officieuse, d’une place attitrée. A la gauche du prince, c’est amusant.
Tous les autres peuvent bouger d’un siège ou, pire, d’un rang, ce qui s’apparente, chez certains, à être déshérités car plus vous vous éloignez de l’épicentre Nasser et moins vous avez de l’importance. Donc, ce dimanche soir, à 20h59, quand le président parisien, tendu, attendra que tout le monde soit assis pour prendre place au cœur du Carré, il n’est pas interdit que la belle mécanique parisienne se mette en branle, en toute discrétion, pour «caser» un politique, un people ou un chef d’entreprise, (auto-) invité de dernière minute.

La visite impromptue de Bernard Tapie
Une souplesse que Valérie de la Rochebrochard, grand manitou de cette Corbeille de 1992 à 2004, a éprouvée des dizaines de fois. «Un jour, Bernard Tapie, qui n’était plus président de l’OM depuis un moment, a débarqué à l’improviste et la sécurité n’a pas osé l’arrêter. Il m’a demandé de le placer dans un endroit où on ne le verrait pas. Je lui ai proposé de s’allonger entre deux rangées et de lui donner le résultat au fil du match. Cela l’a fait rire.»
Vincent Labrune n’a pas les mêmes exigences mais a pris l’habitude, lui, de ne pas forcément s’asseoir à côté de son homologue parisien pour une meilleure gestion de ses émotions. Le match de ce dimanche soir permettra d’y voir plus clair sur l’importance des uns et des autres, sachant que l’affiche plus nationale qu’internationale ne devrait pas attirer Monica Belluci, Di Caprio ou Beyoncé.
«Il existe un ranking, explique un habitué qui a reçu son invitation lundi dernier. Par ordre d’importance, il y a les politiques, les patrons d’entreprises et ensuite les médias, les people…» Nasser garde un œil sur la composition du plan de table avec plus d’assiduité lors des grandes affiches, européennes notamment.

Avec des politiques de tous bords et des chefs d’entreprise parfois concurrents, le moindre mauvais placement peut tourner à l’incident diplomatique. Même si le PSG, sur ce plan, s’est professionnalisé depuis quelques années. Cet été, lors de la réception du Gazelec Ajaccio, la Corbeille était pleine après que les services du club eurent arrosé les boites mail pour rapatrier les habitués. Un week-end du 15 août, c’est un exploit même si le PSG aime bien faire lanterner ses supporters de luxe.
«Ils ne te disent jamais à l’avance si tu vas en être ou pas. Tu demandes une place, tu attends leur retour…» Dans quelques heures, le casting du Carré, passé de 146 places à 224 cette saison après quelques travaux, sera bouclé. Majoritairement des passionnés de football. Quelques opportunistes aussi mais ceux-là, on les repérera vite: ils déserteront le Parc le 28 novembre prochain. Ce sera PSG-Troyes.