ESPACERéchauffer Mars avec des bombes nucléaires, un rêve pas très éveillé

Réchauffer Mars avec des bombes nucléaires, un rêve pas très éveillé

ESPACELe milliardaire Elon Musk, passionné d'espace, a une nouvelle fois détaillé son idée ce week-end...
Détail d'une photo de la planète Mars prise par la sonde Mars Express le 25 février 2015, diffusée le 10 septembre par l'Agence spatiale européenne.
Détail d'une photo de la planète Mars prise par la sonde Mars Express le 25 février 2015, diffusée le 10 septembre par l'Agence spatiale européenne. - Agence spatiale européenne
Nicolas Bégasse

Nicolas Bégasse

Il persiste et signe : on peut réchauffer la planète Mars grâce à des bombes nucléaires. Un projet qui paraît fou, mais quand celui qui l’évoque s’appelle Elon Musk -il pèse 13 milliards de dollars et a prouvé qu’il s’y connaissait en industrie aérospatiale-, on l’écoute. Quitte à le critiquer ensuite.

Le milliardaire américain, dont le rêve est de coloniser la planète rouge, avait déjà esquissé cette solution radicale mi-septembre pour transformer Mars en une planète semblable à la Terre : il faut la réchauffer pour y créer une atmosphère digne de ce nom. Pour ce faire, deux solutions : relâcher des gaz à effet de serre pendant un temps très long ou, plus explosif, se servir de bombes nucléaires. Avec l’actualité martienne de la semaine dernière, le patron de SpaceX a été invité à préciser son projet, ce qu’il a fait vendredi dernier, comme le rapporte Mashable.

On écoute… et on critique

L’idée : faire régulièrement exploser des bombes à fission nucléaire au-dessus des pôles glacés de la planète rouge grâce à une technologie qui reste à inventer, pour reproduire l’effet de deux « mini-soleils » dans le ciel martien. Ils réchaufferaient la planète, feraient fondre la glace de CO2 en libérant le gaz dans l’atmosphère, ce qui épaissirait celle-ci tandis que l’eau glacée deviendrait liquide ; le tout entraînerait une mécanique d’effet de serre, et le travail serait durablement amorcé. Voilà pour la partie « on l’écoute ».

Pour la partie critique, 20 Minutes s’est tourné vers deux connaisseurs de la planète Mars : Frédéric Schmidt, maître de conférences à l’Université Paris-Sud, et le directeur de recherche au CNRS François Forget. Qui sont unanimes : Elon Musk se plante. « Ce qu’il dit repose sur d’anciens travaux qui partaient du principe que de la glace carbonique se trouve aux pôles de Mars, avance François Forget. Or on a eu ces dernières années de très bonnes mesures, qui montrent qu’il n’y en a qu’un tout petit peu. Donc l’idée ne fonctionne pas. »

Eviter de voir son sang bouillir

S’il reste du CO2 sur Mars, il serait « plutôt stocké non pas sous forme de glace, mais de carbonates, des roches calcaires qui seraient présentes dans le sous-sol martien », évoque Frédéric Schmidt. Bien à l’abri, donc, des bombes de Musk. Quant à l’espoir que l’eau glacée, une fois relâchée dans l’air, provoque un effet de serre, il est douché : « Elle se refroidirait, se condenserait, et on retournerait à la case départ », tranche François Forget.

Pour Frédéric Schmidt, c’est simple, terraformer Mars « n’est pas du tout ce qu’on cherche à faire, pour une simple raison pratique : ce n’est pas possible, et on ne saura jamais le faire ». François Forget, lui, voit bien l’intérêt d’épaissir l’atmosphère martienne, ne serait-ce que pour éviter que la faible pression ne fasse bouillir le sang de tout humain s’aventurant sans protection à la surface. Mais il confirme que « ça n’a jamais été un sujet d’étude vraiment scientifique ». « Les agences spatiales prévoient des missions habitées vers Mars, rappelle Schmidt, mais ne cherchent pas à rendre la planète entièrement habitable. C’est un rêve éveillé, mais un rêve quand même. »

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