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Inondations : les villes face au risque de crues "millénales"

Lundi, les précipitations ont atteint un niveau "millénal" dans certaines parties de la Caroline du Sud. L'OCDE a estimé à 750 milliards d'euros les dégâts que les inondations pourraient causer aux 136 plus grandes villes côtières d'ici à 2050 si elles ne se protègent pas mieux.

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L'OCDE a identifié 20 villes portuaires pour lesquelles le risque relatif d'inondation sera plus fort en 2050, en termes de dégâts sur le patrimoine, qu'en 2005.

Par Jean-Michel Gradt

Publié le 6 oct. 2015 à 12:56

Nice, Biot et Mandelieu sur la côte d'Azur de ce côté-ci de l'Atlantique; Columbia et Charleston en Caroline du Sud, de l'autre. Avec le réchauffement climatique, les inondations qui frappent les zones urbanisées apparaissent à la fois plus fréquentes et plus dévastatrices. Au point que Nikki Haley, la gouverneure de Caroline du Sud, a déclaré hier que les précipitations avaient atteint un "niveau millénaire" _ ou plutôt "millénal" (voir encadré) _dans certaines parties de l'Etat.

Près de 750 milliards d'euros, voilà ce que les inondations pourraient coûter en 2050 aux 136 plus grandes villes côtières de plus de 1 million d'habitants si elles ne se protègent pas mieux, indiquait l'an passé l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Or, "statistiquement, la probabilité qu'une des 136 grandes villes côtières recensées par notre rapport connaisse une crue millénale est de 12 % chaque année; et elle est de 49 % sur une période de cinq ans. Ainsi, à l'échelle globale, des événements centennaux et millénaux se produiront fréquemment dans les grandes villes portuaires".

Dans ce rapport intitulé "Les pertes dues aux inondations futures dans les grandes villes côtières" ( Future Flood Losses in Major Coastal Cities) publié une première fois en 2007 et actualisé à l'été 2013, l'organisation a repris des travaux publiés dans Nature Climate Chande en août 2013 où les auteurs chiffrent le coût (évalué en termes de pertes économiques moyennes annuelles") lié aux inondations (pertes sur le bâti habitation, commerce & industrie, infrastructures, etc).

Inondations : les villes ne luttent pas à armes égales

Face au risque d'indondation, les villes ne luttent pas à armes égales. Si Londres, Rotterdam ou Shanghai sont capables de résister au moins à une tempête "millénale" (c'est-à-dire à un épisode qui se produit en moyenne tous les 1000 ans, ou qui a un risque sur 1000 de survenir en une année donnée), d'autres villes comme Calcutta, la Nouvelle-Orléans ou New York, résisteraient mal à une crue "centennale", de probabilité 1 sur 100. Et attention, "millénal" ne rime pas avec impossible : la tempête de 1999, en France, a provoqué une surcote jugée millénale (2,25 m) sur les côtes de la Gironde. Et si elle avait frappé à une période de forte marée ou de crue du fleuve, les dégâts auraient pu être autrement plus dramatiques. "Jamais on ne construirait un pont ayant un risque sur mille de s'écrouler", souligne de son côté Stefan Rahmsdorf, spécialiste du niveau de la mer, qui travaille au Postdam Institute for Climate Impact research, cité par le site planete.gaia.

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De 52 à 60 milliards de dollars par an en 2050

En 2005, les dix villes les plus exposées aux inondations (en termes de population) étaient Bombay, Canton, Shanghai, Miami, Ho Chi Minh Ville, Calcutta, l’agglomération New-yorkaise, Osaka-Kobe, Alexandrie et la Nouvelle Orléans, notent les auteurs. Et sur le plan matériel, la facture des dégâts sur les biens était estimée à 6 milliards de dollars, "un chiffre qui pourrait atteindre 52 à 60 milliards de dollars par en d'ici à 2050 " ajoutent-ils.

Et encore, à la condition que les villes étudiées réalisent les investissements (création ou renforcement de digues, dragage des fleuves, bassins de rétention, zones humides, etc.) nécessaires au maintien du risque inondation à son niveau actuel. Ce qui suppose de leur par d'investir chaque année 50 milliards de dollars dans ces protections.

A défaut de tels investissement, l'OCDE se montre pessimiste. « D'ici à 2070, la population exposée aux inondations côtières pourrait être multipliée par plus de trois, passant de 40 millions à 150 millions de personnes". Ceci en raison de l'effet combiné de plusieurs facteurs : l'augmentation démographique, l'urbanisation, le changement climatique (intensification des tempêtes, "subsidence" (l'affaissement, Ndlr) des sols, et montée du niveau de la mer de 26 cm dans le meilleur des cas et de 82 cm dans le pire, selon le groupes d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).

L'impact financier de ces inondations pourrait alors exploser pour atteindre 35.000 milliards de dollars (24.000 milliards d'euros) contre 3.000 milliards en 2005, soit 9% du PIB mondial. Les pays du Sud figurant évidemment en première ligne.

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