Le professeur Patrick Vermersch, chef du service de neurologie de l'hôpital de Lille a suivi une vingtaine de patients dans le cadre de l'essai clinique sur le Sativex.
Le Monde : Que va changer le Sativex pour les patients atteints de sclérose en plaques ?
Patrick Vermersch : Il offre une alternative précieuse pour les patients qui souffrent de contractures involontaires des muscles (spasticité), et qui ne réagissent pas aux traitements habituels. Cette manifestation de la maladie est habituellement contrôlée avec du Baclofène, mais ce médicament ne soulage pas tous les patients. Ces symptômes sont très invalidants, perturbent souvent le sommeil, réduisent la mobilité, etc. Il y a eu beaucoup d'avancées dans le traitement de fond de la sclérose en plaques, mais de nombreux symptômes, comme la spasticité, ne sont pas toujours contrôlés pas les traitements actuels
Quelles sont les limites de ce médicament ?
Tous les patients n'y répondent pas positivement. Il faut attendre quelques semaines pour mesurer l'effet du traitement et décider de le poursuivre ou non. Des patients fragiles, qui ont par exemple des troubles de la mémoire ou des phases de dépression, peuvent avoir éventuellement quelques effets secondaires. Il s'agit des symptômes pas toujours bien visibles de la maladie et nous devons nous assurer qu'ils ne sont pas aggravés par le Sativex.
Faut-il craindre des abus ?
L'usage de ce médicament sera limité : quelques milliers de patients sur les 80 000 atteints de sclérose en plaques. En outre, il ne s'agit pas de donner du cannabis à nos patients, mais de leur délivrer un médicament au dosage extrêmement précis. La quantité de THC, la substance responsable de l'effet euphorisant du cannabis, est limitée et son impact modéré en raison de la présence d'autres molécules qui empêchent un phénomène de « pic ». Ce qui se passe dans les autres pays où le Sativex a été lancé est d'ailleurs très rassurant.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu