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Comment maintenir, envers et contre tout, le chiffre des 50 milliards d'économies de 2015 à 2017 ? Pour continuer à afficher ce symbole politique – ni trop laxiste, ni trop rigoriste aux yeux du gouvernement –, les experts de Bercy se livrent à des acrobaties de plus en plus périlleuses.
La présentation du budget 2016, mercredi dernier, en a offert une nouvelle illustration. Michel Sapin a tout bonnement expliqué que les économies sur la dépense publique en 2015 n'atteindraient finalement pas les 21 milliards promis. Elles se limiteront à 18,6 milliards. Le revirement est brutal. Jusque-là, le ministre des Finances s'était accroché envers et contre tout à la première marche de son plan de 50 milliards, quelles que soient les circonstances. Lorsqu'il avait constaté que l'inflation n'atteindrait pas le niveau attendu au moment du vote du budget (ce qui réduit les économies liées au gel de prestations ou de la rémunération des fonctionnaires), il avait même promis des mesures supplémentaires pour compenser. Las ! Elles n'ont visiblement pas été suffisantes pour préserver les 21 milliards d'économies.
De 14,5 milliards à 16 milliards d'un claquement de doigts
Mais le revirement du ministre est passé comme une lettre à la poste. D'abord parce qu'il a maintenu sa prévision de déficit pour la fin de l'année à 3,8 %. Ensuite parce qu'il a annoncé davantage d'économies en 2016 et 2017 pour compenser. Celles-ci ont été augmentées à 16 milliards en 2016 et 15,4 milliards en 2017 contre 14,5 milliards par an. Ouf : le chiffre magique de 50 milliards reste d'actualité !
Aucune nouvelle coupe concrète de dépenses n'a pourtant été annoncée. Et pour cause. Malgré l'affichage gouvernemental, l'effort sur les dépenses n'augmentera pas par rapport à ce qui était prévu en 2016. Bien au contraire ! En avril, dans sa trajectoire budgétaire présentée à Bruxelles, le gouvernement promettait que la progression de la dépense publique serait contenue à 1,1 % du PIB. Soit une hausse réelle de 0,1 %, compte tenu d'une inflation de 1 %. Le budget 2016 prévoit désormais une hausse de… 0,3 % alors que la prévision de croissance reste identique !
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Cet autre indicateur sur la réalité des économies a le mérite de montrer que la dépense publique ne baisse pas vraiment, malgré le plan de communication des 50 milliards. Elle ne fait que ralentir, même s'il faut reconnaître que la modération atteint un niveau sans précédent (en 2015, la dépense publique doit encore augmenter de 0,9 %). "Le chiffre de 50 milliards, comme les 100 milliards de la droite, c'est du pur marketing", résume un expert.
Au-delà des artifices de communication sur les 50 milliards, la véritable question reste donc de savoir si le gouvernement est en mesure de tenir ses engagements. L'État va devoir compenser des dépenses nouvelles sur les effectifs de sécurité, le service civique, les contrats aidés, les aides agricoles, l'aide aux migrants ou à l'investissement local par des économies qui restent insuffisamment "documentées" aux yeux du Haut Conseil des finances publiques, chargé de contrôler les engagements budgétaires. Par ailleurs, le taux de progression des dépenses d'assurance maladie, fixé à 1,75 %, "apparaît incertain", préviennent des experts, car un tel ralentissement va nécessiter "des évolutions structurelles concernant notamment la dépense hospitalière et la maîtrise médicalisée des dépenses de soins de ville". Autre incertitude, la compression des dépenses des collectivités locales, qui s'administrent librement. L'atteinte des objectifs dépend enfin de la bonne volonté des partenaires sociaux qui doivent tailler dans le régime d'indemnisation chômage et les retraites complémentaires.
En annonçant certains chiffres qu'il s'amuse à changer quelques jours plus tard notre gouvernement essaie d'endormir le ...peuple français mais il faut espérer qu'il y aura une rédition des comptes en fin de mandat et que tout sera mis sur la table pour savoir ou nous en serons arrivés exactement !
C'est la dernière carte qui reste à ce gouvernement. Nous ne connaîtrons la triste réalité qu'en 2017, avant ce sera le ...grand flou !
Savoir mentir.