CULTURE - Une grande première. Des Etats-Unis à la Chine en passant par le Brésil ou l'Australie, la célébrissime Oktoberfest (Fête de la bière) de Munich s'est exportée un peu partout dans le monde. Mais jusqu'ici, il n'y avait jamais eu de variante française à cet événement qualifié de "plus grande fête populaire au monde". Cela pourrait changer, puisque la première Oktoberfest de Paris s'ouvre ce jeudi 8 octobre.
Organisée au Paris Event Center, qui a notamment accueilli le premier congrès des Républicains fin mai, cette fête se veut "une expérience authentique et conviviale", dans une "ambiance dansante et décontractée", offrant "l'atmosphère unique de la 'Wiesn' munichoise au cœur" de Paris. Pour autant, elle sera assez différente de sa grande sœur bavaroise...
Si vous avez déjà eu l'occasion de vous rendre à l'Oktoberfest de Munich ou à l'un de ses équivalents en Allemagne (Stuttgart, Düsseldorf, Hambourg, Herne ou encore Brême), vous savez sans doute à quoi vous en tenir: gigantesques chapiteaux abritant eux-mêmes de gigantesques tables en bois tout en longueur, foule bruyante, musique et costumes folkloriques ou encore attractions de fêtes foraines... la recette a fait ses preuves.
A côté, cette première mouture de Fête de la bière parisienne pourrait paraître toute petite. Il suffit de regarder les chiffres: l'Oktoberfest 2015 s'est achevée le 4 octobre avec un bilan impressionnant (et encore, il est à la baisse): 5,9 millions de visiteurs ont afflué sur la Theresienwiese, place de 42 hectares située près du centre-ville de Munich, pour manger, danser, chanter et surtout boire de la bière: quelque 7,3 millions de litres ont été éclusés en seulement deux semaines.
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La première Fête de la bière parisienne a des ambitions plus modestes. Sur la dizaine de jours que va durer l'événement, les organisateurs espèrent recevoir de 10.000 à 15.000 personnes et écouler 15.000 litres de bière. L'écrin dédié à la fête sera aussi restreint puisque tout se déroulera sous un chapiteau de 1200m2, alors que l'Oktoberfest munichoise regroupe une quinzaine de tentes pouvant chacune accueillir plusieurs milliers de personnes, ainsi qu'une multitude d'autres stands et des manèges.
Contacté par le HuffPost, Ralf Schneider assume ce décalage. A l'origine de l'Oktoberfest parisienne, cet entrepreneur trouvait curieux que la fête ne se soit jamais exportée en France. Pour monter son projet, il explique qu'il a fallu tenir compte de certains "risques", d'autant plus pour une première. Il évoque les difficultés à financer l'événement - qui n'a pas d'équivalent dans la capitale - ou encore les réglementations complexes liées au fait que "le chapiteau et tout ce qu'il y a dedans vient d'Allemagne".
"La Fête de la bière à Munich est énorme, reconnaît-il, mais qu'est-ce qui la rend si typique? Pas les manèges, on en trouve partout", estime-t-il, citant la Foire du trône qui se tient chaque année dans le 12e arrondissement de Paris. "Ce qui rend l'Oktoberfest fameuse, selon Ralf Schneider, c'est l'ambiance sous les chapiteaux, une ambiance conviviale, festive et musicale" explique-t-il, insistant sur "l'authenticité" de la manifestation qu'il a voulu mettre sur pied.
Née en 1810, l'Oktoberfest de Munich a été créée pour célébrer le mariage de Louis Charles Auguste de Wittelsbach, futur roi Louis Ier de Bavière, avec la princesse Thérèse de Saxe-Hildburghausen. Même si la bière et la fête ont évidemment un aspect central, l'Oktoberfest est aussi l'occasion de célébrer la culture bavaroise et se veut une fête populaire, avec une entrée libre et des animations ouvertes aux familles et aux enfants.
Au vu du programme de l'Oktoberfest de Paris, pas sûr que l'on soit tout à fait dans cette logique, d'abord côté prix. Alors que le litre de bière est vendu autour de 10 euros à Munich, ce sera près de 13 euros porte de la Villette. Un tarif qui est certes dans les standards parisiens, mais auquel il faudra tout de même ajouter un droit d'entrée de 34,90 à 44,90 euros (dont 15 euros de consommation). D'ailleurs, la réservation est obligatoire, et les manifestations du soir "réservées aux personnes majeures", précise le site.
Pourtant, Ralf Schneider se défend d'organiser une Oktoberfest élitiste. Selon lui, la gratuité de l'entrée à Munich est "théorique" et les prix peuvent s'envoler si on cherche une bonne place sous un chapiteau. Le tarif fixé pour la fête parisienne est "un très bon prix" qui compense les frais engagés, estime-t-il. "On apporte un très beau événement avec une très belle tente, plus belle que la plus belle de Munich", assure Ralf Schneider, citant la bière importée de Bavière, le traiteur, les danseuses de cancan et musiciens qui seront présents.
"On veut des gens qui honorent la fête, qui veulent vraiment y aller et pas juste pour se soûler", ajoute Ralf Schneider, qui insiste sur le "confort" des visiteurs et vante un événement "joyeux, festif" mais "encadré". Soulignant que les familles et les enfants sont les bienvenus, notamment pour le brunch prévu le dimanche, il évoque aussi une "mission pédagogique" et même une question d'image et de "politique", ne s'interdisant pas de "faire quelque chose avec la mairie de Paris dans le futur".
Organisée avec la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie, l'Oktoberfest de Paris apparaît aussi comme un événement à visée marketing, destiné à "créer une plateforme de communication pour les entreprises et institutions de la communauté franco-allemande" , résume Infosbar. Un aspect que son initiateur ne nie pas, soulignant que l'Oktoberfest munichoise n'est pas en reste mais que les visiteurs seront quand même "à 75 ou 80%" des particuliers, pour beaucoup des Français.