Lorsque cet étudiant s’est inscrit en septembre dernier à l’Université York au Canada, il a choisi un programme de formation à distance. Il a alors explicitement écrit à l’administration pour préciser qu’il ne voulait pas participer aux quelques groupes de travail que sa formation nécessite, pour ne pas prendre le risque de travailler avec des filles. Evoquant de «fermes croyances religieuses» qui «s’appliquent aux relations entre les hommes et les femmes», l’étudiant estime dans cette lettre qu’il ne lui est pas possible de se «réunir en public avec un groupe de femmes pour réaliser certaines tâches». L’étudiant n’a jamais révélé sa religion, même si son professeur de sociologie, Paul Grayson suppose dans le National Post qu’il est soit musulman soit juif orthodoxe.

L’affaire a fait un tollé dans la presse régionale entraînant la réaction des politiciens locaux, unanimes pour condamner le sexisme de la requête. A l’Université de York, cette histoire a aussi provoqué une confrontation entre Grayson, qui a catégoriquement refusé de se plier à la demande de l’étudiant, et l’administration du campus qui a pris le parti de l’étudiant en vertu du Code des droits de la personne de l’Ontario. Ce Code interdit les discriminations en matière religieuse notamment, et c’est ainsi que l’a interprété la direction de l’Université. Cette décision a été très critiquée, vis-à-vis de l’habituel engagement de cette faculté pour l’égalité homme-femme, et surtout par rapport aux 70% d’étudiantes qui y sont inscrites.

Les adaptations ne peuvent se faire, si elles contribuent à marginaliser d’autres étudiants 

Paul Grayson, professeur de sociologie à l’Université York

A l’origine, c’était Paul Grayson qui avait refusé la demande de l’étudiant, au moment où celui-ci devait se présenter aux cours. Persuadé que le doyen et l’administration de l’Université iraient dans son sens, il avait alors transmis l’information à sa direction. Le professeur a donc été surpris qu’on lui réponde de «s’accommoder» aux souhaits de l’étudiant, en lui proposant un cursus uniquement sur Internet comme c’est possible pour les étudiants géographiquement éloignés .Excédé, Grayson a répondu que «les adaptations ne peuvent se faire si elles contribuent à marginaliser d’autres étudiants». Soutenu par ses collègues départementaux, le professeur a réitéré son refus, craignant d’autres abus.

Si Grayson peut s’attendre à des sanctions pour s’être opposé à sa direction, l’étudiant a finalement décidé de respecter la décision finale et de s’y adapter.