Jérusalem : destruction de maisons palestiniennes et carte blanche à l'armée

 

Jérusalem : destruction de maisons palestiniennes et carte blanche à  l'armée

    «Il n'y a aucune limite» à l'action des forces de sécurité, a prévenu Benjamin Netanyahu. Des paroles devenues des actes avec la démolition par Israël ce mardi de deux maisons de Palestiniens pour punir les auteurs d'attentats. Le Premier ministre israëlien a promis de réprimer sans merci la flambée de violences qui se poursuivait à Jérusalem et en Cisjordanie occupée.

    Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé ne pas vouloir d'une «escalade militaire et sécuritaire» avec Israël alors que la montée des tensions fait craindre un embrasement. C'est son positionnement le plus clair depuis plusieurs jours.

    Le spectre d'une nouvelle intifada

    Les policiers, les soldats et les artificiers israéliens «sont arrivés vers minuit et ont évacué tout le monde» avant de «faire sauter vers 05h20» le logement, a déclaré Yasser Abou, un habitant de Jérusalem-Est, devant l'appartement éventré de Ghassan Abou Jamal. L'Etat hébreu a aussi détruit le domicile de Mohammed Jaabis dans le même quartier de Jabal Moukaber, en face de la Vieille ville.  Les deux hommes étaient accusés de deux attentats distincts remontant à 2014, dont la plus meurtrière des attaques des derniers mois en Israël. Ghassan Abou Jamal et son cousin avaient tué à l'arme à feu et au hachoir quatre fidèles juifs et un policier dans une synagogue de Jérusalem-Ouest le 18 novembre. Hassan Abou Jamal, son cousin et Mohamed Jaabis avaient été abattus.

    Leurs logements ont été détruits quelques heures après l'annonce de l'accélération des démolitions punitives par «Bibi». Le Premier ministre a aussi donné toute latitude d'action à la police et à l'armée face à la vague de violences qui parcourt la Cisjordanie et Jérusalem-Est et réveille le spectre d'une nouvelle intifada.

    Série de mesures

    Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, et la Cisjordanie sont en proie à une multiplication des attaques et des heurts entre Palestiniens et forces de sécurité et colons israéliens. Une centaine de jeunes masqués et arborant le keffieh palestinien, parmi lesquelles quelques filles dans une foule de plusieurs centaines de jeunes, ont attaqué les soldats israéliens à coups de pierres à Bethléem, en Cisjordanie, après les funérailles de l'un des leurs, Abdel Rahmane Abdallah, 13 ans, tué la veille par des tirs israéliens. Les Israéliens ont répliqué par un barrage de gaz lacrymogènes et de projectiles en caoutchouc.

    Des affrontements se sont également produits à Qalandia et près d'Hébron, en Cisjordanie, et dans le quartier de Chouafat, à Jérusalem-Est. Cinquante-quatre Palestiniens ont été hospitalisés ce mardi, a annoncé le ministère de la Santé palestinien. Depuis jeudi, quatre Israéliens ont été tués dans des attentats en Cisjordanie et dans la Vieille ville de Jérusalem. Du côté palestinien, deux jeunes accusés d'attaques au couteau ont été tués à Jérusalem et deux autres en Cisjordanie lors d'affrontements au cours desquels les soldats israéliens tirent de plus en plus systématiquement à balles réelles. De très nombreux adolescents et enfants prennent part aux affrontements. Mais le sentiment de frustration ou d'exaspération est répandu parmi tous les Palestiniens qui attendent leur Etat depuis presque 70 ans.

    A mesure que les tensions montaient, Benjamin Netanyahu a annoncé toute une série de mesures, dont le déploiement de centaines de soldats supplémentaires en Cisjordanie et de milliers de policiers à Jérusalem ou un assouplissement des règles d'ouverture du feu à Jérusalem. Benjamin Netanyahu a annoncé ce mardi la mise en place de caméras sur les routes de Cisjordanie pour protéger les colons, après s'être rendu sur les lieux où un couple de colons israéliens est mort criblé de balles jeudi lors d'une attaque imputée par Israël au mouvement islamiste Hamas.