
POLITIQUE - C'est à s'y méprendre. Si l'on ne regarde pas attentivement, impossible de faire la différence (sur le papier) entre le référendum lancé il y a quelques jours par le Parti socialiste de Jean-Christophe Cambadélis et celui dont plusieurs membres de la gauche de la gauche ont pris l'initiative lundi 5 octobre.
Mêmes dates (du 17 au 19 octobre), même charte graphique (inspirée de Monoprix, sourient les internautes)... l'esprit de trolling a été poussé au maximum par Julien Bayou, porte-parole d'EELV qui a initié le processus avec Elliot Lepers, ancien conseiller d'Eva Joly et Caroline de Haas, militante féministe et ex-conseillère de Benoït Hamon et Najat Vallaud-Belkacem.
Alors que le PS organise une consultation du peuple de gauche pour savoir s'il est favorable à une alliance du PS et d'EELV dès le premier tour des régionales de décembre, ce référendum de la gauche doit permettre aux électeurs de François Hollande en 2012 de répondre à la question suivante: "Souhaitez-vous que le gouvernement mène une politique de gauche?"
C'est que les deux camps s'opposent sur la manière d'affronter le Front national. Pour le PS, seule l'unité peut sauver la gauche de gouvernement tandis que ces militants de la gauche de la gauche pensent que c'est la diversité des listes au premier tour qui pourra faire revenir les électeurs déçus.
"Nous sommes effarés de voir que le Parti socialiste se lance à nouveau dans le chantage au Front national comme si les débats à gauche faisaient plus monter le score du FN qu'un gouvernement qui tourne le dos à tous ces engagements", écrivent Julien Bayou, Elliot Lepers et Caroline de Haas dans un communiqué. "Il n'y a pas de risque de victoire de je ne sais qui au premier tour", précise Julien Bayou qui, au lieu de "culpabiliser les électeurs" de gauche, entend "les faire revenir aux urnes".
Cambadélis maintient son analyse
"La question de l'unité à gauche est posée", a maintenu Jean-Christophe Cambadélis lundi sur LCI et Radio Classique. "Si les écologistes réagissent de cette façon-là en essayant de détourner notre référendum, c'est qu'ils ont parfaitement compris que l'électorat écologiste ne comprend pas cette alliance avec Jean-Luc Mélenchon, qui détourne l'écologie de ses buts, qui vise simplement à essayer de construire une alternative sur notre gauche". Une référence aux listes EELV qui s'allient avec le Front de gauche dans plusieurs régions, dont le Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Mais un sondage publié fin septembre, quand l'idée de ce référendum a été lancée, montre que les Français ne croient pas à un résultat positif. 72% des personnes interrogées par Elabe pour BFMTV et Le Parisien estiment qu'il ne permettra pas de rassembler efficacement la gauche.