Le Danemark organise un téléthon pour les réfugiés syriens

Comment soutenir les réfugiés syriens ? En organisant un téléthon. Les chaînes publiques danoises l'ont fait et les Danois ont été généreux. Comme toujours.

Par Bertrand Villegas

Publié le 07 octobre 2015 à 16h35

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h54

Cest bientôt la saison des téléthons. En France on parle plutôt « du » Téléthon, mais à l’étranger, outre des rendez-vous réguliers pour soutenir enfants et malades du monde entier, certaines chaînes publiques jouent la carte de la réaction à chaud sur l’actualité. Tremblements de terre, inondations… les Allemands et les Scandinaves sont les plus prompts à organiser des émissions spéciales de sensibilisation. Il y a dans ce genre deux grandes options : information et récolte de fonds. Tout dépend où l'on place le curseur de l’émotion. Le 10 septembre dernier la chaîne publique allemande ZDF a diffusé un prime time exceptionnel intitulé « Migrants : l’Allemagne aide » : plus de deux heures de témoignages, reportages de journalistes, bienfaiteurs, célébrités sur la question des migrants et des réfugiés. Pas d’appel aux dons directs, juste une mention du numéro de téléphone des associations prêtes à les recevoir. Dix jours plus tard, au Danemark, les deux premières chaînes publiques du pays, DR1 et TV2, se sont associées pour présenter cette fois une véritable soirée de « charité » d’aide aux réfugiés syriens : trois heures et quart en prime time, impossible pour le téléspectateur du dimanche soir d’ignorer cette « catastrophe humanitaire ». 

On peut à première vue s’étonner de voir le service public danois inciter à donner pour les réfugiés alors que leur gouvernement s’est montré récemment plus opposé à les accueillir ou les soutenir que les Allemands. Mais les Danois sont plutôt généreux quand il s’agit de faire des dons à la télé. Si l’on rapporte à la population les sommes récoltées dans des émissions, ils mettent plus facilement la main à la poche que les téléspectateurs français ou anglais : 3 à 4 euros par habitant et par événement, soit deux à trois fois plus que le rendement par habitant du Téléthon de France 2 ou du Red nose day, le show caritatif le plus rentable de la BBC. Un taux de réponse élevé qu’on est tenté de rapprocher de l’autre spécificité télé du pays : le concours Eurovision de la chanson peut y atteindre (comme dans toute la Scandinavie) plus de 80 % de parts de marché. Voilà donc une population très réactive pour voter et participer, très engagée. De plus l’appel des deux chaînes publiques danoises était ciblé : il s’agissait de récolter de l’argent non pas pour aider des migrants à vivre au Danemark mais pour aider des réfugiés Syriens à survivre au Moyen-Orient.

Cet objectif a permis l’union sacrée : le Premier ministre s’est déplacé, deux de ses prédécesseurs ont filmé un message conjoint, et le prince héritier a témoigné; vêtu d’un tee-shirt de la Croix-Rouge. Le ticket d’entrée pour apporter son soutien était fixé à 20 euros. Mieux : en envoyant un SMS « Seat » de ce montant, deux téléspectateurs (pas des réfugiés) pouvaient voir le sort les récompenser d’une Seat Ibiza ou Seat Leon, les deux véhicules rutilants du sponsor étant garés devant l’aéroport où était filmée l’émission. Les entreprises qui donnaient au moins 2 000 euros avaient la possibilité de voir leur nom cité dans un bandeau déroulant à l’écran. Et si on préférait téléphoner pour donner, on pouvait avoir la chance de tomber sur une célébrité, selon la technique habituelle de ce genre d’émission. L’argent était redistribué à douze organisations connues (le Conseil danois pour les réfugiés, l'Unicef, Médecins sans frontières, la Croix-Rouge, etc.) qui tentent d’apporter de l’aide à des Syriens réfugiés en Jordanie, au Liban, en Turquie, Egypte et Irak et à ceux déplacés à l’intérieur de leur pays. L’émission alterna comme toujours en pareil cas reportages et connexions en direct, appels aux dons, talk-shows et chansons, et se termina comme il se doit par Imagine,  de John Lennon, repris en hymne par tous les invités. Résultat : 13 millions d’euros récoltés, soit plus de 2 euros par habitant, un excellent coefficient.

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